Est ce que les enfants peuvent prendre part à la cène s’ils ne sont pas baptisés ? [Nalfety]

La pratique des Eglise réformées et luthériennes jusque dans les années 1980 était de réserver la Cène aux enfants baptisés qui avaient été enseignés et avaient confessé leur foi le jour de leur confirmation. Les pratiques sont aujourd’hui plus libres et varient selon les églises. Il convient de demander à votre pasteur de vous expliquer la position de votre église sur ce sujet.

La première Cène a été célébrée par Jésus, avec ses disciples, ceux qui, malgré leurs défauts et leurs chutes désiraient le suivre. Paul, en 1 Corinthiens 11/27-34 recommande de prendre la Cène dignement, en discernant le corps du Christ. Il ajoute que celui qui boit et mange sans discerner ce qui est donné, est jugé par ce qu’il fait. Ainsi, la Cène n’est pas un petit goûter communautaire amusant. C’est le signe de ce que Christ a accompli pour nous. Recevoir la Cène, c’est accueillir le pardon et la grâce de Dieu, si bien que manger et boire sans comprendre et désirer ce qui est donné équivaut à un rejet du Christ lui-même.

C’est ainsi que je trouve relativement logique d’attendre que l’enfant-le jeune ou même l’adulte soit enseigné et ait eu l’occasion de confesser sa foi à l’occasion de son baptême pour lui proposer de prendre part au Repas du Seigneur, qui en est la suite logique.

Est-ce dans l’esprit biblique et de l’enseignement du Christ que de dénoncer régulièrement- au détour d’une prédication- les impôts (« racket légal »)- la sécu (« produit l’assistanat »)- l’Etat….? [Pep’s]

Je suppose que votre question évoque des prédications que vous avez entendues. Je ne prétends pas juger le prédicateur qui a tenu les propos que vous rapportez ici, mais il me semble en effet problématique d’exprimer des convictions socio-politiques, surtout de façon régulière, dans une prédication. Ceci dit, entendons nous bien : la prédication, en tant qu’annonce du royaume de Dieu et appel à la repentance et à la conversion, ne peut pas ne pas avoir de répercussions sociales, voire politiques, sur les fidèles. Mais c’est à chacun de mesurer, à l’aune de ce qu’il lit dans la Bible et de la cohérence avec le message qu’il a reçu, ce qu’il convient de faire dans sa vie pour rendre témoignage à la Seigneurie du Christ.

Pourquoi la consommation de pornographie est-elle considérée comme un péché ? Est-ce que le porno est une forme de prostitution (puisque les femmes sont payées pour poser nue/faire des actes sexuels) ? [Terry]

La Bible ne parle pas de la pornographie. Elle dit  que la sexualité se vit correctement dans le cadre d’un engagement, le mariage. En dehors de ce cadre, la sexualité est un adultère si on est déjà marié ou de l’inconduite sexuelle si on ne l’est pas encore. Inconduite et adultère viennent briser l’unité que Dieu veut pour l’homme et la femme mariés (1 Corinthiens 6 et 7, Marc 10,1-12).

Regarder de la pornographie n’est pas accomplir un acte sexuel avec quelqu’un, certes. Cependant, Jésus considère que l’adultère débute dans le regard (Matthieu 5,28). Il n’est pas besoin non plus de grande dissertation pour expliquer que le visionnage de tels films ne favorise ni la formation ni la continuité de couples stables.

Le second aspect de se problème de situe au niveau de notre responsabilité par rapport aux personnes qui tournent de tels films. Jésus nous demande d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Si nous pensons ne pas devoir livrer notre corps pour de l’argent, parce que là n’est pas la bonne volonté de Dieu pour l’humain, nous ne pouvons pas favoriser cette pratique.

J’ai lu des théologiens libéraux américains. Ils rejettent Noël comme un mythe parce que Marc (ancien évangile) ne le mentionne pas. L’incarnation est-elle fausse? Jésus de Fils de Dieu par adoption ? [Sophie]

Si nous voulons appuyer notre foi sur la pensée humaine, nous pouvons croire ce qu’avancent les théologies libérales au grès des modes et des temps. Si nous voulons appuyer notre foi sur la Bible, telle qu’elle est reçue par l’Eglise depuis les premiers siècles de son histoire, nous devons croire en l’incarnation. Ayant confiance en l’Esprit, qui a conduit la rédaction des Écritures et sa réception, j’ai fait le choix d’appuyer les contenus de ma foi sur la Parole telle qu’elle nous est donnée à travers les différents livres de la Bible.

Lorsque je lis la Bible, je remarque que les Évangiles de Luc et de Matthieu parlent de la naissance du Christ, Fils de Dieu, que l’Évangile de Marc, s’il ne raconte pas cette naissance, ne remet pas en question cette donnée (Marc 14/61-62) et que l’Évangile de Jean est on ne peu plus clair sur ce qui advint en Christ (Jean 1, Jean 16/28 etc). Paul, dans ses lettres, est fidèle à cette donnée, reprenant, dans l’un des plus beau passage de l’Ecriture, ce qui était probablement un hymne de la première Eglise (voir Philippiens 2/5-12).

Il est remarquable que la doctrine de  l’incarnation donne toute sa cohérence et sa spécificité à la foi chrétienne. Alors que les autres religions invitent l’homme à s’élever vers Dieu par toutes sortes de moyens, nous croyons que notre Dieu est venu vers nous pour nous libérer du péché et de la mort. C’est parce que  Jésus a été homme qu’il a pu prendre sur lui le péché des humains. C’est parce qu’il est Dieu qu’il nous en a libéré.

Dieu nous a créés à son image. J’ai la bête et l’agneau en moi (parfois je ne choisis pas la vie). Est-ce que Dieu aussi ? [Ano]

Dieu a créé l’humain a son image (Genèse 1/26), pour vivre en harmonie dans la relation à lui et au monde. L’histoire se poursuit et l’homme, deux chapitre suivant commet le premier péché. A partir de ce moment, l’image de Dieu en lui sera gâtée à jamais. L’humain tâchera de se croire Dieu à la place de Dieu. Il sera alors pécheur avant d’être mort (Genèse 3, Romains 5/12).

Sans Christ, il n’y a donc rien de bon en nous. Nous sommes seulement et uniquement pécheurs (Romains 7/14-20). Ainsi, lorsque nous pensons penser comme un agneau, nous le faisons souvent pour de mauvaises raisons. Parfois aussi, nous pensons qu’une chose est bonne alors qu’elle ne l’est pas vraiment. D’autres fois encore, nous voudrions faire le bien, mais nous faisons le mal.

Notre seule chance d’être libérés du péché qui conduit à la mort n’est donc pas ce que nous identifions comme nos bonnes pensées, mais Christ, le vrai agneau qui est venu ôter le péché du monde. (Romains 5/18, Jean 1/29). En lui, nous avons le pardon de nos péchés, la restauration de notre relation à Dieu et aux autres,  l’Esprit-Saint qui seul, peut nous conduire à des actes justes (Romains 8/13-15).

Choisir la vie,  ce n’est donc pas choisir de suivre ce que nous identifions comme nos « bons penchants » mais choisir Christ, dans la confiance et dans l’obéissance, jour après jour !

Je sais que notre objectif principal dans le ciel sera d’adorer Dieu- mais serons-nous en mesure d’interagir avec d’autres chrétiens- comme la famille et les chrétiens célèbres ? [Vav]

La Bible ne permet pas de répondre à votre question, même si c’est une question que beaucoup de personnes se posent. La Bible parle d’ailleurs très peu de « ce qui se passera pour nous dans le ciel » et toujours de façon évasive et imagée, et en général pour attirer notre attention sur le fait que c’est ici et maintenant qu’il s’agit de se tourner vers le Seigneur, et que la vie commencée avec Lui ici se continuera là-bas. Après… Difficile d’en dire plus, et il ne s’agit pas d’une démonstration mais d’une foi.

Pour ma part, dans la continuité, je pense que le type de relation qui existe ici entre les chrétiens par la prière EN JÉSUS-CHRIST (c’est à dire à travers son action à lui) n’est peut-être pas rompu. C’est ce que tente d’exprimer l’expression de « communion des saints » employée dans le Credo. Mais en même temps, jusqu’à la fin des temps et au retour du Christ, la mort reste une vraie coupure entre les vivants et les morts qui nous rappelle que nous ne sommes que des humains et que Dieu seul est au-dessus de cette condition limitée.

L’étude de Jean Decety pour Templeton Foundation (2015) affirme que les enfants élevés dans les familles non-croyantes sont plus altruistes que ceux des familles religieuses. Qu’en penser ? [Simon]

M. Decety est un psychologue qui fait de nombreuses recherches en s’appuyant notamment sur les neurosciences et ses études (que vous m’avez faites découvrir !) portent notamment sur le développement du sens moral chez les enfants, et les notions d’empathie, de générosité, etc. J’avoue ne pas faire partie des spécialistes en psychologie ou en neurosciences, mais j’ai cru comprendre que même les auteurs de l’étude avaient été surpris par ce résultat et cherchaient à l’expliquer. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ces résultats concernent toutes les religions. Mais voici quelques pistes théologiques qui se résument en une phrase : la religion et la foi sont deux réalités différentes, et souvent contraires, en tout cas c’est ce que le Christ dénonce très souvent dans les évangiles (par exemple en Matthieu 23,13 et s). La religion est l’ensemble des « pratiques humaines » et la foi le lien qui nous unit intimement à Lui. Dans la religion c’est l’humain qui fait, dans la foi c’est Dieu qui fait. Pour moi, cette étude confirme le danger que pointe du doigt si souvent le Christ : à vouloir enfermer Dieu dans une religion on en fait une idole qui nous enferme en nous-mêmes et nous coupe des autres. Et les idoles ne nous sauvent de rien, au contraire.

Est-il vrai qu’une fois qu’une personne est sauvée, elle est sauvée pour toujours ? [Laurent]

Si nous sommes sérieux avec le fait que le salut est opéré par Dieu via Christ et par pure grâce, par le moyen de la foi, comme le dit Paul notamment en Ephésiens 2,8, alors je ne vois pas comment qui que ce soit pourrait détruire un salut acquis par celui dont le nom est au-dessus de tous les autres noms (Philippiens 2,9-10), c’est-à-dire qui est l’autorité ultime.

Ce qui signifie que quelqu’un qui croit ne peut pas perdre le salut.
C’est clair et net.

Les deux réserves à cette idée sont :
– le cas de quelqu’un qui blasphémerait contre le Saint-Esprit (Luc 12,10),
– la personne franchement rétrograde qui finit par refuser explicitement le salut que Dieu lui avait donné (Hébreux 6,1-8).

« Cette parole est certaine : si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui ; si nous le renions, lui aussi nous reniera ; si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même. » (2Timothée 2,11-13)

Un enfant d’une dizaine d’années peut-il demander le baptême ? La liturgie du baptême réformé se base sur la foi des parents et non celle de l’enfant (même si l’enfant est conscient de sa démarche). [Mimi]

Il y a deux liturgies dans l’Eglise protestante unie de France, une pour le baptême de bébés et une pour le baptême d’adultes. Si l’on part du principe qu’un enfant de dix ans est conscient de sa démarche, cela fait de lui, du point de vue cognitif un adulte (conscience de soi), et donc nous sommes supposés utiliser la liturgie de baptême d’adulte.

[Chaque Eglise ayant ses règles, nous ne présentons ici que la règle de l’EPUdF puisque 1001questions est animé par des théologiens, pasteurs et non-pasteurs, qui sont membres de l’EPUdF. Pour d’autres dénominations, merci de vous renseigner directement auprès des bureaux nationaux de ces Eglises.]

Du fait de la dureté de la vie- est-ce qu’un chrétien peut pratiquer un art martial ou activité liée à l’auto-défense ? [Stefan]

La pratique d’un art martial ne rend pas la vie moins dure (sinon, il faudrait aller tous vivre en Chine ou au Japon, car vu les arts martiaux qu’ils pratique, la vie devrait y être très facile!) Si l’on se fait agresser, il ne me semble pas contraire à l’Évangile de tenter de se défendre, que l’on fasse des arts martiaux ou pas. La non-violence évangélique ne signifie pas que le chrétien soit une limace. Mais il faut toujours chercher à régler ses problèmes avant tout par des moyens n’impliquant pas la mise en cause de l’intégrité physique des personnes, ne serait-ce que parce qu’en agissant ainsi, nous donnerons déjà un témoignage de l’espérance qui nous habite en tant que chrétien.