Pourquoi des pasteurs portent la robe pastorale ? Quelle est son utilité alors qu’il y a chez les protestants le sacerdoce universel ? [Alex]

Ceci est propre à la tradition luthéro-réformée – et tous les pasteurs ne la portent pas… À la différence d’un vêtement sacerdotal, elle a un double rôle pendant le culte (et aucun rôle à un autre moment) : elle distingue le pasteur, et elle le cache !

Elle distingue le pasteur, non pas en tant que le croyant le plus près de Dieu, le premier de l’assemblée, encore moins le plus pur ou le plus pieux, mais en tant qu’il est « apte et digne » pour annoncer la parole de Dieu. Elle manifeste donc à la fois sa formation universitaire (c’est sa première fonction, c’est la même robe qu’un docteur d’université ou un magistrat) et sa reconnaissance par l’Église (au-delà de l’Église locale). Elle montre que son ministère est autre que celui d’un prédicateur dit laïc. En même temps elle cache le pasteur, car ce n’est pas lui qui est important, mais la parole de Dieu que les fidèles peuvent entendre par l’intermédiaire de sa prédication. S’il y a un acteur important dans le culte, c’est le Saint-Esprit, pas le pasteur.

Le sacerdoce universel, c’est autre chose. C’est la conviction que tous les baptisés peuvent s’adresser à Dieu et le prier les uns pour les autres. Le pasteur n’est pas un intermédiaire obligé, il n’est pas plus prêtre (pas moins non plus) que les autres chrétiens. Dans le sens traditionnel, un seul est prêtre, Jésus-Christ, et c’est pour toujours ! Mais l’assemblée chrétienne a besoin de pasteurs, formés et reconnus, qui enseignent et proclament la parole de Dieu. Ce service (= ministère) est fondateur et central pour l’Église, il en assure l’unité et en soutient la mission. D’autres ministères s’exercent aussi dans l’Église ou en son nom, ce n’est pas le seul.

Quelle Eglise luthérienne s’est associée à l’ERF pour donner EPUF ? [Dom]

L’Eglise Evangélique Luthérienne de France s’est alliée à l’Eglise Réformée de France en 2013 pour former l’Eglise Protestante Unie de France.

L’EELF était formée de deux entités, une centrée sur le pays de Montbéliard, et l’autre sur Paris (bien qu’allant jusqu’à Nice ou Lyon). Les synodes luthérien et réformé de Montbéliard et de région Est ont une pleine unité. L’unité des synodes réformé et luthérien à Paris n’est pas encore totalement aboutie.

Comment comprendre la Sainte Cène ? Quelle fréquence sans tomber dans l’idolâtrie ? [Stéphane]

C’est un des rares gestes que Jésus nous a explicitement dit de reproduire. « Faites ceci en mémoire de moi » Luc 22, 19. Et si c’est important pour Jésus c’est que ça l’est pour nous : en ce que ça rappelle la mission de Jésus jusqu’à la croix, en ce que ça proclame pour le temps où on la célèbre (la mission de l’Eglise de demeurer dans Son amour et d’y appeler toujours plus de membres), et en ce que ça dit de l’espérance de l’Eglise invitée au banquet final de Dieu.

Dans les premières assemblées chrétiennes, on prenait son repas ensemble et au cours de celui-ci il y avait le partage solennel du pain et du vin avec le rappel de son institution par Jésus. Mais dès le début, ce repas a été un point de vérification de la santé de la communauté : un problème dans la forme pouvait révéler un problème spirituel de fond! (voir par exemple 1 corinthiens 11, 17-23) Aujourd’hui les enjeux sont les mêmes. Je dirai que les modalités de la cène peuvent varier selon le message qu’on veut faire passer, selon ce qu’on vit ou est appelé à vivre en communauté.

Attention, l’idolâtrie peut se cacher dans une célébration hyper fréquente de la cène, comme dans une trop grande rareté de celle-ci. Et une foi authentique peut être manifestée dans des pratiques parfois surprenantes, mais réfléchies spirituellement. Bref, une Eglise saine aime la cène 😉

Quel sens a la nativité pour les protestants puisque Marie n’a pas un caractère sacré ? Est-ce uniquement les conditions de son avènement dans une étable qui fait le message biblique ? [Cathia]

J’avoue ne pas être sûr de comprendre vraiment la question, mais essayons de cheminer ensemble. 🙂

La nativité est l’événement central des Ecritures puisque c’est l’advenue à la vie terrestre de Jésus. C’est énorme ! Noël est une fête très célébrée par les protestants, avec chants et joie.
C’est la simplicité de Marie qui en fait justement le caractère exceptionnel : elle est l’humanité qui est rendue apte à accueillir le Messie, un modèle de foi pour nous tous en somme ! Ah, si seulement nous étions tous capables aujourd’hui d’accueillir le Christ vivant à l’intérieur de notre être !

Sinon, il n’y a de sacré que Dieu en fait. Marie n’est pas sacrée pour le dogme catholique non plus.
En revanche Marie est sainte, pour nous tous, car elle a été mise à part pour Dieu, pour un rôle central dans l’incarnation de Dieu : elle est le réceptacle concret du Verbe fait chair. Et c’est une très bonne nouvelle pour tous les chrétiens, protestants, catholiques, orthodoxes, etc.

On dit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal qu’il est la métaphore du libre-arbitre. N’est-il pas plutôt la métaphore d’un « Tu ne chercheras pas à savoir ! » et une diabolisation du doute ? [Anna]

Les textes de la Bible nous sont offerts pour chercher toujours la volonté de Dieu. Réduire le sens d’un passage à une interprétation unique serait vain, mais vous le savez puisque votre question évoque déjà plusieurs options interprétatives.

Je vous propose de voir simplement dans cet arbre l’image de quelque chose dont on veut se saisir (tenir son fruit), comme quelque chose qui va nous nourrir. Nous avons un profond désir de connaître ce qui est bien et ce qui est mal.
Mais l’interdit que Dieu avait posé sur la consommation de ce fruit pourrait exprimer tout simplement notre incapacité ultime à savoir ce qui est bien et ce qui est mal, puisque, comme le suggère Paul, nous faisons le mal que nous ne voulons pas faire et ne faisons pas le bien que nous voudrions faire.
Cet arbre, c’est une limite à notre toute-puissance, car Dieu seul est tout-puissant.
En Eden, tout était permis, un seul interdit.
Depuis cette transgression, des tas d’interdits et une quête passionnelle et obsédante de compréhension et de maîtrise. Et ce fruit ne nous laissera aucune satiété. Seule la présence de Dieu, le fait de rester dans l’alliance avec Dieu, comme Jésus, permet d’être satisfaits.

Peut-on se dire protestant si l’on considère le Christ comme un homme d’une sagesse exceptionnelle, véritablement en lien direct avec Dieu, sans pour autant le considérer comme « divin » ? [Jacques]

A-t-on besoin d’une étiquette pour se (faire) reconnaître ? La réponse est non. Les pensées sont libres…

Mais si on y tient pourtant, alors il faut considérer le sens des mots. Furent « protestants » les princes et villes de l’Empire qui, en 1529, protestèrent de leur foi chrétienne devant le parlement impérial. Sont donc protestants ceux qui, comme eux, arguent de leur foi chrétienne, telle que la Confession d’Augsbourg la définira fort classiquement l’année suivante, et depuis toutes les autres confessions de foi de la Réforme. C’est à savoir que Dieu est un en trois personnes, que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, « mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification ».

Pour le dire de manière différente, se reconnaîtront comme protestants ceux qui confessent l’autorité souveraine des Saintes Écritures pour la foi et pour la vie (lesquelles confessent justement que Jésus est « Fils de Dieu »), et que l’être humain est « sauvé par grâce, par la foi en Jésus-Christ ». On peut bien sûr le dire avec d’autres mots que ceux-ci (encore que moi, je ne sache pas le faire)… Mais cette confession de foi, ecclésiale et personnelle, est intimement liée à la définition du protestantisme.

Il est vrai que certaines personnes se disent protestantes sans cette définition religieuse, par attachement culturel ou sociologique, ou en pensant que le protestantisme est un ensemble de « valeurs », un christianisme libéral, sans dogmes, sans hiérarchies, sans Écritures. Bien. Je n’en suis pas…

Qu’est-ce que l’EPUdF ? [Gilbert]

L’EPUdF, c’est l’Eglise Protestante Unie de France, qui est une communion luthéro-réformée, c’est-à-dire le fruit de l’union des anciennes Eglise Evangélique Luthérienne de France (1872-2013) et Eglise Réformée de France (1938-2013). Le processus d’unification a formellement commencé en 2007 et s’est achevé en 2013, mais depuis plus de quarante ans, ces deux Eglises interagissaient dans de nombreux dossiers, notamment via la CPLR : Communion Protestante Luthéro-Réformée.
Par cette création d’une nouvelle union d’Eglise se rassemblent les deux principales dénominations historiques de la Réforme, luthérienne (issue de Luther) et réformée (issue de Calvin).