Dieu qui est Dieu- n’est pas humain- alors comment pourrait-il avoir un Fils ? Et nous qui appelons Dieu notre Père- comment sommes-nous devenus enfants (fils et filles) de Dieu ? [Peps]

Voilà une question proprement théo-logique. La première règle quand on parle de Dieu, c’est de se rappeler que paradoxalement, Dieu est connu comme inconnaissable, compris comme incompréhensible. Parce que nos raisonnements et nos mots humains ne sauraient « l’enclôre », comme disait Jean Calvin, le définir, le délimiter donc symboliquement. Nous n’avons pour parler de lui que l’analogie, la comparaison avec ce que nous pouvons connaître en tant qu’humains, et ce que Dieu surtout veut bien nous révéler de lui. La Bible nous dit que Jésus est homme, mais qu’il est aussi Dieu, le verbe éternel (voir le prologue de l’év. selon Jean, entre autres et nombreux textes). Donc pas une simple créature. D’où – l’image -car c’en est une de la relation Père-Fils, puisqu’un père ne « crée » pas son fils, il l’engendre. Nous recevons à notre tour, par notre union à Jésus-Christ, ce statut filial, mais nous ne sommes pas divins bien sûr ! Dieu nous « adopte » comme ses enfants, pour reprendre là aussi une image biblique.

Faut-il être baptisé pour prendre la Sainte-Cène ? Si oui, de quel baptême (immersion/aspersion) précisément ? [Frank]

La logique veut que le baptême soit l’obéissance au commandement de Christ (que les Eglises protestantes classiques appellent sacrement) pour signifier qu’on rentre dans l’Eglise pour faire partie du corps du Christ. Et la Sainte-Cène sera le sacrement de l’appartenance.
Il est donc logique que le baptême précède la participation à la Cène de mon point de vue.
Pour autant la discipline de l’Eglise protestante unie de France depuis un synode récent ne pose pas l’obligation d’être baptisé pour prendre la Cène, ce qui me semble assez illogique pour être sincère.

Quel baptême ? Immersion ou aspersion ?
Franchement pour moi la question n’est pas dans la quantité d’eau. Ni dans des querelles sans fin sur l’âge du baptisé. Même ceux qui s’accordent à la faveur d’un baptême d’une personne consciente n’arrivent pas à dire quand un enfant/adolescent est conscient de ce qu’il fait en demandant le baptême. Toutes ces histoires sont donc des affaires de dénominations, des préoccupations humaines et charnelles.
Pour autant :
– je préfère le baptême par immersion au baptême par aspersion parce que le grec baptizein veut dire « être plongé entièrement » ; mais j’ai été baptisé par aspersion,
– je préfère avec les chrétiens du premier siècle un baptême en rivière qu’un baptême dans une piscine ou un baptistère, car le premier évoque une eau vive, et le second une eau morte ; mais j’ai été baptisé dans un baptistère,
– je préfère un baptême d’adulte à un baptême d’enfant parce que je ne vois pas comment on peut se repentir en étant bébé, or la repentance me semble être un élément fort du baptême, avec la confession de la foi et l’accueil premier et supérieur de la grâce ; mais j’ai été baptisé bébé.
– je préfère un baptême d’adule aussi parce que nous ne sommes plus en régime de chrétienté où l’appartenance à l’Eglise serait linéaire. Comme aux temps bibliques, elle redevient un choix personnel et c’est tant mieux !
– je préfère un baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit parce que Jésus le demande en Matthieu 28, mais je ne suis pas choqué qu’on soit baptisé au nom du Seigneur Jésus comme en Actes 2,8 et d’autres références…
Et on pourrait continuer sur toutes les facettes que seul un esprit de division essaye de nous faire prendre comme essentielles alors qu’elles ne le sont pas.

Le baptême est simplement le signe visible de la Grâce invisible, et il est là pour dire que nous sommes sauvés, mis à part pour Christ, marqués du sceau de l’Agneau.

Comment comprendre l’enlèvement de l’Eglise évoqué dans 1 Thessaloniciens 4-17 ? [Henri]

L’idée d’un « enlèvement » de l’Eglise, des croyants, est effectivement surtout évoquée en 1Thessaloniciens 4,13-18 (voir aussi Matthieu 24,40-41, même si ce n’est pas le même mot grec qui est utilisé pour décrire cette sorte d’ « enlèvement »).

Dans ce passage, Paul souhaite encourager (1Thessaloniciens 4, 13 et 18) les croyants quant à la destinée de ceux qui sont morts dans la foi, leur attestant qu’ils ne seront pas lésés par rapport à ceux encore vivants lors de l’avènement du Christ (1Thessaloniciens 4,15).

Il s’agit très clairement d’un événement prévu lors du retour du Christ (comparer avec Matthieu 24,30-31), au moment de la résurrection des morts pour le jugement. Paul affirme que les croyants vivants lors de la résurrection seront « enlevés », « pris » avec les morts tout juste ressuscités pour rencontrer le Seigneur (1Thessaloniciens 4,17).

On peut comparer ce passage avec 1Corinthiens 15,51-52. Ce que Paul souligne, ce n’est pas tant la description d’une réalité physique, que l’idée fondamentale d’une union et d’une transformation du croyant pour être avec Christ loin des difficultés du temps présent. Ce pour quoi le croyant lutte (1Thessaloniciens 4,1-12) dans ce temps et ce corps encore marqués par le péché et la mort sera alors pleinement accompli (voir Philippiens 3,12 ; 1Corinthiens 9, 24-25).

Pourquoi certains subissent des agressions sexuelles et pas d’autres ? Est-ce « Dieu » qui choisit l’un par rapport à l’autre ? Pourquoi ? L’un est plus méritant que l’autre ? Plus aimé ? [Anicet]

La façon dont les questions que vous posez sont formulées me semble très dangereuse. Elles me font penser à la question que les disciples adressèrent à Jésus au sujet d’un homme aveugle de naissance : « Maître, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Ce à quoi Jésus répond en quelque sorte : « Ni l’un ni l’autre » et il réoriente le problème non pas en direction du passé de la personne mais de l’avenir. Il en va de même ici. Une victime d’agression sexuelle a besoin de soutien, de compassion et d’ouverture à l’action de l’Esprit de Dieu pour l’aider à se reconstruire sur tous les plans (même et surtout spirituels). Je ne crois pas que lui donner des explications, des « bonnes raisons » de ce qui lui est arrivé soit de nature à lui apporter cette aide. Je crois que Dieu intervient comme reconstructeur, refondateur, et pas auteur de tels drames. Je ne sais pas pour quelle raison telle ou telle épreuve survient dans la vie de quelqu’un mais je crois que Dieu peut intervenir pour faire que cette épreuve soit constructrice et pas destructrice.

«Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants» (Matthieu 27-25). Comment interpréter cette sentence ? Cette condamnation criée par la foule juive est-elle malédiction définitive ? [Ernest]

Cette formule (littéralement dans le texte grec : « son sang, sur nous et sur nos enfants ») se retrouve par ailleurs dans l’Ancien Testament, elle signifie : « nous assumons la responsabilité de cette condamnation à mort », pour nous et nos descendants. Il n’est pas exclu, comme c’est parfois le cas dans les récits de la passion de Jésus, que l’Evangéliste prête un double-sens à cette déclaration (comparer avec Jean 11,50-51; 18,37; 19,21-22) : elle pourrait être aussi une prophétie involontaire, attestant que le sang versé par Jésus, comme celui de l’animal sacrifié lors de la fête du Yom Kippour, est offert en rémission des péchés du peuple.

Quoi qu’il en soit, cette sentence marque le refus par le peuple et ses chefs religieux de reconnaître que Jésus est le Messie, et leur volonté de voir mis à mort celui qu’ils considèrent comme un blasphémateur. Elle ne peut servir à justifier l’antisémitisme et la persécution des juifs, comme ce fut, hélas, si souvent le cas au cours des siècles.

La Bible nous dit que Jésus-Christ n’a jamais commis de péché ; le fait de jeter les marchandises exposées dans le temple n’est il pas un péché ? [Tchilang]

La réponse à votre question tient dans la définition même du mot péché : dans la Bible celui-ci désigne d’abord et surtout la propension de l’humain à vivre séparé de Dieu, à refuser de se tourner vers Lui. C’est ce que l’on appelle LE péché. En ce sens, Jésus-Christ est effectivement sans péché puisque étant lui-même Dieu incarné, c’est à dire à la fois pleinement Dieu et pleinement humain.

Mais il se trouve que LE péché produit en nous des comportements qui sont contraires aux projets de Dieu pour nous, c’est ce que l’Église (en particulier catholique) a appelé LES péchés. Sans doute que pour les prêtres et les juifs de Jérusalem au temps de Jésus le fait de renverser les tables dans l’enceinte du temple était sacrilège, mais Jésus montre justement dans ce récit (Jean 2) que le vrai péché est bien plus de transformer la maison de Dieu en lieu de commerce !

La piété fait-elle vraiment partie des sept dons de l’Esprit ? Cf. Esaie 11 duquel la piété est exclue alors qu’elle est comprise par l’Eglise dans la liste des dons. [Manu]

Je n’ai jamais lu Ésaïe 11 comme l’établissement de la liste exhaustive des dons de l’Esprit. D’autant que ce passage ne correspond pas exactement à des versets comme Galates 5,22, Éphésiens 5,9, 1Corinthiens 12, etc. Les dons de l’Esprit sont très divers, et le but de notre vie chrétienne n’est d’abord, me semble-t-il d’établir une liste de 7, 12 ou 40 dons. La piété, la ferveur, la foi, il me semble difficile de ne pas voir l’Esprit de Dieu derrière.

Un pasteur d’une église de réveil, m’a dit que lorsqu’on écrit des hiéroglyphes quand on est en transe- c’est pas de Dieu. Pour lui- il n’y a que le parler en langue qui existe. Ça peut se traduire. [Jean-Paul]

La question que vous posez est celle de la gestion du « surnaturel ». Dans les communautés dites charismatiques, on gère ces questions sur une base biblique. Et en particulier en s’appuyant sur 1 Corinthiens 12-14.

Les phénomènes de transe n’ont pas leur place dans l’Eglise de Jésus-Christ. Au pire ce sont des manifestations démoniaques et ces esprits doivent être chassés. Donc, comme le dira Paul dans le passage que je viens d’évoquer, tout doit se faire dans l’ordre, ou, pour l’utilité commune. Ecrire en hiéroglyphe est plus de l’ordre d’un surnaturel occulte que d’un surnaturel divin. On est bien d’accord.

Attention aussi car si nous sommes d’une culture afro-caribéenne par exemple, il ne faut jamais oublié que la « mémoire » de l’animisme n’est pas si lointaine dans la culture et la société. Alors il peut y avoir des phénomènes qui s’opèrent et qui effectivement, ne viennent pas de Dieu, mais plutôt de résidus de la sorcellerie et autres pratiques occultes. La sobriété s’impose donc dans ces contextes. Pour que ce soit clair : qui est le Seigneur dans ces lieux, Christ ou les puissances mauvaises ?

Pourquoi certains disent que c’est un péché d’aller au théâtre ou au cinéma ? [Marcel]

Je n’en sais rien. Pour moi aller au théâtre, au cinéma, au concert ou à n’importe qu’elle autre activité culturelle n’est pas un péché en soi. Dieu n’est pas contre la culture ! Ce qui peut être un péché, c’est-à-dire me détourner de Dieu, c’est ce que je vais rechercher à travers cette culture. Un divertissement pour oublier mon quotidien ? Une stimulation de mes pulsions ? Une exaltation de la capacité créatrice de l’homme ? Dans ces cas là peut-être en effet, ai-je quelque chose à aller en moi regarder avec l’aide du Seigneur. Mais si, après une pièce de théâtre, je suis amené à parler de Dieu, ou du sens de la vie avec lui, si, après un film j’ai passé un moment de complicité et de rire avec mes enfants, si après être allé voir une exposition, je sens dans mon cœur une louange pour Dieu qui a inspiré tel peintre, etc. Je ne crois vraiment pas que ce soit un péché.

Les textes bibliques sont-ils ouverts à une pluralité d’interprétations ? Chaque croyant devrait-il interpréter le sens d’un passage biblique pour lui-même ? [Bjorn]

Les textes bibliques peuvent avoir plusieurs interprétations, tout dépend surtout de l’intention de la personne qui les interprète. Il me semble qu’interpréter le sens d’un passage biblique pour soi-même, donc en quelque sorte, tout seul, ne me paraît pas judicieux. D’abord parce qu’il y a beaucoup d’autres chrétiens avant moi qui ont interprété, et que c’est peut-être plus simple d’aller d’abord voir ce qu’ils en ont dit plutôt que de me casser la tête sur des versets qui peuvent être compliqués. Ensuite parce que l’interprétation biblique n’est pas une fin en soi, me semble-t-il. Il s’agit d’abord et avant tout d’approfondir notre relation au Dieu vivant révélé en Jésus-Christ. Nous ne sommes pas là d’abord pour faire des interprétations. Si les interprétations que je lis ne me semblent pas renvoyer à un approfondissement de ma relation au Christ mais que, par exemple, elles cherchent à défendre une idéologie ou à faire admirer l’intelligence de l’interprète, je préfère prier, reprendre le texte et alors, proposer une interprétation. Ce sera la mienne, mais j’aurais cherché à travers elle à mieux faire connaître le Seigneur et son amour.