La dot est-ce biblique ? Comment en parler face à des chrétiens de culture où elle est encore exigée ? Spirituellement que risque t-on ? [Jin]

Il y a cinq mentions de la dot dans le premier testament.
C’est une pratique culturelle. Cela ne fait pas partie des choses centrales de la foi.
La dot n’est pas un élément de la Bonne Nouvelle du Royaume puisqu’il n’y aura plus ni homme ni femme (Galates 3,28), et qu’on n’aura pas la préoccupation de la sexualité ou de la reproduction.

Donc il s’agit d’un élément totalement culturel. Qui a pour fonction de signifier que les familles « perdent » beaucoup quand elles lâchent un de leur membre pour qu’il intègre une autre famille. D’où la compensation symbolique qui s’y joue, et qui dans certains contextes n’est pas que symbolique, mais une vraie fortune.

Il ne faut pas mépriser ce qui se joue dans la culture ; souvent ce sont des intuitions justes pour marquer des grands moments de la vie, des rites de passage.
Maintenant si on a le sentiment d’être vendu(e) ou acheté(e) il faut prendre position spirituellement et signifier sa liberté, et le fait que nous sommes sous la seule autorité de Christ.

Qu’est-ce que la prière d’autorité ? La Bible fonde-t-elle et justifie-t-elle une telle pratique ? [Peps]

Le concept de prière d’autorité n’existe pas dans la Bible.
Pas plus que le concept de chorale paroissiale, de direction spirituelle, de soaking*, de cure d’âme, d’étude biblique, etc.
Je veux dire par là que ce n’est pas parce qu’une expression n’est pas telle quelle dans la Bible que l’idée n’est pas biblique.

La prière d’autorité, c’est une façon de prendre position, par exemple face à un esprit mauvais, pour lui refuser son emprise, comme nous y invite Jésus dans Luc 10 quand il nous commande de chasser les démons.

Si nous avons revêtu Christ, nous sommes revêtus d’une autorité particulière et devons l’exercer. La prière d’autorité n’est donc pas une intercession où l’on demande à Dieu d’intervenir à notre place, mais une prière où l’on va chercher sa légitimité et son autorité pour intervenir nous-mêmes sur le réel. Parce que Jésus ne nous demande pas d’intercéder pour les malades mais bien de les guérir. Pas d’intercéder pour les lépreux mais de les purifier. Pas d’intercéder pour les morts mais de les ressusciter. Pas d’intercéder pour la délivrance, mais de chasser nous-mêmes les esprits mauvais (Matthieu 10,8).

* pratique charismatique de repos dans l’Esprit

Quel est le sens biblique de notre offrande à l’Eglise ? [Lemurien]

Paul disait dans la deuxième épitre aux Corinthiens (9,7) : « Que chacun donne comme il l’a résolu en son coeur, sans tristesse ni contrainte; car Dieu aime celui qui donne avec joie. »

L’offrande fait partie de la louange. D’ailleurs il faudrait dans nos cultes la mettre dans la louange plutôt que connectée aux annonces (au business) de l’association cultuelle. Dans l’esprit de la dîme du premier testament, on donne les prémices de ce qu’on reçoit à l’Eternel, et le donner à l’Eglise est une façon d’œuvrer pour la gratuité de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Royaume. Donc si nous donnons c’est dans la joie. Car le seul sacrifice qui vaille, depuis que Jésus a donné sa vie, c’est le sacrifice de louange, d’offrir notre reconnaissance (Hébreux 13,15).

Que dit la Bible de l’utilisation d’un don de sperme (ou don d’ovocyte) pour un couple stérile ? [Tony]

La notion de don d’ovocyte n’existe pas dans la Bible.

Laissez-moi d’abord vous poser une question. Pourquoi voudriez-vous que ce soit la Bible qui décide à votre place ? Dieu veut que nous décidions pour les choses de la vie. Il nous informe dans la prière en inclinant notre conscience, et il nous informe par le témoignage biblique où d’autres, qui ont vécu des situations similaires, ont fait des choix instruits par le Seigneur ; ce qui nous inspire.

Sur la question du don de sperme ou don d’ovocyte, les personnages de la Bible avaient une approche très pratique, liée aussi à leur époque. Par exemple, la Loi biblique permettait qu’on épouse la veuve de son frère, afin de lui offrir une sécurité mais aussi de prolonger sa descendance. Ce n’est pas un « don de sperme », mais c’est quand même l’idée que quelqu’un d’autre pallie à la fécondité.
Abraham, voyant que Sarah n’était pas enceinte, a été avec Agar (don d’ovocyte), afin d’avoir un fils, Ismaël. Mais ce ne fut pas forcément une réussite puisque c’était le fruit de l’impatience et la désobéissance d’Abram… qui devait attendre que la promesse s’accomplisse selon les méthodes de Dieu !

Donc on ne peut pas dire que les histoires de la Bible nous informent vraiment sur ce que l’on DOIT faire. Tout est question de relations et de motivations. Vous pouvez vous poser les questions suivantes :
– Est-ce que le désir de fécondité est insatiable au point de considérer que « tous les moyens sont bons » ?
– Est-ce que Dieu vous appelle uniquement à la fécondité biologique ?
– Est-ce que vous avez fait le deuil quant au fait que « tout ce que la technique nous offre » n’est pas forcément bon ?

Après cela, en extrapolant ce que dit Paul en Romains 14,23, j’aurais envie de conclure : « Tout ce qui n’est pas issu d’une conviction spirituelle reçue dans la prière est… une mauvaise voie ».

Peut-on croire à l’affirmation d’Angelica Zambrona d’avoir vu le Pape Jean Paul II et Michael Jackson en enfer ? [Mark]

Non. J’aurais presque envie de m’en tenir là, mais il est peut-être utile de fonder davantage ma réponse. Angelica Zambrano affirme avoir eu une vision durant un temps au cours duquel elle a été déclarée morte cliniquement. Je ne prétends pas remettre en question la sincérité de cette personne, mais en parcourant rapidement son témoignage suite à votre question (je n’en avais pas entendu parlé avant), je n’ai pu que constater qu’il s’agissait d’un énième témoignage sur l’Enfer et le Paradis, mais surtout sur l’Enfer, avec force détails dont aucun n’est biblique (des histoires de cellules pour les damnés de démons qui ressemble aux personnages de Dragon Ball Z…). Le témoignage est truffé de citations bibliques, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il soit vraiment bibliquement fondé. Il ne suffit pas de donner des citations bibliques à l’appui de ce que l’on dit pour être porteur de la Parole de Dieu. D’autre part, je me souviens de la fin du dialogue entre le riche et Abraham dans la parabole du riche et de Lazare (Luc 16. 19-31) : « Abraham lui répondit: ‘Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent.’ Le riche dit: ‘Non, père Abraham, mais si quelqu’un vient de chez les morts vers eux, ils changeront d’attitude.’ Abraham lui dit alors: ‘S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu’un ressuscite.’» En ce qui me concerne, je préfère m’en tenir à ce que la Bible m’enseigne au sujet de ce qui se passera après ma mort, et m’occuper avant tout de ma repentance personnelle, avant de m’intéresser au jugement sur les autres, même Michaël Jackson, le pape ou mon arrière grand-mère. Et dans ma repentance qui me fait découvrir le trésor de grâce et de miséricorde de Dieu, témoigner alors de cet amour autour de moi.

Les dons de Dieu dans notre vie (que je lui reconnais très humblement) ne dépendent-ils (nous concernant) que de notre foi en lui ? [Guillaume]

Les dons sont des dons. Le mot « charismata » qui est souvent traduit par charismes (dons), vient de « charis », qui veut dire grâce. Si c’est par grâce, c’est par grâce seule. La foi n’est que le réceptacle de la grâce. Et donc elle n’est pas à l’initiative des dons !

Au pire elle peut un peu les freiner si elle n’y croit pas vraiment…

Le canon biblique est l’œuvre d‘une construction humaine inspirée. Serait-il concevable aujourd’hui en 2017 d‘y ajouter un livre supplémentaire ? Si ce n‘est pas le cas pourquoi ? [Simon]

Le canon des Écritures bibliques a été clôturé dans les tous premiers siècles de l’ère chrétienne, pour faire face à une prolifération de théories s’éloignant de plus en plus de l’Évangile de Jésus-Christ. Une des plus connue est la position d’un certain Marcion, qui  proposait de supprimer purement et simplement des Écritures tout ce qui était en lien avec le judaïsme… La clôture est donc la façon qu’a eue l’Église primitive de rester fidèle au Christ, en choisissant par exemple des textes qui se rattachaient le plus directement possible aux apôtres, et en assurant dans le même mouvement que le corpus retenu était suffisant pour que les croyants puissent entendre la Parole que Dieu leur adresse.  Car on ne saurait confondre la lettre des Écritures avec la Parole vivante de Dieu, qui est révélée à chaque génération par le Saint-Esprit.

On ne peut donc pas rajouter de livre supplémentaire à la Bible, d’une part parce que des écrits contemporains ne sauraient être « apostoliques » au sens historique, mais aussi parce que tout simplement cela n’est pas nécessaire : la Bible contient déjà largement ce qui permet de nourrir la foi du croyant, et la course au « rajout » par chaque génération ne pourrait que brouiller le message.

Notre Bible contient 66 livres : 39 pour l’ancien et 27 pour le nouveau testament ce sont des livres canoniques : qui a établi le « canon » et quels sont les critères retenus pour « canoniser » un texte [M]

A la question du « qui » il n’est pas possible de répondre de façon claire et précise : le processus par lequel l’Église primitive a établi une liste de livres et décidé de la clôturer (= on n’en rajoute pas) s’est déroulé sur plusieurs siècles. On dit en général que ce sont les pères de l’Église, c’est à dire les premiers théologiens chrétiens dont beaucoup sont anonymes. En gros, la liste des livres de la Bible telle que nous la connaissons aujourd’hui a été fixée autour des III° et IV° siècles de notre ère.

Pour ce qui est des critères utilisés pour retenir ou non un livre, il me semble que l’on peut en retenir au moins deux :

  • Le fait que l’écrit soit consensuel dans l’Église primitive, et que la plupart des communautés leur reconnaisse une valeur théologique et spirituelle, même si nous savons que plusieurs n’ont pas fait l’unanimité (comme le livre de l’Apocalypse ou l’épître aux hébreux par exemple).
  • Le fait que ces écrits soient apostoliques, c’est à dire rattachés directement à un apôtre du Christ, et donc puisant au plus près possible de la source.

Mais il s’agit là de critères « objectifs » et raisonnablement admis… Par lesquels je crois pour ma part que c’est le Saint-Esprit lui-même qui a opéré le tri !

Est-ce normal qu’après avoir pardonné à un parent, on ressente un désarroi ? Le pardon unilatéral, comment faire pour ne plus être en attente que l’autre reconnaisse ses torts ? Que dit Jésus ? [Kym]

Jésus est radical en Matthieu 18. Dieu nous pardonne quand on regrette (c’est la parabole du serviteur indigne). Mais en plus, il nous dit de pardonner soixante-dix fois sept fois, autant dire, pardonner à la folie ! Parce que ça consiste à pardonner quelqu’un toutes les trois minutes durant une journée où on ne dormirait même pas !!!

Donc pour notre esprit, nous pouvons trouver la satisfaction de juste pardonner, comme Dieu a pardonné, totalement et radicalement.
Ceci dit, pour que le pardon soit pleinement satisfaisant pour notre âme, nous avons aussi besoin de la repentance de l’autre en vis-à-vis. Et là c’est plus dur. Car il nous faut accepter qu’il n’y ait parfois pas de retour. Souvent c’est même parce que l’autre n’a pas compris, ou pas voulu comprendre qu’il nous avait blessé.

Le désarroi peut venir du fait qu’on fait une vraie démarche qui a pour but la restauration complète de la relation, mais que là il manque quand même quelque chose si la restauration n’est pas vraiment activée du côté de l’autre.

La Bible est-elle plus violente que le Coran ? [Anna]

La Bible plus violente que le Coran ? Voici une proposition de non-réponse en deux trajectoires :

1. D’abord ces deux livres sont des objets avec des textes. Ils peuvent raconter des histoires violentes et comporter des textes qui appellent à la violence.
Mais c’est surtout la lecture qu’on en fait et l’usage pour lesquels on s’en sert qui peut être violent.

2. La Bible comporte pas mal de récits violents, parce que la vie est violente. Elle comporte aussi des paroles dures où des humains appellent à la violence, et des passages où l’on peut voir que Dieu se comporte d’une façon que nous pouvons considérer comme violente vue d’aujourd’hui. Mais la Bible, contrairement au Coran comporte une mise en ordre radicale, avec un premier et un nouveau testaments. Le Nouveau, avec les évangiles à son commencement, nous offre par la parole de Jésus un changement radical, qui consiste en particulier par le refus total de la violence. Ce qu’on entend derrière le « Aimez-vos ennemis » de Jésus en Matthieu 5,44, l’affirmation de l’apôtre Paul « Non, ce n’est pas contre des êtres humains que nous devons lutter. Mais c’est contre des forces très puissantes qui ont autorité et pouvoir. Nous devons lutter contre les puissances qui dirigent le monde de la nuit, contre les esprits mauvais qui habitent entre le ciel et la terre. » en Ephésiens 6,12. La mort de Jésus sur la croix se veut « dernier sacrifice » comme le décrit l’épître aux Hébreux, afin que justement les violences s’arrêtent.