Il ne me semble pas que le mal soit une idée. Le mal est un acte, ou l’absence d’acte bon. En lisant la Bible, je ne reçois pas de réponse théorique sur l’existence du mal. Les premiers chapitres de la Genèse ne sont pas une réflexion abstraite sur le problème du mal, mais expliquent de façon imagée la situation de l’être humain devant Dieu. Ainsi, le mot mal n’apparaît que pour parler du fruit de « l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Un fruit, ça se mange, on n’en n’a pas l’idée. De même, Lucifer n’est pas un nom biblique (dans les langues d’origine de la Bible, l’hébreu et le grec). Il n’apparaît que dans la traduction latine de Jérôme. Les premiers chapitres de la genèse parlent plutôt du serpent. Pourquoi le serpent ? Pourquoi a-t-il parlé à Ève de la façon dont il lui parle ? Nous n’avons pas la réponse à ces questions, sans doute parce qu’elle ne nous aideraient pas à comprendre comment nous comporter devant Dieu et face au mystère du mal, comme celui du bien d’ailleurs.
Auteur/autrice : Michel Block
Dans Deut. 5 v 9 à10- Dieu dit « qu’il punit les fils pour la faute de leur père jusqu’à la 3ème et 4ème génération ». Une maladie congénitale ou héréditaire peut-elle en être aujourd’hui la conséquence ? [Deborah]
Je ne pense pas. Le verbe traduit par « punit » dans le passage que vous citez veut d’abord dire « chercher », »visiter », « examiner ». J’entends ce verset comme une façon de nous dire que Dieu, de génération en génération, cherche à « rattraper le coup » de la faute d’un père, en visitant ses descendants, afin que, par la repentance et la conversion, les choses s’améliorent. Il peut arriver que des mécanismes traumatiques se reproduisent de génération en génération, mais c’est plutôt pour moi le signe que l’on ne laisse pas Dieu venir ! Le cas des maladies héréditaires ne me semble pas relever de la même chose. Je ne me sens pas en mesure d’affirmer a priori, que les maladies de ce type soient liées au péché d’un ancêtre dans la famille affectée, même si cela n’est pas non plus impossible. Mais je ne peux pas dire que cela soit liée à une punition que Dieu reporterait de génération en génération.
Que s’est-il exactement passé lors de l’Ascension de Jésus ? C’est son corps qui est monté au ciel (comme on le voit dans les films sur le Christ) ou c’est son âme ? [Rija]
Si vous trouvez quelqu’un qui prétend vous dire ce qui s’est exactement passé lors de l’Ascension de Jésus, fuyez, c’est un fou dangereux ! De la même manière qu’on ne peut pas expliquer de façon systématique la Trinité ou al Résurrection, ce qui s’est passé à l’Ascension ou à la Pentecôte ne me semble pas pouvoir être décrit de façon exacte. Cela ne veut pas dire qu’il s’agit d’un mythe ! C’est un mystère, qui vient dire que désormais un humain est aux côtés de Dieu, et que quand Dieu regarde l’humanité, il la regarde à travers cet humain. Par la foi, je me place derrière Jésus sous le regard de Dieu, afin que, quand Il me regarde, se soit à travers Jésus qu’il le fasse.
Le complexe d’Œdipe est-il le fruit d’une parole de malédiction ? [Rémi]
Le complexe d’Œdipe est une théorie de la psychanalyse, que Sigmund Freud a énoncé dans sa première topique (terme employé pour décrire les étapes du fonctionnement de l’esprit humain). Elle donc le fruit d’une réflexion humaine, qui, comme toute réflexion de ce type, est respectable mais ne peut, à mes yeux être placée au même niveau que la Parole de Dieu. Elle a d’ailleurs été critiquée sur bien des plans. Il ne s’agit donc pas d’une vérité propre à tout être humain. Je ne pense pas pouvoir dire qu’il s’agisse du fruit d’une parole de malédiction. Qui aurait prononcé cette parole ? Pourquoi ? À qui s’adresse-t-elle ? Cela me semble faire trop de questions supplémentaires…
Le « Jesus Seminar » est-il digne de confiance ? Certains théologiens nient que Jésus a été ressuscité corporellement/physiquement. La résurrection n’est-elle qu’un mythe ? [Sophie123)
Le « Jesus Seminar » est un groupe d’historiens anglo saxons cherchant à établir l’historicité de la vie de Jésus. En tant que démarche scientifique, ce travail ne me paraît ni plus ni moins digne de confiance que n’importe quel autre. Mais comme souvent en ce qui concerne les sciences, il s’agit de ne pas considérer que les résultats auxquels ces chercheurs sont parvenus soient la vérité ; au prétexte qu’ils utiliseraient des méthodes « objectives » de recherches. Les méthodes utilisées en histoire sont toujours critiquables et permettent souvent à leurs utilisateurs de dire ce qu’ils ont envie de dire, tout en prétendant ne faire qu’observer leurs sources de façon neutre. Ainsi, nier la résurrection corporelle de Jésus est une opinion historique, procédant d’une interprétation particulière des sources, les évangiles. Que des personnes affirment que Jésus n’est pas ressuscité des morts est leur droit le plus absolu, qu’elles prétendent le faire en s’appuyant sur une démarche scientifique également. Il faut simplement qu’elles acceptent alors qu’elles ne sont pas ou plus chrétiennes, car la résurrection physique de Jésus est un élément central de la foi chrétienne (relire I Corinthiens 15). Délimiter l’espace de sa foi à ce qui est seulement démontrable ou même concevable est en fait une façon de n’avoir confiance qu’en sa raison… Ce qui est une des formes de l’idolâtrie.
Melchisédek est-il une prophétie de Jésus ? La similitude entre eux dans la Genèse est stupéfiante. Hébreux appelle Jésus un prêtre de l’ordre de Melchizédek- mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? [Pil]
La question est d’une portée immense, plus grande que mes capacités de réponse. Cependant, une lecture d’Hébreux 7 (le chapitre auquel vous faites référence) me semble pouvoir aboutir à certaines conclusions :
Le verset 3 (« On ne lui connaît ni père, ni mère, ni aucun ancêtre ; on ne parle nulle part de sa naissance ou de sa mort. Il est semblable au Fils de Dieu : il demeure prêtre pour toujours ») me semble clairement faire un parallèle entre le Melchisédek qui est décrit et le Fils.
Melchisédek est supérieur à tout autre prêtre, car même les prêtres d’Israël lui sont inférieurs (versets 9 et 10 : « quand Abraham a payé le dixième de ses biens, Lévi l’a payé aussi, lui dont les descendants reçoivent le dixième de tout. Car bien que Lévi ne fût pas encore né, il était en quelque sorte déjà présent dans son ancêtre Abraham quand Melkisédec vint à sa rencontre. »)
Régulièrement le texte d’Hébreux cite le psaume 110 verset 4 pour l’appliquer à Jésus et ainsi signifier qu’en lui, le Fils est venu accomplir définitivement le rôle de grand prêtre, après lequel plus aucun sacrifice n’est nécessaire.
Pour moi donc, ce texte de la lettre aux Hébreux établit clairement le lien entre le Melchisédek de la Genèse et Jésus. Peut-être cela peut-il aussi être rapproché de Jean 8. 56 (« Abraham, votre père, s’est réjoui à la pensée de voir mon jour ; il l’a vu et en a été heureux. ») même si cela semble davantage faire référence à Isaac, auquel Jésus s’identifie.
Comment peut-on expliquer le geste de Séphora dans Ex4:25? Est-ce Dieu voulait mettre son amour à l’épreuve ? Ou était-ce comme Jacob à Béthel- un lieu sacré dont ils n’avaient pas connaissance ? [Jin]
Le geste de Séphora est à replacer dans le contexte des versets autour de celui que vous citez. Il est écrit : « Pendant le voyage, à l’endroit où ils passaient la nuit, l’Éternel l’attaqua et chercha à le faire mourir. » (celui que l’Éternel cherche à faire mourir est Moïse. Il faut noter que le verbe traduit par « attaquer » peut aussi se traduire par « rencontrer »). (Exode 4. 25) Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que cela signifie ? La Bible reste muette là-dessus dans ce passage. Exode 4. 24-26 constitue un des passages les plus obscurs de la Bible. Il n’en reste pas moins que cela à avoir avec la circoncision du fils de Moïse (Guershom ou Éliézer). La tradition rabbinique propose l’interprétation la plus convaincante à mes yeux : Moïse n’avait pas fait circoncire son fils, ce qui était grave, au regard du fait que ce geste signifie l’appartenance au peuple de l’Alliance. Dieu s’est opposé à ce que le retour de Moïse vers l’Égypte se fasse sans que cet acte soit accompli. C’est Séphora qui aurait alors circoncis elle-même son fils, pour éviter la mort de Moïse. Son cri provient de la violence du geste accompli au regard de l’enjeu, et donc de la colère de Séphora à l’encontre de Moïse.
Est-ce dans l’esprit biblique et de l’enseignement du Christ que de dénoncer régulièrement- au détour d’une prédication- les impôts (« racket légal »)- la sécu (« produit l’assistanat »)- l’Etat….? [Pep’s]
Je suppose que votre question évoque des prédications que vous avez entendues. Je ne prétends pas juger le prédicateur qui a tenu les propos que vous rapportez ici, mais il me semble en effet problématique d’exprimer des convictions socio-politiques, surtout de façon régulière, dans une prédication. Ceci dit, entendons nous bien : la prédication, en tant qu’annonce du royaume de Dieu et appel à la repentance et à la conversion, ne peut pas ne pas avoir de répercussions sociales, voire politiques, sur les fidèles. Mais c’est à chacun de mesurer, à l’aune de ce qu’il lit dans la Bible et de la cohérence avec le message qu’il a reçu, ce qu’il convient de faire dans sa vie pour rendre témoignage à la Seigneurie du Christ.
Du fait de la dureté de la vie- est-ce qu’un chrétien peut pratiquer un art martial ou activité liée à l’auto-défense ? [Stefan]
La pratique d’un art martial ne rend pas la vie moins dure (sinon, il faudrait aller tous vivre en Chine ou au Japon, car vu les arts martiaux qu’ils pratique, la vie devrait y être très facile!) Si l’on se fait agresser, il ne me semble pas contraire à l’Évangile de tenter de se défendre, que l’on fasse des arts martiaux ou pas. La non-violence évangélique ne signifie pas que le chrétien soit une limace. Mais il faut toujours chercher à régler ses problèmes avant tout par des moyens n’impliquant pas la mise en cause de l’intégrité physique des personnes, ne serait-ce que parce qu’en agissant ainsi, nous donnerons déjà un témoignage de l’espérance qui nous habite en tant que chrétien.
Peut-on prendre la Sainte-Cène chez soi (seul ou en famille) si l’on considère que le pasteur n’a pas d’autorité particulière pour la donner- et que l’on ne reconnaît pas la transsubstantiation ? [Julien]
La Cène n’est pas un simple repas commémoratif (comme le rallumage de la flamme au pied du tombeau du soldat inconnu). C’est aussi un acte par lequel, en communauté, nous accueillons la réalité vivante du Christ dans l’assemblée réunie et ouverte à sa présence par l’action du Saint-Esprit. C’est donc un acte communautaire vital pour l’Église. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas nécessaire qu’une personne particulière préside ce moment qu’on peut le vivre tout seul ! Par contre, célébrer une Sainte Cène chez soi, avec sa famille ou ses proches, ou encore aller la partager avec des malades qui ne peuvent pas se rendre au culte me semble être bien sûr un acte communautaire tout à fait possible et même utile dans bien des circonstances.