La pratique de la « pleine conscience » (mindfulness)- dérivée de la méditation- est-elle compatible avec le christianisme ? [Louis]

Comme vous le soulignez, Louis, la pratique de la pleine conscience est dérivée de la méditation. C’est même un terme que l’on retrouve dans le bouddhisme, « l’attention juste » (samyak-smriti en sanskrit) étant considérée comme une des étapes nécessaires vers la libération, ou éveil, pour les bouddhistes. Il me semble donc évident que du point de vue chrétien, une pratique de ce type, avec ce but, ne saurait être à encourager. Le message chrétien est ici aussi radical que peut-être, désagréable à entendre : il n’y a pas de chemin qui mène vers l’éveil, le bonheur, la justice, ou encore même Dieu qui soit autre que Jésus-Christ, c’est-à-dire Dieu lui-même ! Par nos propres forces, notre méditation, nos pratiques religieuses ou morales, nous ne pouvons pas plaire à Dieu. C’est par l’ouverture de notre foi à son amour que nous laissons Dieu entrer au plus profond de nous-mêmes et nous sauver en Jésus-Christ.

Maintenant, l’occident se faisant une spécialité de mal comprendre ce que disent les sagesses orientales, la pratique de la méditation en pleine conscience est aujourd’hui souvent vue comme un moyen de faire « baisser son stress » en se recentrant sur un objet particulier. Si c’est pour s’aider à entrer en prière, en se concentrant sur une Bible ouverte à la page d’un passage que l’on aime, cela ne me paraît pas plus méchant que ça.

Que penser à propos de prière du « Notre Père » ? Je n’aime pas la réciter. C’est obligatoire pour bien prier ? [Val]

« Réciter » le Notre Père n’est non seulement pas obligatoire, mais aussi pas du tout recommandé ! Je vous recommande de chercher en ligne, si vous ne le connaissez pas déjà, le savoureux sketche que la compagnie théâtrale sketch-up propose sur ce sujet : quelqu’un dit mécaniquement le Notre Père avant de s’endormir et surprise ! Voilà que Dieu lui répond. Le dialogue qui va s’ensuivre montre combien chaque demande de cette prière engage celui qui la formule, et va marquer le commencement d’un changement radical dans sa vie et ses relations.

Cette prière enseignée par Jésus à ses disciples a ceci d’extraordinaire qu’elle rassemble, résume tout ce que nous pouvons demander au Seigneur, et qu’elle nous unit à la grande famille des enfants de Dieu (nous disons bien « Notre » Père). Alors bien sûr, rien d’obligatoire à la dire. Mais tous ceux et celles qui la pratiquent en prenant le temps d’habiter chacune de ses demandes diront combien elle nous aide à approfondir notre dialogue avec Dieu, avec les autres… et notre vie de disciples qui préparent ce Règne tant attendu.

Que devrions-nous faire quand la vie semble parfois inutile ? [Ulrich]

Quand je suis soumis à une tentation de cette sorte, je me réfugie dans la prière. Je me « cache dans le manteau de Jésus » si vous me permettez cette expression un peu simple. Ce n’est en tout cas ni par une réflexion philosophique, ni par un divertissement, médiatique ou autre, que j’ai trouvé l’apaisement. Je sais aussi que j’ai souvent besoin de m’entourer de personnes que j’apprécie et en qui j’ai confiance, car leur contact peut m’aider à changer mon point de vue sur la vie.

Ma fille me demande chaque soir de prier pour notre chien. Je refuse. Ai-je raison de le faire ? [Val]

A ma connaissance, rien dans la Bible, ne nous signale des sujets pour lesquels il ne serait pas possible de prier. Votre fille a le désir d’avoir un chien heureux ? Elle veut rendre grâce à Dieu pour cette créature qui lui a été confiée ? Pourquoi ne prierait-elle pas pour cela ? Dieu ne s’occupe-t-il pas des petits oiseaux ? (Matthieu /26 et 10/31). Ne nous est-il pas demandé de présenter tous nos besoins à Dieu ? (Philippiens 4/6). Dieu entend, il répond selon sa volonté et le résultat de cela, c’est la paix donnée ! »

« Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus-Christ. » Philippiens 4/6-7

Comment gérer conjointement Romains 10:13 et Matthieu 7:21 ? [Ella]

Cher Ella, si je dis qu’un verre est à moitié vide et si je dis encore que ce même verre est à moitié plein, je semble dire deux choses différentes et opposées, et pourtant je commente la même réalité avec un regard positif ou avec un regard négatif. Il se passe la même chose entre les deux phrases que vous citez. Elles semblent s’opposer, mais l’une dit en creux, ce que l’autre dit en plein. Je m’explique :

En Matthieu 7, 21, Jésus dit : « Ce ne sont pas ceux qui me disent ‘Seigneur ! Seigneur !’ qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux ». L’apôtre Paul écrit dans l’épître aux Romains : « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (10,13).

Ces deux phrases semblent contradictoires en apparence. Mais en regardant de près le contexte de Matthieu 7, nous voyons que Jésus dénonce dans tous ce passage l’hypocrisie des religieux. Juste avant, il parle des loups déguisés en moutons et des arbres qui portent de mauvais fruits. L’être humain peut chercher à tromper les autres. C’est l’usage que nous faisons souvent de la parole. Nos mots servent à déguiser nos pensées, des paroles aimables cachent parfois de la médisance, des paroles de piété affichée peuvent recouvrir des vies détournées sans honte de Dieu. Jésus rappelle ici que si nous pouvons abuser les hommes, nous ne pouvons pas tromper Dieu. Au delà des paroles prononcées avec nos lèvres, Dieu regarde au cœur. Il n’exauce pas des paroles flatteuses, sans foi véritable. Dans la parabole qui suit Jésus prolonge cet enseignement : c’est notre vie tout entière qu’il faut construire sur la Parole de Dieu et pas simplement manifester une adhésion superficielle.

Dans l’épître aux Romains, si on regarde le contexte comme nous l’avons fait chez Matthieu, nous voyons que Paul est parfaitement fidèle à l’enseignement de Jésus. La parole que vous citez est précédée de plusieurs phrases sur la parole de la bouche et les dispositions du cœur qui doivent être cohérentes (v.8 et 9). A partir du verset 16, Paul précise son propos toujours dans la même ligne : Entendre la Parole de Dieu ne suffit pas, il faut vouloir lui obéir et Paul développe longuement l’exemple d’Israël. C’est ce qui entre dans notre cœur et qui vient de Dieu qui est décisif pour transformer nos vies et pas ce qui sort de notre bouche. Dieu exauce les cœurs vides et repentants qui se tournent vers lui mais il n’exauce pas les paroles vides qui en réalité se tournent vers nous !

Un appel hypocrite à Dieu n’obtient aucune réponse, un appel sincère du fond du cœur obtient toujours une réponse. Il n’y aucune contradiction mais au contraire une grande cohérence !

Que le Seigneur Ella, garde votre cœur et vos pensées en Lui !

Comment savoir que Dieu a répondu à votre prière pour accepter une demande de copinage ? Je ne le faisais pas- je l’ai fait cette fois et je crois que ça s’est retourné contre moi. [11eEtoile]

Je ne comprends  la difficulté précise que vous rencontrez. Cependant, je suis certaine que lorsqu’on confie, dans la prière, quelque chose à Dieu en Christ, il s’en occupe. Parfois, il refuse de nous donner ce que nous lui demandons, parfois, il nous demande d’attendre, parfois il nous donne ce que nous lui avions demandé selon sa volonté, parfois surprenante. Il répond à nos prière tel le bon Père qu’il est, par amour, pour notre bien. Ainsi, je suis certaine que Dieu vous a répondu. Il est possible que sa réponse ne vous convienne pas ou qu’il vous ait refusé ce que vous lui aviez demandé. Votre problème est en tous cas à la bonne place, entre les mains du Père. Il ne laissera jamais ce que vous lui aviez confié se retourner contre vous. Peut-être avez-vous simplement besoin de lui demander le discernement nécessaire pour reconnaître ce qui vient de lui ?
« Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus-Christ ». Philippiens 4/6-7.
 » Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira.Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe. Lequel de vous donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain? Ou, s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent? Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent. » Matthieu 7/7-11

Tous les chrétiens devraient-ils aller à l’église ? Pensez-vous qu’il est préférable que les personnes qui préfèrent la solitude lisent la Bible/prient seules (Mat 6.6) et dans la nature (Luc 5.16) ? [Raphaël]

Avant d’être un bâtiment ou une assemblée de croyants, l’Eglise est la réalité qui rassemble tous les chrétiens du monde entier, c’est Jésus-Christ qui l’a fondée par le Saint-Esprit (Voir le livre des Actes des apôtres). Chaque personne qui reconnaît Jésus-Christ comme Seigneur est donc membre de l’Eglise, il fait alors partie d’une immense famille de frères et de sœurs dans la foi !

Si je refuse de créer des liens avec mes frères et sœurs en Christ qui vivent près de chez moi, peut-on vraiment dire que je fais partie de cette famille ? Et donc que j’appartiens à Jésus-Christ ?

Jésus appelle ceux qui le suivent à aller vers les autres, à les aimer et à prendre part à la mission d’annonce de la Bonne Nouvelle au monde entier. Rejoindre une communauté de croyants permet de se soutenir entre frères et sœurs, de grandir dans la foi grâce à l’enseignement de la Parole de Dieu et de prendre part à la mission d’évangélisation et d’aide aux plus démunis.

Dans le passage que vous citez (Matthieu 6.6), Jésus souligne en effet l’importance de prier seul, en cœur à cœur avec Dieu. C’est un aspect très important de la vie chrétienne ! Jésus met pourtant l’Eglise au coeur de son enseignement sur la prière car deux versets plus loin, Jésus enseigne une prière entièrement à la deuxième personne du pluriel : le Notre-Père. Lorsqu’un chrétien prie, même seul dans sa chambre, il s’associe à ses frères et sœurs dans la foi.

Je suis victime d’un amour non partagé. La douleur du rejet est accablante. Que fais-je ? Puis-je prier pour que la personne m’aime ? Jésus n’a jamais aimé une femme- alors peut-il comprendre le rejet ? [Louis]

Je veux avant tout, Louis, vous témoigner ma compassion devant votre souffrance. Un amour non partagé est une grande source de douleur et d’incompréhension. Je ne crois cependant pas que ce serait un bon conseil de vous encourager à prier Dieu pour qu’il change le cœur de la personne que vous aimez. Peut-être vaut-il mieux que cette question ne soit plus, entre vous et cette personne, seul sujet qui habite votre relation. Enfin, je crois vraiment qu’en Jésus-Christ, Dieu peut vous comprendre. En effet, qu’est-ce donc que la venue de Jésus Christ parmi nous sinon l’expression de son amour pour nous ? Qu’est-ce que la condamnation, la mise à mort de Jésus, sinon le rejet de cet amour donné par Dieu ? Qu’est-ce que la résurrection du Christ sinon l’expression que Dieu est capable de passer par dessus tous les rejets ?

La Bible semble dire que les fantômes pourraient être réels (1 Sam 28, Matt 14:26 et Luc 24:39). Jésus ne réprimande pas les disciples pour une croyance superstitieuse. Comment comprenons-nous cela ? [Lucie]

En réalité, le mot « fantôme » est un choix de certains traducteurs de Bible pour faciliter notre compréhension du texte. Le mot « fantôme » n’existe pas en tant que tel dans les textes originaux en grec et en hébreu.

Dans le Nouveau Testament, le terme original grec est le mot « esprit » (pneuma). Certaines éditions de la Bible choisissent de traduire ce mot tantôt par « fantôme », tantôt par « esprit » en fonction du contexte.

Lorsque la Bible parle des esprits, rien à voir avec l’idée qu’on se fait des fantômes aujourd’hui (des personnes décédées qui viennent hanter les vivants). Il ne s’agit pas d’une superstition pour autant. Dans le Nouveau Testament, Jésus et ses disciples sont régulièrement confrontés à des « esprits » qualifiés de « mauvais » ou « impurs ».

Jésus a autorité sur les esprits mauvais. Par la foi et par la prière nous pouvons user de son autorité pour chasser ces esprits qui asservissent les humains. (Voir par exemple Marc 9.14-29)

Je sais que notre objectif principal dans le ciel sera d’adorer Dieu- mais serons-nous en mesure d’interagir avec d’autres chrétiens- comme la famille et les chrétiens célèbres ? [Vav]

La Bible ne permet pas de répondre à votre question, même si c’est une question que beaucoup de personnes se posent. La Bible parle d’ailleurs très peu de « ce qui se passera pour nous dans le ciel » et toujours de façon évasive et imagée, et en général pour attirer notre attention sur le fait que c’est ici et maintenant qu’il s’agit de se tourner vers le Seigneur, et que la vie commencée avec Lui ici se continuera là-bas. Après… Difficile d’en dire plus, et il ne s’agit pas d’une démonstration mais d’une foi.

Pour ma part, dans la continuité, je pense que le type de relation qui existe ici entre les chrétiens par la prière EN JÉSUS-CHRIST (c’est à dire à travers son action à lui) n’est peut-être pas rompu. C’est ce que tente d’exprimer l’expression de « communion des saints » employée dans le Credo. Mais en même temps, jusqu’à la fin des temps et au retour du Christ, la mort reste une vraie coupure entre les vivants et les morts qui nous rappelle que nous ne sommes que des humains et que Dieu seul est au-dessus de cette condition limitée.