A la question « Qui est Jésus pour toi »- certains donnent cette réponse qui me paraît curieuse : « il est mon père ». Pourquoi ? [Nic]

Il ne me semble pas possible de prendre cette réponse pour un énoncé théologique général. Les personnes qui répondent ainsi disent « mon » père et définissent surtout par là le type de relation qu’elles entretiennent avec Jésus plutôt qu’une vérité théologique. De fait, quand Philippe dit à Jésus : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » Jésus lui dit: «Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père. (Jean 14. 8-9) Et Jésus a également affirmé son unité avec le Père. Par l’autorité dont il a fait preuve durant son ministère, et dont il fait encore preuve aujourd’hui quand nous prions en son nom et que nous sommes exaucés, Jésus peut apparaître aux yeux de certains croyants comme une figure de père. Mais il n’est pas Le Père.

Si j’ai un problème de sexualité travesti et masturbatoire- vers qui aller pour être aidé ? Cela ne m’a pas empêché de rencontrer Jésus- mais il semble que ça rende ma vie de foi difficile. [Pely]

‘ai d’abord à cœur de vous remercier pour la démarche que vous faites d’oser poser la question et de chercher à en parler pour ne pas rester enfermé dans la situation. Je trouve cela très courageux et cela me semble le premier pas vers votre apaisement. Je pense que la situation que vous vivez renvoie à des questions très personnelles et intimes. Il me semble nécessaire que vous puissiez trouver des personnes en qui vous avez confiance, qui sont elles-mêmes des disciples du Christ et qui sauront vous écouter et vous conseiller avec amour. Il y a des psychologues chrétiens qui peuvent à la fois vous aider sur le plan psychologique et vous orienter vers les bonnes personnes sur le plan spirituel. Ne restez pas dans la solitude, en tout cas, et soyez assuré de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. En lui, vous trouverez l’issue.

En fidélité au Lévitique- ne devrions nous pas nous aussi nous abstenir de relations sexuelles la veille de la Cène ? [André]

En tant que chrétiens, notre fidélité est d’abord placée en Dieu, manifesté en Jésus-Christ. Notre rapport à la loi n’est plus l’enjeu de notre fidélité. Nous n’avons pas à nous remettre sous son joug, car ce n’est plus à nous d’accomplir la loi, Jésus l’a fait. Nous avons à mettre notre foi en lui, qui n’a pas aboli la loi. De fait, la loi n’est pas abrogée et sa pertinence n’est pas effacée par la grâce de Dieu manifestée en Jésus-Christ. Ce que Dieu appelle mal dans la Bible ne saurait être appelée bien par nous, au prétexte que nous ne sommes plus sous la loi mais sous la grâce.

Cela étant dit, si vous et votre épouse estimez que l’abstinence la veille de la Cène est un bon moyen pour disposer vos esprits à recevoir plus pleinement la communion, je ne vois pas pourquoi il faudrait vous l’interdire. C’est la même chose avec la confession de vos péchés à un membre de la communauté, ou la réconciliation avec une personne de l’Église avec qui vous seriez en conflit, avant de partager la Cène avec elle.

Mariés depuis plus de 30 ans- je ne ressens plus de désir physique pour ma femme ni elle pour moi. Elle ne semble pas en souffrir. Je ne ferais de mal à personne en satisfaisant mes besoins avec une autre. Si je lui reste attaché est-ce un péché ? [Dominique]

Je ne suis pas sûr de comprendre exactement de quoi vous parlez, Dominique : de votre désir ou de vos besoins ? Pour ce qui me concerne, s’il y a bien une personne à qui je peux faire part de mes besoins, après Dieu, c’est ma femme ! Il me semble qu’il vous faudrait regarder plus profondément en vous ce qui fait que vous pensez avoir encore des besoins d’ordre sexuel sans plus éprouver de désir pour votre femme, qui est la partenaire que Dieu vous a donné pour vous combler sur ce plan. Vous me dites que votre femme « semble » ne pas en souffrir. Mais en avez-vous déjà vraiment parlé avec elle ? Êtes-vous franchement sûr que vous ne feriez de mal à personne en satisfaisant vos besoins avec une autre. Cette autre, serait-elle heureuse de savoir qu’elle est là dans votre vie pour satisfaire vos besoins ? Pensez-vous que vous pourriez vraiment rester attaché à votre épouse en vous liant sexuellement à une autre ? D’autant plus que la sexualité est sans doute un des moyens les plus forts pour rester attacher à son conjoint. Il n’y a pas que le couscous dans la vie !

La fidélité conjugale a été conçue à une époque où la plupart des gens mourraient très jeunes. Nous vivons maintenant beaucoup plus longtemps- on devrai évoluer non ? [Nath] ?

La fidélité est le moyen par lequel un homme et une femme s’engagent à être présents l’un pour l’autre dans les bons comme dans les mauvais moments de la vie. Ils se font ainsi le cadeau inestimable de la confiance mutuelle, dans un monde qui n’en offre franchement pas beaucoup. Je trouve donc qu’avec l’allongement de la vie, on a encore plus besoin de fidélité !

De plus, je crois que notre relation a Dieu ne dépend pas simplement de l’évolution de nos sociétés. Dieu lui ne change pas et sa parole demeure éternellement. L’appel à la fidélité qu’il nous lance (non seulement dans le couple mais aussi dans notre relation à lui, la foi) demeure donc, je crois, vrai en tout temps. Comment pourrions-nous faire confiance en un Dieu qui changerait tous les quatre matins ? Ce n’est pas nous qui sommes au centre de notre vie de foi, c’est Dieu ! En terme d’éthique, surtout, nous n’avons pas à faire évoluer notre positionnement en fonction des changements de la société, mais à rappeler la volonté de Dieu pour nous, volonté valable hier, aujourd’hui, toujours.

Comment comprendre le verset « Comme le Père m’a aimé- je vous ai aussi aimés ». Si Jésus est Dieu- qu’est-ce que ça veut bien pouvoir dire que Dieu aime Jésus ? Il s’aime Lui-même ? [René]

Comme vous l’avez bien cité vous-même, René, Jésus dit : « Comme le Père m’a aimé ». Il ne dit pas : « comme Dieu m’a aimé ». Il se désigne ainsi lui comme le fils, objet d’amour du Père. Ainsi, l’amour est ce qui unit les trois personnes de la Trinité (Père, Fils et Saint Esprit). On ne peut donc pas dire que Dieu s’aime lui-même, mais qu’il est amour (I Jean 4. 8 et 16).

de plus, la fin du verset que vous citez (Jean 15. 9) dit : « Demeurez dans mon amour ». Que ce soit en Église ou dans le couple (car la relation de couple, dans l’altérité homme femme, est la première image de la relation d’amour qui se trouve en Dieu) nous pouvons expérimenter cet amour qui unit sans confondre, cette relation faite de respect d’écoute de l’autre et d’humilité qui est le propre des relations entre les trois personnes de la Trinité. Et c’est ainsi que nous devenons des témoins de Jésus : « C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13.35)

Pourquoi notre jour mis à part est-il passé du sabbat juif (samedi) au dimanche ? [Jean]

Parce que c’est le jour de la résurrection de Notre Seigneur. Il s’est donné à voir le lendemain matin du sabbat, lorsque les femmes sont venues au tombeau pour prendre soin de son corps supplicié. Mais il est ressuscité ! Il a ainsi montré qu’en lui toutes choses étaient faites nouvelles. La nouvelle création a commencé avec ce premier-né d’entre les morts, pour ce premier jour de la semaine, nouvellement mis à part.

Certains prédicateurs prétendent ressusciter des morts car Jésus nous permet de faire les mêmes œuvres que lui. Qu’en penser ? [Augustinus]

Le Seigneur est souverain. Si pour que l’annonce de son royaume progresse, la résurrection d’un mort s’opère par sa grâce, je crois qu’Il peut le faire. Le danger est de penser que c’est tel ou tel prédicateur qui en a le « pouvoir », « l’autorité », alors que c’est une œuvre de Dieu, ou encore qu’une communauté où de tels miracles ne se produisent pas ne serait pas vraiment chrétienne. Si on affirme qu’un miracle s’est produit mais que cela a pour effet d’orienter le regard vers la personne par qui il s’est produit et pas vers le Christ, je crois qu’il faut se méfier.

Que choisir entre la guerre juste (Calvin et Bèze) ou les pacifistes (Trocmé- Lasserre- Brousson- Schweitzer) ? Le NT est-il ambigu ? [David]

Je crois que c’est surtout notre vie, marquée par le péché, qui est ambiguë. Dieu, en Jésus-Christ, est venue mettre la clarté de son esprit dans nos ambiguïtés. Cela étant dit, je crois qu’à la lumière du Nouveau Testament, nous pouvons dire qu’il n’y a pas de guerre juste. Il n’y a aucune « bonne raison » de tuer quelqu’un, même dans la guerre. Un général s’est d’ailleurs récemment exprimé sur la question : https://www.youtube.com/watch?v=sOZTgyiD-Zg

Une fois que l’on a dit cela, il faut aussi se rappeler que Dieu est venu jusqu’à nous en Jésus-Christ à cause de la dureté de notre cœur (Matthieu 19.8). Il ne justifie aucune des choses que cette dureté nous amène à commettre, mais il fait avec pour le tourner en bien, si nous ouvrons notre cœur à son action. Mais il ne me paraît pas possible de raisonner trop dans l’abstrait face à des questions aussi difficiles.

Si les prières restent parfois sans réponse même lorsque nous demandons de bonnes choses au nom du Christ- quelle assurance avons-nous que Dieu pardonne nos péchés lorsque nous le lui demandons ? [Jacques]

Cette assurance s’appelle Jésus-Christ. Il est venu, il a enseigné, il est mort et ressuscité pour assurer de la miséricorde et du pardon de Dieu à celles et ceux qui mettent leur foi en Lui. Il n’est pas venu pour répondre à toutes nos prières, quand bien même elles sont les mieux intentionnées. Pour citer un moine du mont Athos : « Si Dieu ne nous aimait pas, il exaucerait toutes nos prières ».