Une petite fille chrétienne parle de Dieu à son amie non chrétienne- qui lui dit « mais je ne le vois pas moi Dieu- donc il n’existe pas ». Comment la petite fille chrétienne peut-elle lui répondre ? [Sandy]

Cette amie non-chrétienne suppose que ce qui est vrai, c’est seulement ce qui peut se voir. On se souvient du premier cosmonaute,Youri Gagarine, qui affirmait, au retour de son vol orbital autour de la terre, qu’il n’avait pas vu Dieu ! Mais il y a beaucoup de choses que nous n’avons jamais vues, sans pour autant mettre en doute leur réalité. Si je vois un jardin bien taillé et entretenu, je ne doute pas un instant qu’un jardinier est passé par là. En contemplant les pyramides d’Egypte, ou la muraille de Chine, j’imagine ces milliers d’ouvriers qui ont contribué à sa construction, alors qu’il n’est resté d’eux aucune image. Et il est aussi bien des choses que l’on ne voit pas avec les yeux mais avec le coeur, comme l’a écrit l’auteur du Petit Prince.

L’Evangile de Jean nous dit que nul n’a jamais vu Dieu (et c’est normal parce que Dieu, créateur et source de tout ce qui est, est bien au-delà de notre vue) mais que le Christ nous l’a fait connaître. Et si nous écoutons sa Parole, si nous ouvrons non plus les yeux mais les oreilles, alors nous verrons les signes de la présence de Dieu dans ce monde et dans nos vies.

On me dit qu’on ne peut rien ajouter ni retrancher à la Bible. Pourquoi alors existe-il différentes bibles (catholique- protestante…)? L’une des deux serait-elle non valide/incomplète ? [Simon]

On ne peut effectivement rien retrancher ni ajouter au message de la Bible. Mais il nous est parvenu dans des langues inconnues du plus grand nombre, et il faut le traduire du grec, de l’hébreu… Ce travail n’est pas prêt d’être achevé puisque non seulement il existe encore beaucoup de peuples qui ne disposent pas de la Bible -en tout cas entière- dans leur langue, mais en plus toutes les langues évoluent, et il faut réviser les traductions existantes. Or aucune traduction n’est parfaite ! Traduire c’est toujours faire un choix, un compromis : doit-on rendre l’idée d’abord (le principe de l’équivalence dynamique, retenu pour la BIble en Français Courant), ou s’efforcer de respecter plus littéralement le texte original ? Parfois, des passages de la Bible nous paraissent obscurs. Il est bon alors de comparer les traductions pour se faire une idée plus précise de ce qu’a voulu dire l’auteur. Enfin, si nous avons du mal à comprendre ce que dit un auteur biblique, d’autres passages de la Bible sur le même sujet  pourront nous éclairer.

Mais vous évoquez sans doute le fait que les versions catholiques contiennent, pour l’Ancien Testament, des livres qui ne figurent pas dans les versions protestantes (Siracide, 1 et 2 Macchabées, Judith, Tobit, etc). Ces livres du Judaïsme, rédigés assez tardivement, se trouvaient dans le canon (c’est à dire la liste officielle) de la traduction de l’Ancien Testament dite des Septante, réalisée à Alexandrie au 3e siècle avant J.C. à l’usage des juifs de langue grecque. Mais ils n’ont pas été retenus dans le canon de la Bible hébraïque, qui, lui, a servi de référence aux Réformateurs. Les catholiques considèrent ces écrits comme « deutéro-canoniques », c’est à dire qu’ils ne sont pas reconnus d’importance aussi grande que les autres, que nous estimons -avec eux- pleinement inspirés. Les Réformateurs pour leur part les considéraient utiles pour la foi, bien qu’apocryphes (littéralement : « laissés de côté », c’est à dire pas considérés comme vraiment inspirés par l’Esprit Saint). D’ailleurs les anciennes éditions protestantes les incluaient, ils en ont été enlevés au XIXe siècle lors de la diffusion en masse de la Bible par les sociétés bibliques… par souci d’économie car à l’époque les livres coûtaient encore très cher ! Ils n’ajoutent ni n’enlèvent rien de décisif à la révélation du dessein de Dieu révélé à Israël et en Jésus-Christ.

 

 

 

 

La nouvelle traduction du Notre Père par l’Église catholique est-elle meilleure que la traduction oecuménique actuelle ? [David]

L’Eglise catholique a décidé ce changement dans la formulation commune du Notre Père : « Ne nous soumets pas à la tentation » est remplacé par « ne nous laisse pas entrer en tentation ».  Le problème est que le verbe grec eispherein, que l’on trouve aussi bien dans le texte de Matthieu que dans celui de Luc, signifie bien « transporter, mener,  induire, conduire, faire entrer dans ». Et non pas « laisser entrer ». Ce n’est pas la même chose ! Les tentatives de justifier ce changement sur la base d’une source littérale araméenne de la prière de Jésus paraissent très conjecturales, et surtout guidées par un présupposé : Dieu ne peut pas nous tenter, c’est l’oeuvre du Diable. Or Jésus lui-même a été poussé au désert par l’Esprit Saint pour y être tenté, éprouvé, le Diable lui-même étant soumis à la volonté de Dieu. Jésus a été tenté (y compris à Gethsémané et sur la croix) dans sa foi, dans sa relation au Père; La tentation est la condition de tout croyant. Dès que je crois, je suis exposé au combat -contre le doute. Et Paul précise que Dieu nous donne, avec l’épreuve-tentation, le moyen d’en sortir (1 Corinthiens 10,13). Jacques 1,13 « que personne ne dise c’est Dieu qui me tente, car Dieu ne tente personne » pourrait faire approuver le changement. Mais Jacques veut simplement rappeler que Dieu n’est pas à l’origine du mal, et qu’il ne le cautionne pas.

Bref, nous pouvons demander à Dieu de nous épargner l’épreuve que constitue la tentation, car nous sommes faibles. Mais nous n’avons pas à tenter de le « disculper » de toute responsabilité en modifiant le texte biblique, car c’est bien de cela qu’il s’agit.