Comment dépeindre le Saint-Esprit à des non-croyants ? [Manu]

« Dépeindre » le Saint-Esprit, cela est hors de portée pour quiconque, car Dieu est au-delà de toute représentation. La Bible nous parle de l’Esprit de Dieu comme du souffle, ce qui est une image très riche et suggestive. Jugez plutôt : Nous ne voyons pas le vent, mais nous en voyons et ressentons les effets. Nous ne pouvons le posséder, pas plus que l’on ne peut retenir l’air que l’on respire, mais sans lui nous ne pouvons subsister. Sans l’air qui propage les sons en vibrant, nous n’entendrions aucun son, aucune parole : de même, la Parole de Dieu annoncée et faite chair en Christ ne peut nous atteindre et nous relever si l’Esprit ne nous ouvre les oreilles et le coeur pour la recevoir. Et enfin, « Le vent souffle où il veut », dit Jésus à Nicodème (Jean 3,8). Là où est L’Esprit-Saint, là est la liberté ! Il est le Seigneur, c’est à dire Dieu à l’oeuvre dans notre vie et dans ce monde, puissance que nul ne peut limiter ni contrôler.

Que penser du panenthéisme ? [Pierre]

Oh là là ! Il faudrait écrire un livre pour vous répondre, et je ne peux qu’être très schématique ici. Car il est question de Dieu, et quand nous parlons de lui, nous arrivons très vite aux limites de ce que le langage humain peut exprimer, et au-delà de ce que notre pensée peut saisir.

Commençons par distinguer panenthéisme et panthéisme, lequel identifie le monde et Dieu : le tout, l’univers entier, est Dieu lui-même. Le panthéisme, présent notamment dans les religions de l’Inde, s’oppose clairement à la doctrine biblique de Dieu. En effet, par son acte créateur, Dieu se révèle comme un vis-à-vis du monde, distinct de lui, un Etre personnel (ainsi que les hommes créés à son image), qui entre en relation avec le monde, y intervient (contre le déisme, selon lequel Dieu laisse le monde fonctionner seul, un peu comme une horloge une fois remontée..).

Le panenthéisme, pour sa part, peut être en un sens davantage compatible avec ce que Dieu nous révèle de lui-même dans la Bible : panenthéisme signifie littéralement que Dieu est en toute chose, omniprésent dans le monde (c’est l’immanence de Dieu, son Esprit qui remplit toute la Création). Sans toutefois se confondre avec lui (on parle de sa transcendance, car Dieu est aussi « Père », c’est-à-dire origine, source de tout).

Est-il juste et biblique de faire la distinction suivante : A l’Etat la mission d’assurer la stabilité et la prospérité de la nation ; à l’Eglise celle de s’occuper seule des migrants ? [Philippe]

Dans la perspective biblique, l’autorité de l’Etat lui est déléguée par Dieu pour assurer le bien-être de tous, la justice, bref garantir à chacun liberté et protection éventuelle des plus faibles contre les plus forts, violents, exploiteurs, et autres oppresseurs. Lire par exemple Romains ch.13… Parmi les faibles et les opprimés aujourd’hui, il y a aussi ceux et celles qui, obligés de fuir dictatures, persécutions ou misères se voient déboutés du droit d’asile pour des raisons souvent électoralistes, notamment dans notre pays qui vient de durcir ses conditions d’accueil. Il est clair que les chrétiens (Eglises, associations) ne suffiront pas à la tâche pour suppléer à cette défaillance de l’Etat à assurer la justice, et heureusement que bien des non-croyants viennent en aide à ces gens en détresse sur la simple base d’un devoir d’humanité !

Nous devons donc respecter les personnes investies d’autorité (gouvernement, élus, magistrats, forces de l’ordre, etc), prier pour elles, mais aussi ne pas hésiter à les interpeller, voire à leur résister (pacifiquement bien sûr) quant elles dérogent au mandat qui est le leur. D’autre part, je voudrais lever une ambiguïté dans la formulation de votre question : en quoi la stabilité et la prospérité d’une nation seraient-elles menacées par une politique généreuse d’accueil et d’intégration ? Ceux qui bravent mille dangers et endurent mille épreuves pour parvenir en Europe constituent une élite profitable aux pays d’accueil. C’est ce que Louis XIV a oublié en révoquant l’Edit de Nantes, en 1685 : des centaines de milliers de protestants sont allés enrichir la Suisse, l’Allemagne, les Pays-Bas, etc. de leur savoir-faire et de leur dynamisme.

y a-t-il une différence entre les justes dont Jésus-Christ parle en Mathieu et ceux qui ont cru en Lui (chrétiens- élus) ? [Jean-Claude]

Je crois qu’il s’agit des mêmes ! Jésus,dans l’Evangile selon Matthieu, attend de ses disciples qu’ils pratiquent la justice, c’est à dire vivent en conformité avec la volonté de Dieu. C’est exigeant. Parfois on a essayé de contourner cette exigence en expliquant,par exemple, que ceux qui seront reconnus justes à la fin des temps, qui auront visité, nourri  ou habillé les « plus petits des frères » de Jésus (voir Matthieu 25,31-46) seront les non-chrétiens qui auront fait bon accueil aux envoyés du Christ, donc aux croyants. Mais ces interprétations sont fragiles, et se heurtent à la mise en garde du Seigneur : « si votre justice ne surpasse pas celle des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume » (Mt 5,20) et à bien d’autres paroles semblables. Croire en Jésus, se convertir, c’est changer de vie ! C’est impossible à vues humaines, il est vrai. Mais le Seigneur nous promet son aide. Il ne s’agit pas de mériter, d’acheter notre Salut, bien entendu. Mais il s’agit de manifester que nous appartenons désormais au Seigneur.

Est-il possible qu’un homme (de foi chrétienne) livre un autre à Satan ? Que pensez des propos de Paul dans 1Tim 1:20 ? [Jin]

Hyménée et Alexandre, écrit Paul à Timothée, sont de ceux qui ont rejeté leur propre conscience et connu un naufrage de leur foi (1 Tim 1,19). Ils ont blasphémé, c’est à dire porté atteinte au Seigneur et à sa bonne nouvelle, peut-être en affirmant des doctrines fausses (voir 2 Tim 2,17s, où un certain Hyménée fait partie de ceux qui rejettent la résurrection à venir). Ou peut-être, ces deux hommes ont-ils commis une grave faute morale, source de scandale pour l’Eglise. Paul, ainsi, « livre à Satan » un membre de l’Eglise de Corinthe qui vit avec la femme de son père (1 Co 5,5).

Reste à comprendre le sens de l’expression « livrer à Satan ». Paul a dû demander qu’ils soient expulsés de la communauté chrétienne, rejetés dans le monde, où règnent le mal, l’incrédulité… Mais dans quel but ? Paul écrit lui-même : « afin qu’ils apprennent à ne plus blasphémer ». Il vise donc, en demandant cette mesure disciplinaire, leur pleine réintégration ; sa visée c’est de provoquer un changement en eux, pas de les condamner aux peines éternelles. Un commentateur de ce passage relève que le fait de livrer quelqu’un à Satan, Dieu lui-même l’a déjà fait en permettant que Job subisse de la part de l’adversaire les épreuves que l’on sait (voir Job, chapitre 1). De même, Jésus a été poussé par l’Esprit Saint dans le désert pour être éprouvé par le Diable. Job comme Jésus sont sortis vainqueurs de ce qui constituait une mise à l’épreuve de leur confiance en Dieu, de leur foi. Peut-être en a-t-il été de même pour Hyménée et Alexandre ? Souhaitons-le leur !

Dieu qui est Dieu- n’est pas humain- alors comment pourrait-il avoir un Fils ? Et nous qui appelons Dieu notre Père- comment sommes-nous devenus enfants (fils et filles) de Dieu ? [Peps]

Voilà une question proprement théo-logique. La première règle quand on parle de Dieu, c’est de se rappeler que paradoxalement, Dieu est connu comme inconnaissable, compris comme incompréhensible. Parce que nos raisonnements et nos mots humains ne sauraient « l’enclôre », comme disait Jean Calvin, le définir, le délimiter donc symboliquement. Nous n’avons pour parler de lui que l’analogie, la comparaison avec ce que nous pouvons connaître en tant qu’humains, et ce que Dieu surtout veut bien nous révéler de lui. La Bible nous dit que Jésus est homme, mais qu’il est aussi Dieu, le verbe éternel (voir le prologue de l’év. selon Jean, entre autres et nombreux textes). Donc pas une simple créature. D’où – l’image -car c’en est une de la relation Père-Fils, puisqu’un père ne « crée » pas son fils, il l’engendre. Nous recevons à notre tour, par notre union à Jésus-Christ, ce statut filial, mais nous ne sommes pas divins bien sûr ! Dieu nous « adopte » comme ses enfants, pour reprendre là aussi une image biblique.

Il y a une trentaine d’années- j’ai très très sévèrement rossé un voyou qui attaquait physiquement ma Mignonne. Quel est le point de vue du Seigneur face à mon attitude ? [Michel]

Le Seigneur ne fait pas partie de l’équipe des répondants à 1001questions.fr ! Mais ses membres lui demandent son aide dans la prière et par la méditation de sa Parole pour vous répondre de la façon la plus juste et utile qui soit possible.

Il est clair que la Parole de Dieu rejette la violence, et que celle-ci n’est pas un remède efficace à la violence. Mais vous avez été confronté à une situation de danger, d’urgence, face à laquelle vous ne pouviez rester passif, et que vous avez gérée comme vous avez pu. Souvent on regrette (même longtemps après !) d’avoir agi de façon disproportionnée, sous le coup d’une émotion forte, telle que la colère, face à une agression (qui touche en plus, comme dans le cas que vous évoquez, quelqu’un de très cher). Nous pouvons demander à Dieu de nous aider à en rester maîtres, à trouver l’attitude qui permettra d’éviter que tout dégénère. Et lui demander pardon quand nous n’y arrivons pas, conscients que nous ne sommes pas des anges et que le chemin est long pour guérir de nos pulsions. Quant au voyou, peut-être a-t-il tiré aussi un enseignement de cette altercation ?

Que faire d’un verset comme Lév 19:19 qui interdit le port de chaussettes en coton et polyamide ? [Pierre]

Le tour humoristique de votre question montre bien que vous avez déjà une partie de la réponse : il ne faut pas confondre l’esprit et la lettre de la Loi de Dieu. Lv 19,19 interdit l’association d’espèces différentes (d’animaux, de semences, et, donc, de fibres textiles). Pourquoi ? C’est effectivement mystérieux, surtout au milieu d’autres commandements de ce chapitre 19 qui nous semblent beaucoup plus clairs, comme l’amour du prochain, la prise en charge du pauvre, l’accueil de l’étranger, le souci de la justice… Il est au centre du code de Sainteté, qui s’étend des chapitres 17 à 27. La sainteté, c’est le fait d’être  « à part », consacré, réservé pour le Seigneur. Parce que Dieu est Saint. Il crée d’ailleurs en séparant (voir le premier chapitre de la Genèse) lumière et ténèbre, terre et mer, etc… Israël, peuple choisi par Dieu, doit refléter sa sainteté dans tous les domaines de la vie et rejeter tout ce qui est du domaine du mélange, de la confusion.. Donc l’interdit que vous pointez a une valeur symbolique. En Jésus-Christ, l’alliance devient universelle, s’étend à tous les peuples de la terre et nous ne sommes plus soumis à la lettre de ces lois et rituels qui relèvent de l’ancien culte. Peut-être, simplement, nous invitent-ils à nous interroger sur toutes les confusions dans lesquelles notre nature de pécheurs peut nous enfermer, et comment justement nous pouvons manifester le statut nouveau de sainteté que nous confère notre union à Jésus-Christ ! Car être saint, c’est ne plus nous appartenir nous-mêmes, puisque le Christ nous a rachetés une fois pour toutes, pour que nous lui appartenions tout entiers.

Est ce qu’être Rotarien ou Lion’s est compatible avec la foi chrétienne? [Koko]

Le Rotary ou le Lion’s sont des « clubs service » qui ont pour vocation d’associer leurs membres pour des buts éducatifs ou humanitaires (par exemple octroyer des bourses d’études à des jeunes défavorisés), en fonction de valeurs communes. Les chrétiens y ont leur place, tout comme dans les partis politiques, les syndicats, et autres associations véhiculant une certaine vision de l’homme et de la société. Ils peuvent y rendre témoignage en actes de leur amour du prochain, de leur foi et de l’espérance qui leur est donnée en Jésus-Christ. Bien sûr, on pourra soupçonner parfois tel ou tel membre d’un club de ce genre de se servir du réseau de relations auquel il a ainsi accès à des fins personnelles, mais c’est à chacun d’être au clair sur ses intentions !

«Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants» (Matthieu 27-25). Comment interpréter cette sentence ? Cette condamnation criée par la foule juive est-elle malédiction définitive ? [Ernest]

Cette formule (littéralement dans le texte grec : « son sang, sur nous et sur nos enfants ») se retrouve par ailleurs dans l’Ancien Testament, elle signifie : « nous assumons la responsabilité de cette condamnation à mort », pour nous et nos descendants. Il n’est pas exclu, comme c’est parfois le cas dans les récits de la passion de Jésus, que l’Evangéliste prête un double-sens à cette déclaration (comparer avec Jean 11,50-51; 18,37; 19,21-22) : elle pourrait être aussi une prophétie involontaire, attestant que le sang versé par Jésus, comme celui de l’animal sacrifié lors de la fête du Yom Kippour, est offert en rémission des péchés du peuple.

Quoi qu’il en soit, cette sentence marque le refus par le peuple et ses chefs religieux de reconnaître que Jésus est le Messie, et leur volonté de voir mis à mort celui qu’ils considèrent comme un blasphémateur. Elle ne peut servir à justifier l’antisémitisme et la persécution des juifs, comme ce fut, hélas, si souvent le cas au cours des siècles.