Le symbole des apôtres (le credo) qui résume la foi chrétienne dit effectivement que le Christ est « monté au ciel », et qu’il « siège à la droite de Dieu, le Père tout puissant », citant lui-même de nombreux passages du Nouveau Testament. Mais il ne faut pas se laisser piéger par le vocabulaire. Le ciel n’est pas un lieu particulier, mais une image, une représentation pour désigner ce qui appartient à Dieu, voire Dieu lui-même. La « montée au ciel » de Jésus-Christ signifie donc la fin de son ministère parmi nous, car Jésus, c’est Dieu qui nous a pleinement rejoints dans notre humanité en se dépouillant de sa gloire divine (Philippiens 2,6ss). C’est ce que les chrétiens reconnaissent en confessant la Trinité : Dieu est à la fois UN et Père (Créateur), Fils (Sauveur) et Saint-Esprit (Seigneur). Le fait d’être désigné comme « assis à la droite de Dieu » (référence au Psaume 110,1) signifie que Jésus, par sa mort et sa résurrection, a reçu la place d’honneur du Messie, celle du « fondé de pouvoir », comme l’écrit un commentateur de ce Psaume (de même qu’un chef parle de son plus proche collaborateur comme de son « bras droit »). Autrement dit, comme l’écrivait Luther, si nous voulons trouver Dieu, il ne faut pas chercher à escalader le ciel (c’est-à-dire nous livrer à des spéculations philosophiques ou à des expériences mystiques), mais nous rendre à Bethléhem.
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La Trinité résumerait Dieu à un Père, un Fils et un Esprit-Saint ? Dieu est plus grand que ça, on ne peut pas capter sa nature ; c’est dur de le diviser en trois. Jésus serait Dieu et Fils de Dieu ? [Sarah]
Oui on ne peut pas limiter Dieu dans des définitions.
Mais en même temps on a besoin d’éléments pour le comprendre.
Dire qu’il est Père est un langage pour nous exprimer qu’il est un Dieu relationnel et pas seulement un « étant ».
Dire qu’il est Fils nous dit que quand on regarde Jésus, on voit le Père.
Dire qu’il est Saint-Esprit nous explique que Dieu n’est pas seulement créateur (début), sauveur (milieu), mais qu’il est aussi actuel.
Et dire que Dieu est un et trois à la fois, c’est aussi nous dire qu’il ne faut pas rêver de comprendre parce que c’est mathématiquement impossible. Définir avec de l’incompréhensible, c’est justement dire que ça dépasse nos capacités de perception.
La Trinité est donc un langage.
Ce n’est pas une définition de l’être de Dieu.
C’est une pédagogie.
Comment expliquer simplement ce qu’est la Trinité ? [Kristina]
Alors là, ce n’est pas simple.
Parce que la Trinité est de l’ordre de la parabole : en effet, pour faire comprendre ce qu’elle recouvre, il faudra plutôt des images qu’une prétention à une description scientifique. Aussi voici quelques mini-paraboles. Toutes ont leurs limites… et donc leurs imprécisions.
La Trinité, c’est comme…
- L’œuf. Il y a le blanc, le jaune, la coquille. Ils sont distincts. Mais séparés, ce n’est plus vraiment un œuf.
- L’eau. Quand il fait -10° celsius, elle est solide. Quand il fait 10° elle est liquide. Quand il fait 110° elle est gazeuse. Et pourtant, c’est toujours de la molécule H2O.
- Et puis il y a le sacro saint hand spinner…
Il est d’usage de prier Dieu au nom de Jésus, par l’Esprit saint. Mais si Jésus (le Fils) et l’Esprit sont Dieu aussi, peut-on prier Jésus et l’Esprit ? [Tuisku]
Dans l’Église réformée, il est effectivement d’usage de prier le Père (et non pas Dieu qui est aussi Fils et Esprit saint, comme vous le dites bien). C’est bien ce que Jésus dit : « tout ce que vous demanderez au Père en mon nom » (Jean 15 / 16) et que Paul confirme : « rendez toujours grâces pour tout à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ » (Éph. 5 / 20). Ainsi, tant pour demander que pour remercier, la prière s’adresse à Dieu le Père au nom de Jésus, et c’est là aussi que se reçoit l’exaucement : « il vous le donnera en mon nom » (Jean 16 / 23). La personne de Jésus-Christ est le lieu de la prière (« en mon nom »), l’agent de cette prière étant l’Esprit (Rom. 8 / 15. 26-27). La prière, c’est l’élan des enfants de Dieu vers leur Père.
Ceci étant dit, la Bible se termine sur une prière adressée au Fils : « Viens, Seigneur Jésus ! » (Apoc. 22 / 20) Et la vision d’Ézéchiel nous montre le prophète invoquant l’Esprit sur les ossements desséchés redevenus chair (Ez. 37 / 9-10).
On prie donc le Père ; on appelle la venue du Fils unique, dont on chante aussi la gloire ; et on invoque l’Esprit.
Dans d’autres traditions d’Église, on prie plus facilement Jésus.