Comment des gens peuvent croire qu’un affreux leader puisse être le Messie ? [Sylviane]

Je ne sais pas, Sylviane, à quel « affreux leader » actuel ou passé vous faites allusion mais l’explication de ce phénomène tient, dans la plupart des cas, en un seul mot : séduction.

Déjà au temps de Jésus et avant lui parmi les juifs, plusieurs personnages se sont présentés comme l’envoyé de Dieu, le sauveur qui allait restaurer la grandeur d’Israël ; certains sont cités par Gamaliel en Actes 5,36s. Jésus avait prévenu : « Beaucoup d’hommes viendront en usant de mon nom et diront : je suis le Messie ! Et ils tromperont quantité de gens » (Marc 13,6).  Ces faux libérateurs annonçaient aux gens ce qu’ils avaient soif d’entendre, des promesses de libération, de bonheur, de paix et de prospérité. Depuis, le charisme de tel ou tel (par exemple son pouvoir de guérison) et sa capacité de persuasion ont pu entraîner aussi beaucoup à voir en lui le Christ : un exemple célèbre au siècle dernier est celui de Georges Roux,  que l’on a surnommé le « Christ de Montfavet », auto-proclamé « Christ re-manifesté ». On peut aussi mentionner, pour leur capacité d’emprise sur leurs adeptes, Gilbert Bourdin, « messie cosmo-planétaire » à Castellane, sans oublier Claude Vorillon, alias Raël qui s’en serait allé en octobre 1975 sur un vaisseau d’extra-terrestres retrouver Bouddha, Moïse, Mahomet et Jésus…

En un mot : plus c’est gros, plus ça passe, dans notre monde en mal de repères et d’espérance.

Notons que pour sa part, Jésus a refusé de faire des disciples par la séduction ou des promesses mirobolantes : il les exhorte au contraire à renoncer à eux-mêmes, et à le suivre. Il affirme que le plus grand, c’est le serviteur de tous et il en donne lui-même l’exemple. Il refusera même de faire un miracle à ceux qui le lui demandent (Matthieu 12,38-40).

Paul dit en Ephésiens 2-19 qu’il n’y a plus d’étranger- et Hébr. 11-13 ou 1 Pierre 2:11 qu’on est tous étrangers… Pourquoi ? [Jean]

Cher Jean, c’est le contexte dans lequel il est utilisé qui permet de comprendre le sens que l’auteur biblique donne au mot « étranger », c’est à dire par rapport à qui ou à quoi on l’est.

Or dans les cas que vous citez, les contextes ne sont pas les mêmes : Paul en Ephésiens 2,19 s’adresse aux chrétiens qui ne sont pas d’origine juive : ils étaient étrangers au peuple de l’Alliance (Israël), et désormais par le Christ ils en font partie intégrante. Les textes d’Hébreux et de 1 Pierre, pour leur part, nous rappellent que nous ne sommes que résidents temporaires, migrants en ce monde, que notre ultime patrie est devant nous : c’est le Royaume de Dieu, que nous espérons et préparons. Nous sommes donc étrangers et voyageurs de passage sur la terre, mais frères et soeurs en Christ, membres du peuple de Dieu par-delà toutes les barrières ethniques, sociales, etc.

Rassurez-moi : l’Israël dont on parle dans la Bible, ce n’est pas la même chose que l’État d’Israël actuel ? [Simon]

Pourquoi, Simon, avez-vous besoin d’être rassuré ? Le Saint-Esprit n’a-t-il pas interprété pour votre propre vie les textes en question ? Car cela seul compte. La Bible ne parle prioritairement ni d’histoire ni de futur, mais de présent, votre présent ! (et le mien…), et pas celui des États actuels, passés ou à venir.

Lorsqu’elle parle de l’histoire d’Israël, c’est donc dans ce but, c’est à travers l’histoire et la foi de ce peuple de l’Antiquité que nous sommes appelés à comprendre la grâce de Dieu manifestée pleinement en Jésus-Christ, et donc notre propre foi comme croyants et comme Église, peuple des croyants comme l’était l’ancien Israël.

Humainement, celui-ci se continue de manière différenciée dans le peuple juif d’une part, rassemblé par la version rabbinique du judaïsme depuis le IIe siècle de notre ère, et dans l’Église chrétienne d’autre part, dans laquelle « il n’y a plus ni Juif ni Grec » (Épître aux Galates, chapitre 3, verset 28). La relation entre ces deux « héritiers » est évoquée par l’apôtre Paul à plusieurs reprises, notamment dans l’Épître aux Romains, chapitres 9 à 11, et aussi dans l’Épître aux Galates, du chapitre 4 verset 21 au chapitre suivant, verset 6.

La Bible ne parle évidemment pas de l’État d’Israël contemporain, qui n’est pas même fondé dans le judaïsme rabbinique, mais dans le sionisme laïque et l’identité ethnique. Quant à la question du salut du peuple juif non-chrétien, il vaut mieux relire Saint Paul plutôt que de  se perdre dans des spéculations apocalyptiques sur les « signes » actuels, bien ambigus…

 

Pourquoi dit-on « le Fils Prodigue » alors que celui qui est vraiment dans la prodigalité, c’est le père de la parabole ? [Gustavo]

On invente bien les titres et intertitres qu’on veut, ils ne font pas partie du texte biblique !

Ceci étant posé, Gustavo, l’accent est principalement mis, dans ce passage de l’Évangile selon Luc (chapitre 15, versets 11 à 32), sur celui des deux fils qui est parti de chez son père dès sa moitié des biens reçue, et qui a tout dépensé. Pourtant, toute la fin de la parabole nous montre plutôt l’autre fils, qui est resté, devenu propriétaire, mais qui n’en a jamais profité.

Faut-il parler de la prodigalité du père ? Mais lui n’a rien dépensé, il a donné à chacun des fils la part d’héritage qui lui serait revenue. Il s’est certes dépouillé, mais au profit de ses enfants dont il reste le père – c’est sa qualité et son bien principal ! Sa paternité va s’exercer différemment selon la vie et les choix des deux fils : il va recevoir comme son fils « perdu » celui qui revient, et il va réprimander le fils resté, mais qui n’a jamais compris son propre statut filial !

La question du texte n’est pas de savoir qui fut prodigue, mais où je me situe moi-même : au bénéfice de la grâce de Dieu, comme « le fils prodigue », ou bien dans l’illusion d’une appartenance nourrie de mon propre mérite ?

 

 

Quelles sont les conséquences du légalisme d’après la Bible- et comment en sortir concrètement ? [Luc]

On peut définir le légalisme comme l’attitude qui consiste à donner à la Loi une valeur salutaire (littéralement : source de salut). Cette attitude est largement débattue dans le Nouveau Testament, en particulier dans les épîtres pauliniennes. Paul s’adresse en effet à des communautés imprégnées de judaïsme, et donc héritières de la loi mosaïque.

Dans ce contexte, une des affirmations centrales de la nouveauté chrétienne est : « Personne ne sera reconnu juste devant Dieu pour avoir accompli ce qu’ordonne la loi […] Dieu rend les hommes justes à ses yeux par leur foi en Jésus-Christ » (Rm 3, 20 et 22).

Que se passe-t-il pour des chrétiens qui resteraient sous le joug de la loi ? Je vois essentiellement 4 possibilités, qui sont toutes lourdes de conséquences :

– Une situation de dépendance, ou d’esclavage, qui rend vaine la libération acquise par la mort et la résurrection du Christ (Ga 5, 1).

– Une mort spirituelle (Rm 7, 5). Jésus compare ceux qui ont une position légaliste, scribes et pharisiens à des « sépulcres blanchis » (Mt 23, 27).

– L’anathème, autrement dit la séparation du Christ.

– Le jugement, puisque Dieu nous jugera selon la mesure avec laquelle nous avons nous-mêmes jugé (Mt 7, 2)

Alors, comment en sortir ? Voici 3 pistes :

– En accueillant pleinement l’Esprit du Seigneur ressuscité, car la loi de l’Esprit a remplacé la loi écrite, et que « là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3, 17).

– En cherchant la sanctification, une vie où tout est permis, mais tout n’est pas souhaitable, ni utile à la communauté.

– En s’efforçant de faire émerger des compromis sur des questions de discipline et de vie commune, en fonction du contexte, à l’image de l’accord trouvé lors du concile de Jérusalem (Actes 15).

Une question à creuser encore, sans aucun doute !

Si Dieu nous a choisis avant la création du monde- a-t-Il choisi des gens pour chuter ? Voir Ephésiens 1:4-5 [Blanche]

La question que vous posez, Blanche, concerne ce que l’on appelle traditionnellement la double-prédestination. Le passage que vous citez emploie bien le terme grec qui, en français, donne prédestination. Il est utilisé ici seulement à propos des croyants (les « saints »), et ne dit rien des personnes perdues pour le salut. C’est donc de simple prédestination (et non de double) qu’il s’agit ici.

Dans sa version « simple », la prédestination est déjà une idée difficilement compatible avec l’idée qu’il puisse exister une réelle liberté humaine. Mais encore plus avec celle d’une foi qui passe par un chemin de conversion, de changement intérieur impliquant repentance et accueil de la grâce divine. Si tout est écrit d’avance, pourquoi se mettre en souci de son salut ?

Ce souci augmente d’autant plus si, vis-à-vis de certaines personnes, Dieu ne manifeste pas seulement de l’indifférence, ou son oubli, mais une condamnation écrite d’avance. Comment comprendre alors tout ce que Dieu a mis en place dans son plan de salut, et notamment la loi qui entraîne que « toute bouche soit fermée et que le monde entier soit coupable devant Dieu » (Rm 3, 19) ?

Il me semble que l’Ecriture penche plutôt dans son ensemble vers un Dieu qui donne sa chance à l’humanité. Un Dieu dont il faut entendre avant tout la volonté de sauver les croyants (1 Tim 2, 15), tous les hommes (1 Tim 2, 4) et même la création entière (Rm 8, 21).

Cette volonté n’exclut pas un jugement que, parmi d’autres textes, certaines paraboles professées par le Christ invitent à prendre très au sérieux.

Je ferai encore deux remarques sur cette question difficile et souvent débattue.

Dans le passage d’Ephésiens, il est frappant de constater la centralité du Christ dans le choix de Dieu. Tout se fait en lui, par lui et pour lui. Or ce Christ, il est folie de Dieu plus sage que la sagesse humaine. Il ne peut que nous inciter à une certaine prudence concernant la connaissance des fins dernières.

Enfin, dans « prédestination », nous entendons « destin », mais nous pouvons entendre aussi « destination » : c’est en vue de certaines œuvres de louange à Dieu et d’amour que nous avons été choisis. Nous pouvons débattre de l’ampleur de ce choix. Mais ce que nous ne pouvons surtout pas faire, c’est passer à côté de ce pourquoi nous avons été appelés :  répondre à son adoption en « célébrant la gloire de sa grâce » (Ephésiens 1, 6) avec tout ce que nous sommes. Il importe moins de savoir comment nous avons été choisis, que de savoir en vue de quoi nous l’avons été.

Un chrétien qui choisit l’assistance médicale à mourir risque-t-il de compromettre son entrée dans la vie éternelle ? [Lvet]

Votre question, Lvet (seriez vous helvète ?) a été posée récemment par un responsable évangélique français qui suit de près les travaux de l’Assemblée Nationale autour du projet de loi relatif à l’aide à mourir. Il écrivait : « Face au don de Christ sur la croix, la question de l’impact d’un suicide assisté sur le salut du chrétien se pose ». Mais il a eu la prudence d’ajouter : « Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai pas de réponse spirituelle universelle à cette « rupture éthique » dans notre société française ».

Les rares mentions de suicide dans la Bible, assisté ou pas (Ahitophel, Achab, Judas…) sont le fait d’hommes désespérés par l’impasse où leurs choix les ont conduits, et fermés au pardon et à la grâce de Dieu. Mais si nos actes malheureux, y compris ultimes, devaient nous priver du Salut, alors, qui pourrait être sauvé ? J’ai connu des chrétiens sincères qui, dans un moment de désespoir, de dépression ou de solitude, ne supportaient plus de vivre et ont commis ce geste fatal. Comment oser les juger ou leur dénier le statut d’enfant de Dieu ?

Ma conviction est que notre Salut éternel ne se joue pas dans nos actes, nos décisions et comportements, même si certains textes bibliques trop vite lus pourraient nous faire penser le contraire (comme : « sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie », Apocalypse 2,10).  Le Salut m’a été accordé une fois pour toutes par la croix de Jésus-Christ. Il ne dépend pas de la qualité de mes oeuvres, de mes choix, mais de l’amour de Dieu qui m’a précédé et élu de toute éternité (Ephésiens 1,5-7). Et c’est dans la confiance, dans la foi, que j’entends son appel, et reconnais ce cadeau de la grâce, dont je suis appelé à vivre.

C’est ici que commence la réflexion éthique qui doit, semble-t-il, dans une perspective chrétienne, nous faire préférer le développement des soins palliatifs, l’accompagnement de la vie et la prise en charge des plus fragiles jusqu’au bout, à une légalisation de l’euthanasie. Elle autorisera malgré les « garde-fous » promis tous les dérapages : pressions économiques, sociales, psychologiques, directes ou insidieuses, sur ceux et celles qui arrivent aux limites de la vie…  Le même responsable évangélique que j’évoquais ci-dessus cite à ce sujet Albert Schweitzer : « À certains moments de notre vie, notre propre lumière s’éteint et se rallume par l’étincelle d’une autre personne. Chacun de nous a des raisons d’éprouver une profonde gratitude pour ceux qui ont rallumé la flamme en nous. »  

 

Les pentecôtistes parlent en langues, un langage incompréhensible. Je pensais qu’Actes 2 faisait référence au fait de parler en langues étrangères, compréhensibles ; non ? [Julie]

Vous pensiez juste ! Le texte du chapitre 2 des Actes des Apôtres parle effectivement de « xénolalie », le fait de parler en langues étrangères, non connues des locuteurs. Évidemment, le but de cette xénolalie est que l’annonce de l’Évangile soit reçue par tout le monde. Cela restera la préoccupation majeure des chrétiens. Dès le 2e siècle et encore aujourd’hui, les Églises et Sociétés bibliques traduisent la Bible dans toutes les langues et tous les niveaux de langue possibles et imaginables.

Mais d’autres textes bibliques parlent bel et bien de « glossolalie », qui est le fait de parler, prier ou chanter en une langue inconnue sous l’action du même Saint Esprit. Le but est autre : c’est d’être libéré de ce qui nous empêche intérieurement de prier librement le Seigneur, et notamment du langage appris. Une telle expérience, si elle libère celui qui en est le bénéficiaire, ne sert pas à faire comprendre l’Évangile, elle n’édifie pas (sauf à être traduite par une autre révélation « en clair »). C’est ce que l’apôtre Paul expliquait aux Corinthiens, notamment au chapitre 14 de sa première épître.

Dans la même épître, au chapitre 13, il évoquait « les langues des humains et des anges », c’est-à-dire et la xénolalie et la glossolalie.

Ceci dit, cette expérience du « parler en langues » n’est pas limitée au pentecôtisme, elle peut se produire dans n’importe quelle dénomination ou confession chrétienne, dite alors charismatique. Par ailleurs dans les milieux ordinairement pentecôtistes ou charismatiques, on considère que c’est le moindre charisme, celui qui manifeste le « baptême du Saint-Esprit », lequel Esprit accomplit beaucoup d’autres choses, de la prédication aux guérisons, etc.

Ce qui distingue ordinairement le pentecôtisme, c’est de considérer que ce don est obligatoirement reçu par les chrétiens, et que ceux (ou les Églises) qui ne l’ont pas reçu ne peuvent pas en faire l’économie.

La création de l’État moderne d’Israël en 1948 est-elle susceptible d’être un signe eschatologique important ? [Daniel]

Question brûlante d’actualité, Daniel, ce qui explique peut-être le temps assez long mis à vous répondre !

Les prophètes de l’Ancien Testament annoncent la venue d’un Messie, descendant de David, précédé par le retour du prophète Elie, et qui délivrera le peuple d’Israël de ses oppresseurs, le rétablissant dans sa grandeur. Ce sera le « jour de l’Eternel », jour du jugement universel, dont parle par exemple Malachie (3,22-23). Dans le judaïsme, l’attente messianique du Salut s’est accompagnée d’un accent particulier sur le don à Israël, descendance d’Abraham, d’une terre promise pour toujours, et qui donc lui reviendra en même temps que la délivrance.

Les prophéties qui annonçaient le retour des juifs dans leur terre (voir par exemple la 2e partie du livre d’Esaïe, les ch.40 à 55 ou les ch. 37 à 39 du livre d’Ezéchiel) se sont réalisées avec le retour de l’exil à Babylone. Comme la répétition de la sortie d’Egypte et de l’entrée en Canaan. Aux 19e et 20e siècles, ce désir de la Terre promise s’est traduit politiquement par le Sionisme et la création d’un Etat permettant aux juifs de ne plus être dispersés, ni à la merci des pogroms et persécutions séculaires qu’ils ont subies, culminant dans la Shoa orchestrée par les nazis, et ses six millions de victimes en Europe.

Pour les Chrétiens, Le Messie d’Israël et le Salut de Dieu sont venus en la personne de Jésus.  Ses disciples, souffrant toujours de l’occupation romaine, manifestaient leur espérance du rétablissement d’un Israël fort :  voir leur question en Actes ch.1, v.8, à laquelle Jésus n’a pas répondu, car il n’a pas proclamé son règne par la force d’un pouvoir politique ou militaire, mais par le don de lui-même, l’abaissement de la croix et la victoire sur la mort au matin de Pâques. Il a accompli la promesse faite à Abraham d’une bénédiction pour tous les peuples de la terre (Genèse 12,3), et d’un Messie humble bien que victorieux (Zacharie 9,9).

Bibliquement, le signe annonçant que nous sommes entrés dans les derniers temps précédant son retour (eschatos en grec signifie « dernier »), c’est bien la première venue de Jésus-Christ et l’annonce de la bonne Nouvelle : en Iéchoua, le Messie, Dieu manifeste son amour à tous les hommes. Parce que le choix du peuple d’Israël par Dieu pour se révéler au Monde n’implique pas l’exclusion des autres peuples, bien au contraire. Les auteurs de l’A.T. l’avaient bien compris en voyant en Jérusalem le lieu de rassemblement de tous les peuples. Lire par exemple le Ps 87. Ou Genèse 13 : Abraham, parce que Canaan lui a été donné, peut justement partager cette terre avec son neveu Lot (ancêtre de Moab, des Jordaniens, voire des Palestiniens !).

Je me garderai ici de proposer une solution au conflit qui oppose depuis 1948 l’Etat d’Israël à ses voisins et aux Palestiniens, et qui atteint un degré épouvantable d’horreur depuis le 7 octobre 2023. Je me bornerai à renvoyer à la Déclaration de Larnaca, signée à Chypre en 2016 par des chrétiens palestiniens et des juifs messianiques. Se reconnaissant frères en Jésus-Christ et conscients de leurs désaccords sur l’analyse de ce conflit, ils sont convenus néanmoins que : 1) croire que Dieu a donné cette terre de Palestine à Israël n’implique pas d’en rejeter les Palestiniens, et 2) croire que  les prophéties se sont réalisées en Christ n’implique pas de refuser à Israël le droit à une Patrie pour y vivre en sécurité.

 

 

1 Corinthiens 15:24-28 semble infirmer le dogme de la Trinité ? [Irgalan]

Votre question, Irgalan, est sans doute surtout motivée par le verset 28 : « Lorsque tout lui aura été soumis, alors le Fils lui-même se soumettra à celui qui lui a soumis toute chose, afin que Dieu soit tout en tous. » Vous vous dites peut-être que souligner que le Fils sera soumis au Père infirme le dogme de la Trinité. Mais il me semble qu’à bien d’autre moment, Jésus lui-même a tenu des propos comparables : « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, sinon ce qu’il voit le Père accomplir. Tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. » (Jean 5. 19) On peut même trouver un verset qui semble donner une prééminence au Fils : « Mon Père m’a tout donné, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père; personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » Cette question de soumission est avant tout, me semble-t-il une question d’obéissance et d’humilité dans l’amour. Nous avons du mal à penser que Dieu (Père, Fils et Saint Esprit) soit humble, c’est pourtant bien ce que la Bible nous enseigne. La Trinité décrit une réalité relationnelle et pas ontologique. C’est la même chose, par exemple, au sein du couple. La lettre aux Ephésiens dit : « Soumettez vous les uns aux autres dans la crainte de Dieu » (5. 21) ce qui dit un certain type de relation au sein du couple, marqué par l’humilité et l’amour réciproque.