La croyance dans le Karma est-elle compatible avec la foi chrétienne ? [Manu]

L’idée du Karma vient de l’hindouisme et du bouddhisme et elle part du principe que nos actions influencent le jeu de nos supposées réincarnations successives. Nos mauvaises actions nous font perdre des points et nos bonnes actions nous font gagner des points en quelque sorte. Pour pouvoir être dans une meilleure prochaine vie ou l’inverse.

La croyance dans le Karma est indissociable de la croyance en la réincarnation, qui est elle-même totalement incompatible avec la foi en la résurrection, qui se trouve être le centre de la spiritualité chrétienne. Ainsi l’épitre aux Hébreux 9,27 (PDV) affirme : « Les êtres humains meurent une seule fois, ensuite Dieu les juge. » Sur cette terre on ne meurt qu’une fois, on ne se réincarne pas. La résurrection se joue à la fin des temps, quand la grâce de Dieu nous ouvre à une vie éternelle par le salut que donne Jésus le Christ. L’épitre aux Ephésiens 2,8-9 (NFC) poursuit en affirmant : « C’est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés, au moyen de la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu ; il n’est pas le résultat de vos efforts, et ainsi personne ne peut faire le fier. » Nous n’avons donc aucun impact par nos œuvres sur ce qu’il adviendra pour nous après la mort.

Le Karma est donc une projection de l’humain qui aspire à se sauver lui-même.

Quand j’entends Israël dans l’actualité, j’ai souvent l’impression que ce n’est pas la même chose qu’Israël dans la Bible. Qu’en penser finalement ? [Ben]

Effectivement, Israël dans l’actualité c’est l’état d’Israël, créé au milieu du XXème siècle après la deuxième guerre mondiale et la Shoah. Cet état a été créé pour (re)donner une terre au peuple que l’Occident n’a pas su protéger de la folie hitlérienne. L’état d’Israël a été fondé essentiellement sur la base du sionisme politique et de ses leaders qui souhaitaient un état laïc, pour différencier cet état du « peuple d’Israël » qui est plutôt l’appellation du Premier et du Nouveau Testaments.

Ainsi, appliquer les vérités bibliques terme à terme qui parlent d’Israël sur l’état actuel d’Israël est faux. Car Israël est d’abord le nom donné par Dieu à Jacob après qu’il se soit battu avec Dieu (ce qui est le sens de ce nom en hébreu). Les « fils (et filles) de Jacob » sont donc d’abord une filiation non seulement du sang mais aussi et surtout spirituelle, liée à la fidélité au Dieu biblique.

Un.e chrétien.ne fête ou ne fête pas la Saint-Valentin ? [Val]

Déjà, Valentin était un chrétien et c’était même un martyr qui s’est fait couper la tête pour la radicalité de sa foi. Ce qui n’est pas le cas de la fête du même nom qui se joue le 14 février, date dans la religion romaine païenne préchrétienne des Lupercales, fêtes où l’on célèbre la nature et notamment l’accouplement des oiseaux. Bref, pas besoin de vous dire que c’est d’abord une fête païenne.

D’ailleurs si l’on en juge aux contenus sur les réseaux sociaux, il est assez clair qu’il y a là une célébration de l’accouplement bien plus qu’un éloge de l’amour chrétien 😉
Alors ce n’est pas parce que nos frères et soeurs catholiques mentionnent Valentin, le martyr, à cette date, que spirituellement il s’agit d’une fête chrétienne. On vous laisse en juger.

En revanche c’est un jour certainement où l’on peut méditer que Valentin, le prêtre, contre la religion romaine, a voulu garder sa foi en Christ coûte que coûte, jusqu’au martyr et la décapitation. Ce qui refroidit sérieusement l’érotisme au programme de ce jour.

Et n’oubliez pas de googliser Saint Valentin pour voir sa… tête.

J’en ai marre de la guerre entre créationnistes et évolutionnistes. Comment se positionner ? [Mona]

Vous obtiendriez bien sûr des réponses très différentes d’un répondant à l’autre de ce site. Mais en voici une ; parmi d’autres.

Je suis créationniste
Je pense que le rédacteur de la Genèse n’a pas de prétention à poser un discours ni historique ni scientifique. Il se pose la question du sens de la vie. Et il nous raconte comment tout le monde visible est un monde désiré par Dieu, créé par Dieu avec sa Parole, et mis en ordre par Dieu, avec pour apothéose la création de l’humain, à qui sera remis le mandat de prendre soin de ce qui a été créé.
Il nous raconte la création du adam et de la ‘avah que nous appelons Adam et Eve comme s’il s’agissait de deux personnes dotées de prénoms, alors qu’il s’agit de noms communs. haAdam c’est l’Humain, et ‘avah c’est la Vivante. L’humanité est faite pour la vie. J’aime ça.
Bref, la Genèse ne traite pas une question de science mais une question de sens.

Je suis évolutionniste
Objectivement la science (elle-même en constante évolution) nous montre que l’humain a beaucoup changé. Regardez la taille des lits du Moyen-Âge… et regardez la tailles de nos ados, tous plus grands que leurs parents. L’humain évolue, la mixité entre les ethnies augmente avec la mondialisation. Tout change. C’est comme ça. Mais ça ne donne pas vraiment de sens à ma vie. Je le constate. Parce que pour le coup, observer ces évolutions est une question de science et pas une question de sens.

Donc je n’ai pas de temps à perdre à savoir où se trouve Lucy, l’éthiopienne, dans les généalogies du Premier Testament. Je ne cherche pas à savoir si les diplodocus sont ce que le livre de Job appelle le Béhémoth ou le Léviathan
Je suis tranquillement de mon époque et je vois la science changer ses théories tous les trente ans. Je suis paisiblement chrétien et je vois mon Dieu, fidèle depuis le commencement, et présent tous les jours par son Fils jusqu’à la fin du monde (Matt 28).

Pourquoi parle-t-on si peu du Saint-Esprit dans les Églises ? [Valérie]

Le Saint-Esprit est peu évoqué dans certaines Églises (pas toutes !) pour plusieurs raisons :

  1. D’abord parce que le Premier Testament parle surtout du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Dieu de Moïse et d’Israël, celui qu’on appelle depuis le baptême de Jésus : Dieu le Père.
  2. Ensuite parce que le Nouveau Testament parle essentiellement de Jésus (le Fils), bien que les Actes et les autres épîtres parlent aussi de l’Esprit. Mais disons qu’on parle surtout des actes des apôtres qui sont portés par l’Esprit. On aurait pu appeler ce livre les Actes de d’Esprit.
  3. Aussi parce que l’Esprit travaille au travers des gens et donc nous sommes amenés à évoquer leurs aventures et leurs actions à eux, quand ils sont mus par l’Esprit. Ainsi, quand nous voyons les feuilles bouger, les arbres ballotter, la poussière se lever, nous parlons des feuilles, des arbres, de la poussière, pour conclure brièvement par : « Il y a un vent fou ».
  4. Enfin certainement parce que les théologies du Saint-Esprit sont un lieu de grandes divergences dans les Églises, entre ceux qui pensent :
    – qu’il n’agit que par la médiation des Écritures,
    – qu’il continue à faire des miracles mais uniquement dans le cadre de la « charte » de 1 Corinthiens 12,
    – qu’il est actif en offrant de nouveaux types de dons qui pouvaient ne pas être listés dans la Bible,
    – voire pour certains (qui à mon avis dépassent les bornes), qu’il peut apporter des doctrines nouvelles non limitées par le texte biblique.

Voilà donc plusieurs raisons qui font qu’on en parle trop peu.
Mais grâce à votre question, peut-être que certains se sentiront exhortés à en parler plus.

Si j’ai loupé la personne que Dieu avait préparée pour moi, aurai-je un plan B ? [Benji]

L’existence du plan B présuppose l’existence d’un plan A.
Et la représentation qui est derrière c’est que Dieu aurait un top 10 des personnes idéales pour nous, ce qui nous permet (sur plus de 3 milliards de personnes du sexe opposé) de rester dans le meilleur de ce que Dieu pense possible pour nous.

Je vais vous donner plusieurs réponses.
Elles sont contradictoires, mais je crois qu’elles portent une part de vérité.

  1. D’abord, j’imagine que Dieu pourrait très bien ne pas avoir un plan A ni un plan B pour ce qui concerne nos relations. Il espère qu’on va trouver quelqu’un et qu’on va se donner les moyens de partager les plus possible, pour tenir ensemble, pour le meilleur et pour le pire.
  2. Si Dieu a un top 10, je ne pense pas que la rencontre de l’être aimé soit comme un concours d’école d’ingénieur où on a une meilleure école si on arrive premier que si on arrive 8ème. Et que donc plus on tarde moins on a de choix et plus on est obligé de baisser ses critères.
    Donc j’ai l’impression que ce serait plutôt dans le caractère du Dieu de la Bible d’imaginer que tel ou tel type de vis-à-vis serait vraiment bien pour nous. En espérant qu’on soit bien disposés pour un choix pertinent.
  3. A contrario, je pencherais pour encore une autre solution, c’est qu’on puisse dire que Dieu ne fait qu’un projet pour nous. Et on trouve la personne.
    Ou on ne la trouve pas. Alors je pense que si on l’a loupée, Dieu refait des projets pour nous, de bonheur et non de malheur. Il n’a que des plans A en somme.
    Il est le Dieu qui rend les possibles à nouveaux possibles.
    Cette option me plaît plus.

Mais je ne crois finalement pas que la Bible nous parle d’une conjugalité, ni même d’une vie, où tout est totalement écrit d’avance.

Est-ce qu’une chrétienne peux avoir des relations sexuelles sans l’objectif d’avoir un enfant ? [Mamita]

Qu’est-ce que Jésus aurait fait s’il avait eu un iPhone ?

Il y a beaucoup de questions pour lesquelles il est compliqué de trouver une réponse, car justement elles sont liées à un progrès technologique inimaginable il y a deux mille ans.
C’est donc la question de la relation interpersonnelle et de la relation à Dieu qui va compter.

Aujourd’hui, la sexualité est dissociée de la fécondité parce qu’il est possible du fait de la contraception d’avoir des relations sexuelles qui ne comportent pas le risque ou la chance d’une grossesse et d’une naissance.
Mais à l’époque de Jésus, avoir une relation sexuelle menait forcément à un fort risque de fécondité ! et donc la question de la filiation à assumer, qui en découlerait, était première.

Dieu a intégré le plaisir à la sexualité pour que nous ne soyons pas trop paresseux pour croître et multiplier. S’il y a plaisir à la sexualité, c’est pour qu’on n’oublie pas de faire des enfants : c’est quand même mieux que ce soit un plaisir plutôt qu’un devoir.

Compte tenu de cette évolution technologique et de la révolution sociétale qui l’accompagne, une chrétienne peut effectivement avoir des relations sexuelles qui sont dissociées de la question de la fécondité. L’enjeu sera en revanche de ne pas se disperser. L’intime de la sexualité est là pour créer de la relation intense entre l’homme et la femme. La sexualité de plaisir sera donc une façon de construire la complicité et l’intensité du vécu de couple.

Ce qui ne peut que réjouir le cœur de Dieu (inventeur de la sexualité belle et bonne).

Face à ceux qui (se) disent “Pourquoi pas Le Pen”, comment expliquer pourquoi “Pas Le Pen” ? [P.]

Nous n’allons pas vous dire pour qui voter.
Parce qu’il n’y a pas un vote chrétien.
Mais il y a des chrétiens qui votent.

Dans un second tour de présidentielle, il n’y a pas d’un côté un candidat qui serait du côté de Dieu, et de l’autre un candidat qui serait contre Dieu. Parce que le processus électoral républicain, bien qu’il soit plus démocratique que d’autres systèmes, permet juste au peuple de choisir son « César ».

Si l’on voulait cribler les propositions électorales des uns et des autres, on aurait bien du mal à savoir ce qui est conforme à notre foi ou ce qui ne l’est pas. Quels coefficients mettre à nos préoccupations ? L’éthique prime-t-elle sur le reste ? Jésus était tout sauf moral : il défendait ceux qui transgressaient des lois justes (une femme adultère), il brisait les interdits de la religion paisible en place (activité durant le sabbat), il promouvait des collaborateurs du système fiscal romain (Matthieu), etc.
Certains se sont récemment hasardé à lister les sujets et à cocher ce qui serait chrétien-compatible. Je pense que c’est une immense erreur : s’ils n’ont assurément pas oublié la question des unions civiles homosexuelles, presque tous ont oublié la préoccupation pour la justice sociale et l’équité, qui sont cent fois plus mobilisées dans les préoccupations du Dieu biblique…

Notre rôle de citoyens, c’est de voter, de faire des choix.
Notre rôle de chrétiens, c’est de prier pour la paix du pays, et prier pour les autorités afin qu’elles promeuvent la paix. Et dans cette paix, la liberté de conscience est de toute première importance.
Et là je ne suis pas sûr que les deux candidats soient à égalité.

Par ailleurs, en référence au statut d’Israël en Canaan et à l’identité de voyageurs et étrangers sur la terre qu’évoque Paul, les Écritures me semblent faire du respect des étrangers un point tout à fait crucial.
Et là je ne suis pas sûr que les deux candidats soient à égalité.

Ces deux candidats sont surtout à égalité sur le traitement privilégié de leurs collaborateurs, de leur compromission avec le pouvoir de l’argent (Mammon), leur caractère influençable par des grandes nations (USA et Russie par exemple), leur démagogie et leur désir de séduire, etc.

Bref, voter ne sera jamais élire la bonne personne contre la mauvaise personne.
Ce sera toujours choisir, faire un choix en conscience entre la peste d’un César-Jules et le choléra d’un César-Auguste. Mais n’oublions pas que le taux de létalité du choléra et de la peste n’est pas du tout le même… L’important sera donc de voter, parce que l’abstention est pour le coup la pire des lâchetés car elle consiste à se défaire de ses responsabilités (relisez la parabole de Jotam en Juges 9,7-21).

Quel est le message central de Jésus ? [Diana]

Les théologiens font souvent la différence entre :
Evangelium Christi : la bonne nouvelle donnée par Christ,
Evangelium de Christo : la bonne nouvelle au sujet de Christ.

Le message du Nouveau Testament, c’est que Dieu le Père a manifesté son amour d’une façon incroyable en décidant du pardon des péchés, en envoyant son Fils, et en leur assurant une vie qui n’est plus bloquée par la mort (ma paraphrase de Jean 3:16). C’est l’Evangelium de Christo. L’Évangile concernant le Christ.

Le message de Jésus était un peu différent. Il l’a répété à plusieurs reprises et c’était : « Le Royaume de Dieu s’est approché de vous » (Matthieu 3:2, 4:17, 10:7, Marc 1:15, Luc 10:9, 10:11, 21:31…). C’est l’Evangelium Christi. L’Évangile proclamé par le Christ.

Bref, cette dimension du Royaume de Dieu (du Règne de Dieu je préfère dire) n’est plus quelque chose de lointain, ce n’est plus quelque chose pour la fin des temps, ce n’est plus quelque chose de méta-physique, c’est au milieu de nous, c’est proche, ça s’approche toujours et sans cesse, entre déjà-là et pas encore là.

On m’a enseigné que bénir c’est « dire le bien ». Donc maudire c’est dire du mal ? [Ludo]

L’étymologie même de bénir, c’est « dire le bien » : bénédiction vient de bene (bien) et dicere (dire).
Maintenant vue la difficulté de comprendre ce qui est vraiment bien et ce qui est vraiment mal dans pas mal de situations, parfois c’est compliqué de trancher en mode tout-blanc-tout-noir.

Le livre de la Genèse nous raconte en son troisième chapitre que l’humain a voulu manger du fruit de l’arbre qui « permet de connaître ce qui est bien et ce qui est mal ». C’était le nom de cet arbre.
Ce désir de maîtriser le bien et le mal a été stimulé par le serpent, figure diabolique, afin d’éloigner l’humain de Dieu. La Genèse nous exprime donc que la recherche obsessionnelle de ce qui est bien et mal est la condition de l’humain sans Dieu, l’humain qui s’est éloigné de Dieu, qui a voulu être intelligent avec le serpent plutôt que vigilant avec Dieu.

Maudire, c’est donc « dire du mal », mais plus précisément encore, c’est « mal dire ». Cela signifie que l’on dit les choses autrement que comme Dieu (seul capable de dire les choses de façon parfaitement juste). C’est donc plus fin que juste prononcer des paroles mauvaises, ça concerne aussi les paroles imprécises, ambiguës, ambivalentes, approximatives, au sens où elle ne sont pas ajustées avec la parole qui sort de la bouche de Dieu.