Quelle est la position chrétienne historique et actuelle sur la peine de mort ? Est-elle en accord avec la Bible à ce sujet ? [Nic]

Cher Nic, il y a un aspect de votre question auquel je puis répondre sans aucune hésitation : Il n’y a pas UNE position chrétienne, passée ou présente, sur la question de la peine de mort, comme sur bien des questions relevant de l’éthique, d’ailleurs. En gros, on peut distinguer ceux qui estiment la peine capitale légitime, sur la base, notamment, de Genèse 9 v.6 : « qui verse le sang de l’homme, par l’homme verra son sang versé ; car à l’image de Dieu, Dieu a fait l’homme » (trad. TOB). D’autres pensent qu’en Jésus-Christ nous sommes tous à la fois passibles de la peine de mort (salaire du péché) et pourtant épargnés par le don de sa propre vie à la croix, et qu’il faut donc préserver la vie même du pire des meurtriers, dans l’espérance qu’il se repente et vienne à son Sauveur. La parabole du figuier stérile (Luc 13,6 à 8) nous montre bien un ouvrier agricole incitant son maître à ne pas le couper tout de suite, dans l’espérance qu’il finira par porter du fruit…

Sur la question des principes « de base » de notre vision chrétienne de la loi et de l’éthique, se greffe celle des circonstances, et du contexte particulier. ça complique encore les choses ! Serait-ce tout à fait la même chose d’exécuter un criminel dans un pays qui aurait les moyens matériels et un cadre politique, juridique, suffisamment stable pour lui donner une chance de réhabilitation sans mettre en danger la société, et un pays livré par exemple à la folie du terrorisme djihadiste dans un pays d’Afrique subsaharienne, ou plongé dans le chaos par les cartels des narcotrafiquants en Amérique du Sud ?

Pas simple… C’est une des questions où le choix ne se fait pas entre le bien et le mal, mais entre le moindre de deux maux. Je vous conseille en tout cas de taper « peine de mort » ou « loi » dans l’onglet de recherche en haut et à droite de l’écran pour trouver d’autres réponses, tout aussi nuancées, à cette question délicate !

Comment discuter avec quelqu’un qui pense que Trump était un Cyrus moderne ? – [Stephie]

La comparaison du précédent président des Etats-Unis d’Amérique avec le roi de Perse Cyrus a été faite par des chrétiens qui voulaient justifier leur préférence pour sa candidature à l’élection présidentielle. Tout en admettant qu’à l’instar de Cyrus qui n’adorait pas le Dieu d’Israël, Trump n’affichait pas un comportement ou des propos correspondant à des convictions chrétiennes, ces chrétiens américains estimaient que certaines de ses prises de position (par exemple contre l’avortement) montraient qu’il exécutait la volonté de Dieu. De même que, sans le savoir, Cyrus, en permettant aux juifs de revenir de leur exil dans leur pays et de rebâtir Jérusalem et son temple, fut serviteur du Seigneur, aux dires du prophète Esaïe (voir 44,28, 45,1,13, etc).

Il n’y a pas lieu ici d’évaluer le mandat et l’action politique de Donald Trump. Je note seulement qu’il a consciemment voulu rallier les voix de l’électorat chrétien, et en particulier évangélique, dont le poids est important aux USA. Jusqu’à se faire photographier Bible en main devant le panneau d’une Eglise, au nom de sa conception de la loi et de l’ordre (les responsables de ladite Eglise n’ont pas apprécié cette instrumentalisation symbolique et l’ont fait savoir). Cyrus pour sa part n’avait pas conscience de la portée de ses décisions pour le peuple de Dieu. Il ne cherchait à séduire personne à coups de fake-news ou autres « faits alternatifs », ni à gagner des suffrages, il avait déjà tout pouvoir.

Quant au résultat de la dernière élection présidentielle, ceux qui avaient prophétisé le choix de Dieu en faveur de « son élu Donald-Cyrus » s’en sont repentis, et pour cause !

Pourquoi Paul dit-il que la mort est le dernier ennemi- si Jésus l’a vaincue ? – [Steeve]

Vous citez, Steeve, le verset 26 du grand chapitre (15) que Paul consacre à la résurrection de Jésus et à la nôtre, dans la première lettre aux Corinthiens. Jésus a vaincu la mort, et nous allons le fêter à Pâques, dans deux jours, au moment où j’écris. Et cette victoire est décisive, elle fonde notre espérance en notre propre résurrection, notre propre délivrance de cet ennemi ultime qu’est la mort.

Ennemi vaincu, mais pas encore éliminé ! La mort frappe toujours, notre résurrection est encore à venir. Oscar Cullmann, un grand spécialiste du Nouveau Testament, a comparé ce « déjà-là » et ce « pas encore » de la victoire sur la mort à celle de la 2nde guerre mondiale. On peut dire qu’au soir du débarquement du 6 juin 44, ouvrant un deuxième front contre l’Allemagne, les jeux étaient faits, Hitler ne pouvait plus gagner. Et pourtant le combat contre les nazis avec son cortège de destructions et de morts innocentes, a perduré sur près d’un an supplémentaire, jusqu’à la défaite finale en mai 45.

Le temps de l’Eglise se situe « entre juin 44 et mai 45 ». Un temps de lutte, de souffrances et d’épreuves, mais nous connaissons, par la foi, son dénouement. Et dès aujourd’hui, nous nous en réjouissons. A l’horizon, c’est l’aube de Pâques qui se lève !

Est-ce mal de prier pour les morts? Qu’en est-il du moment où la martyre Perpetua a prié pour son frère décédé Dinocrate et qu’elle l’a vu au ciel ? [Simon]

Cher Simon, une réponse à cette question de la prière pour les morts a été donnée à JoonS en 2017. Tapez « JoonS » dans l’onglet de recherche pour en prendre connaissance. Il ne s’agit pas de savoir si c’est « bien » ou « mal » de prier pour les défunts, mais si cela est juste, opportun, conforme à l’enseignement biblique, plutôt qu’à ce qu’a pu faire telle ou telle figure chrétienne ancienne (comme celle que vous citez).

Quelle est la différence entre la vision de Calvin et Zwingli sur la Sainte Cène ? Sur cette question les attestants sont de quel bord ? [Kny]

Merci Kny de nous inviter à revoir nos classiques ! En effet, la question de la Cène a été centrale au 16e siècle, non seulement entre catholiques et protestants, mais au sein même de la Réforme. Luther confessait la présence réelle du Christ au moment où les paroles de Jésus sont rappelées (lors d’un débat avec Zwingli, il aurait commencé par écrire sur la table, dans la version latine : « ceci est mon corps ». Bonjour l’ambiance !). Pour Zwingli, Christ est au ciel depuis son ascension, il n’est plus sur la terre, donc le pain et la coupe sont des symboles, un mémorial. Il faut donc comprendre: « ceci représente mon corps ». Calvin, auteur d’un Petit Traité sur la Sainte-Cène, aurait peut-être pu réconcilier les deux positions. Pour résumer la sienne : « ceci présente mon corps ». Ce n’est que du pain, ce n’est que du vin, mais avec ces signes, et par l’Esprit Saint, le Seigneur nous atteste que nous avons réellement communication à son corps, son sang, en un mot à sa vie.
Jésus lui-même n’aurait -peut-être- pas compris grand chose aux débats philosophiques concernant la « substance » véritable des éléments de la Cène. Quand Jésus déclare « ceci est mon corps », ceci renvoie d’abord à la fraction du pain, plus qu’au pain lui-même (c’est à ce geste de la fraction du pain que les disciples d’Emmaüs l’ont reconnu, Luc 24,35). Puisqu’il ajoute « faites ceci en mémoire de moi. Il nous dit : mon corps, ma vie, c’est cela : un don partagé, offert pour vous, pour la multitude.
Quant à vous dire de quel bord sont les Attestants sur cette question… je n’en sais rien ! Peut-être de bords divers. L’essentiel est que nous discernions que le Seigneur est présent lorsqu’il nous invite à sa table, et qu’il a donné son corps et son sang pour nous.

Comment rester unis quand des frères et soeurs de l’Eglise prêchent l’inverse de nous ? [Daniel]

Tout dépend Daniel de ce que vous appelez « être unis », et de ce qui fait l’objet d’opinions (voire de prédications) radicalement opposées. Dès les commencements, les disciples de Jésus ont été appelés à rechercher et manifester leur unité dans la foi. Mais il ne faut pas confondre unité et uniformité. Et ne pas confondre non plus diversité (légitime) et division (nuisible). Je vous encourage à relire le chapitre 4 de l’Epitre aux Ephésiens qui parle des choses essentielles (tant dans les idées que dans la façon de vivre), autour desquelles l’Eglise tient ou ne tient plus debout.
Les frères Moraves (communauté à vocation missionnaire née il y a 200 ans) ont cette devise :
– Dans les choses essentielles, l’unité.
– Dans les choses non-essentielles, la liberté.
– En toutes choses, la charité.
Si vous constatez que dans votre Eglise on dit tout et son contraire, il faut confronter ces « questions qui fâchent » aux Ecritures et décider s’il s’agit de choses secondaires ou essentielles. Si c’est secondaire, vivez-les avec humour, tolérance, bref dans la charité ! Si cela vous semble toucher un point essentiel de la foi ou de la vie en Christ, et relever de la fidélité à l’Evangile et à l’enseignement biblique, alors il faut interpeller l’Eglise, partager votre malaise, inviter l’Eglise à résoudre la question, être prêt à accepter de se laisser convaincre par l’autre, et ce toujours dans la charité ! En bref : il n’y a pas de vérité qui tienne sans amour, mais pas d’amour non plus sans vérité.

La dîme est-elle toujours d’actualité ? [Amassagou]

La dîme fait partie des prescriptions données à Israël par la Loi de Moïse. Chacun devait consacrer 10% de ses revenus au service du Seigneur (notamment pour l’entretien des Lévites, qui assuraient ce service). Les pharisiens au temps de Jésus allait jusqu’à donner la dîme des herbes aromatiques de leur jardin ! (Matthieu 23,23). Qu’en est-il pour les chrétiens ? Nous ne sommes plus « sous la loi ». Ce n’est plus elle qui régit notre relation à Dieu mais sa grâce manifestée en Jésus-Christ. Tout doit être vécu dans la liberté qu’il nous donne. Cela signifie-t-il que nous n’avons plus à donner de nos moyens pour l’Eglise, les oeuvres chrétiennes, la mission ? Certes pas. Comme l’écrivait Jacques Ellul, donner la dîme, c’est montrer que l’on est encore sous le régime de la loi. Mais la grâce… c’est de donner plus ! Pour le dire autrement : le don (d’argent, notamment) est un test spirituel. Est-ce que je donne par obligation (donc 10% minimum… mais aussi maximum), par peur, pour acheter quelque chose, ou comme un simple geste de reconnaissance, un joyeux « merci », dans la confiance que le Seigneur pourvoira à mes besoins ?

Que pensez-vous des personnes qui « rebaptisent » des adultes baptisés au nom du Dieu trinitaire ? N’est-ce pas une entorse à la règle biblique d’un seul baptême ou une profanation d’un sacrement ? [Kanye]

Certaines Eglises ne reconnaissent pas la validité du baptême des petits enfants, et certains chrétiens souhaitent recevoir le baptême à l’âge adulte, bien que l’ayant reçu au début de leur vie. Ils ne l’appellent pas « re-baptême » car tout simplement pour eux l’aspersion reçue dans leur jeune enfance n’était pas un baptême au sens biblique du terme. On ne peut donc pas dire, dans leur perspective, qu’ils enfreignent le fait qu’il n’y a qu’un seul baptême, ni qu’eux-mêmes ou ceux qui les baptisent « profanent » le baptême précédemment reçu.

Notre Eglise protestante unie reconnaît les deux formes du baptême, qui chacune rendent justice à une vérité biblique. Dans le cas du baptême d’enfant, la précédence de la grâce de Dieu en Christ. Dans le cas du baptême à l’âge adulte, l’importance de la réponse du croyant à cette grâce reçue, par l’engagement de la foi. Qui a raison, des « baptistes » ou des « pédobaptistes » ? Cela fait partie des questions indécidables ! Pour une réponse plus détaillée à ce sujet, je vous recommande de taper « baptême » dans l’onglet search en haut à droite de l’écran et de lire la réponse à la question de « Roosevelt » posée le 21 mars 2020.

Peut-on prier pour demander à Dieu si nous sommes mariés à la bonne personne ? Surtout après avoir fait un mariage sans rechercher sa volonté ? Que faire en fonction de la réponse ? [Ana]

Trois questions en une ! Je ne sais pas trop Ana ce que vous entendez par « la bonne personne ». S’il s’agit du conjoint idéal, celui/celle qui nous comblera, dont la personnalité sera parfaitement en harmonie avec la nôtre et avec qui nous formerons d’emblée un couple parfait, je crains que la question ne puisse recevoir de réponse que négative. Car ce conjoint a un seul défaut : il n’existe pas. Un couple est une réalité en construction. C’est tout au long de notre vie que nous devons apprendre à connaître l’autre, à l’apprécier, à le comprendre, à communiquer, bref, à… l’aimer. Parcours semé d’embûches, d’obstacles, mais aussi d’émerveillements. C’est ainsi que l’autre devient ce qu’il a été dans mon choix de m’unir à lui/elle : la « bonne personne ».

Pour ce qui concerne la volonté de Dieu, le mieux est de la chercher dans sa Parole. Des chrétiennes ont déjà posé la question à l’apôtre Paul, qui leur a répondu au chapitre 7 de la première lettre aux Corinthiens. Elles étaient conscientes que partager avec son mari une même foi, une même espérance en Jésus-Christ, était un critère important dans le choix du conjoint (sans être une garantie de réussite, il convient de le rappeler : on connaît des couples chrétiens dont le mariage est un échec).

Mais voilà, elles s’étaient converties après s’être mariées et se demandaient s’il convenait de continuer à vivre avec un mari non-chrétien. Or Paul les encourage à ne pas rompre, sauf si c’est la volonté du conjoint en question. Il écrit même « le mari non-croyant est sanctifié par sa femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par son mari ». (1 Corinthiens ch.7,v.11). C’est à dire qu’un mari chrétien ou une épouse chrétienne peut être pour son conjoint une occasion de rencontrer le Seigneur, de se convertir, et bien sûr d’entrer par l’Esprit dans une vie nouvelle, de changer en lui/elle-même ce qui fait souffrir l’autre.

Comment vaincre les attaques spirituelles des esprits de contrôle- qui poussent à des vérifications exagérées- aberrantes et sources de souffrance ? [Julien]

Vous faites allusion, Julien, à ce que les psychologues et psychiatres appellent les « troubles obsessionnels compulsifs », plus connus sous le nom de « TOC ». Comme vous l’écrivez, ils peuvent devenir une grande source de souffrance pour la personne concernée, et aussi pour son entourage. Il existe contre ces troubles diverses thérapies, je ne suis pas compétent pour en discuter mais il est intéressant de s’informer à ce sujet.

Vous voyez dans ce mal une origine spirituelle, voire démoniaque. Il est vrai que tout ce qui nous fait souffrir est aussi symptôme du grand désordre dans lequel est plongée la Création. Toutefois rien n’interdit à un chrétien de faire appel à un psychiatre ou à un psycho-thérapeute pour une affection qui atteint son psychisme, son âme (en grec : psychè) , si vous préférez : dépression, TOC, ou autre… tout comme il ira consulter un médecin pour qu’il traite une infection pulmonaire, ou autre maladie physique, après avoir identifié la source du problème. Ce recours aux soins n’empêchera pas de prier, dans les deux cas, pour la guérison, ni de remercier le Seigneur pour la sagesse qu’il a donnée aux soignants -et le dévouement dont ils font preuve, on ne le souligne pas toujours assez.

Comment vaincre ? demandez-vous. « La victoire par laquelle le monde est vaincu, c’est notre foi », écrit l’apôtre Jean. La monde, c’est ici tout ce qui nous enchaîne et nous aliène, tout ce qui nous prive de la liberté propre aux enfants de Dieu, et la confiance en lui constitue la meilleure façon de le laisser guérir nos peurs, nos angoisses, tout ce qui nous obsède. Parce que ce n’est pas nous qui pouvons les vaincre, c’est le Seigneur lui-même. « Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté ! ».