Le chrétien est-il condamné à ne jamais divorcer (sauf violence et adultère) ? Quand dans un couple, après un temps de discernement l’un veut divorcer dans la paix, la Bible le lui interdirait ? [Gérard]

Pour la Bible, Ancien et Nouveau Testaments, la conjugalité n’est pas un contrat, mais une union (d’un homme et d’une femme) qui rend chacun des deux conjoints participant à l’autre. Le divorce n’est pas alors une séparation, mais une amputation, un suicide. Cela ne saurait correspondre à la volonté de Dieu pour nous, c’est ce que Jésus répond quand on lui pose la question (Marc, ch. 10, v. 2-9). Le conjoint n’est pas un associé (un « partenaire sexuel », comme on dit) dont on peut se séparer tranquillement, encore moins un objet utilitaire qu’on peut jeter après usage…

Lorsque le divorce est inévitable, c’est qu’il est déjà accompli, que le couple (donc chacun des deux) est déjà cassé. Là, il n’y a pas de paix ! Par ailleurs, de nombreux couples ou relations ne correspondent pas à ce modèle que Dieu propose et bénit. Pour eux, la question est sans objet : quand on vit autre chose que ce que la Bible propose, pourquoi se soucier de ce qu’elle interdirait ?… Mais vous aurez compris qu’elle n’interdit pas : avec Dieu, elle pleure sur les situations qui font mal aux enfants du Père.

Pour ceux qui veulent vivre ce que la Bible propose, dans une vie de couple qui ne sera jamais « un long fleuve tranquille », le discernement doit donc s’exercer pour rester ensemble, pas pour se séparer. Il doit donc aussi s’exercer pour demander à Dieu dans la prière ce dont on a besoin pour ce faire. Dans la vie conjugale comme en toute autre chose, à la question des Pharisiens « est-il permis ? », la réponse biblique est toujours « non ». C’est que cette question est perverse, sans solution, génératrice de malheur. La prière chrétienne ne demande pas ça, mais l’aide de Dieu pour vivre ce qu’il demande. Après échec, elle demande pardon. Et la prière des frères et sœurs après cet échec est de soutenir ceux qui sont désormais amputés d’eux-mêmes.

On dit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal qu’il est la métaphore du libre-arbitre. N’est-il pas plutôt la métaphore d’un « Tu ne chercheras pas à savoir ! » et une diabolisation du doute ? [Anna]

Les textes de la Bible nous sont offerts pour chercher toujours la volonté de Dieu. Réduire le sens d’un passage à une interprétation unique serait vain, mais vous le savez puisque votre question évoque déjà plusieurs options interprétatives.

Je vous propose de voir simplement dans cet arbre l’image de quelque chose dont on veut se saisir (tenir son fruit), comme quelque chose qui va nous nourrir. Nous avons un profond désir de connaître ce qui est bien et ce qui est mal.
Mais l’interdit que Dieu avait posé sur la consommation de ce fruit pourrait exprimer tout simplement notre incapacité ultime à savoir ce qui est bien et ce qui est mal, puisque, comme le suggère Paul, nous faisons le mal que nous ne voulons pas faire et ne faisons pas le bien que nous voudrions faire.
Cet arbre, c’est une limite à notre toute-puissance, car Dieu seul est tout-puissant.
En Eden, tout était permis, un seul interdit.
Depuis cette transgression, des tas d’interdits et une quête passionnelle et obsédante de compréhension et de maîtrise. Et ce fruit ne nous laissera aucune satiété. Seule la présence de Dieu, le fait de rester dans l’alliance avec Dieu, comme Jésus, permet d’être satisfaits.

Avec qui Caïn a-t-il pu se marier puisqu’il était le seul avec Abel et qu’il l’a tué ? [Sophie]

Question piège ? Non ! Mais deux sortes de réponses possibles (et pas contradictoires).

Si vous tenez à lire le texte comme un récit historique, alors vous pouvez appliquer le principe d’éclairer l’Écriture par l’Écriture… et constater ainsi qu’Adam « engendra des fils et des filles » (ch. 5, v. 4), dont il n’est pas dit que c’était seulement après Abel, Caïn et Seth.

Mais vous pouvez aussi considérer que les auteurs (humains et divin) ont voulu s’adresser à vous (et à tout être humain) à travers cette histoire d’un meurtrier pardonné mais point repentant, et qui se hâta de faire le contraire de la volonté bonne de Dieu pour lui. Caïn est ainsi la figure de ce qui, en nous, s’opposera toujours à Dieu et nous mènerait au Déluge… s’il n’y avait pas une autre figure qui nous soit donnée pour dire la grâce de Dieu pour les pécheurs.

En fin de compte c’est quoi le péché ? [Jeff]

A Caïn qui fut le premier meurtrier, il a été expliqué : « Si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. » (Genèse 4:7)
Le péché, c’est ce qui nous coupe de Dieu par nos actions, quand nous faisons quelque chose dont Dieu a pourtant bien explicité qu’il ne fallait pas le faire. Les Dix commandements (Exode 20 ou Deutéronome 5) sont là pour nous dire de façon mémorisable quelles sont les zones à risque dans la désobéissance et le péché.
Jésus a été plus loin. Il a souhaité dans son Sermon sur la montagne (Matthieu 5) nous faire aller du péché comportemental au péché en parole : il a dit que si on insultait quelqu’un, qu’on le traitait d’imbécile, c’est comme si on l’avait tué, et donc on avait à subir la peine d’un meurtrier.
Et il a été encore plus loin. Puisque dans le même passage, il parle non plus du péché en actes, ni du péché en paroles, mais du péché en pensée : celui qui pense à coucher avec la femme de son prochain est adultère comme s’il avait couché avec elle physiquement.
Le péché nous sépare donc de Dieu, que ce soit parce que notre corps a fait quelque chose de mauvais, notre parole a créer un désordre dans la création, ou nos pensées ont été vraiment injustes.
Dans les deux langues bibliques (hébreu et grec), le mot péché se dit par un terme qui évoque le fait de louper une cible. Dieu avait donné un objectif, nous avons loupé la cible.