Oui, Jacob est attaqué. Mais… par qui ? Quel est cet homme qui se roule dans la poussière avec lui et ne le lâche pas ? Le texte brouille les pistes à coup de « lui » et « il » et on ne sait plus qui est qui. Contre qui Jacob se bat-il ? Contre son frère, à qui il a jadis volé une bénédiction ? Avec son père, qu’il a berné aussi ? Avec Dieu, qui l’avait déjà béni dans son sommeil sans qu’il n’accepte cette bénédiction (Gen 28, 10 et s) ? Avec lui-même, afin de pouvoir regarder en face ses perpétuelles fuites ? Le texte ne répond pas à la question jusqu’à ce que Jacob lui-même, à la fin ne dise « j’ai vu Dieu face à face ». Dans ce contexte, je crois que sa demande de bénédiction sonne comme une heure de vérité : dans ce combat il reconnaît la trace de Dieu dans sa vie et l’accepte enfin. Il reçoit une nouvelle identité (il change de nom) qui fait de lui un homme nouveau; Jacob le tricheur devient Jacob le lutteur. Pour la première fois il ne fuit pas, mais il accepte de faire face et réclame une bénédiction qui soit son bien propre. Jacob, comme d’autres peut-être, avait besoin de ce combat pour que la grâce de Dieu puisse l’atteindre.
Auteur/autrice : Anne Faisandier
J’ai entendu dire qu’un pasteur était un gourou. Qu’est-ce qu’un gourou ? Comment vérifier que notre pasteur ne l’est pas ? [Marcello]
Attribuer le titre de « gourou » à un pasteur est péjoratif : cela signifie que ce pasteur est considéré comme une sorte de maître à penser qui aurait autour de lui une cour d’adeptes soumis. C’est une critique dure, car dans une Église chrétienne le seul maître est et doit rester le Christ, et les pasteurs eux-mêmes ne sont que des disciples ! cela veut sans doute dire dans la bouche de ceux qui adressent cette critique que ce pasteur exerce une très forte autorité sur les membres de son Église, ou que les membres de cette Église attribuent un peu trop de pouvoir à ce pasteur (car on peut voir le phénomène des deux côtés…).
Voici quelques indices qui permettent de se protéger des tentations du pouvoir qui malheureusement n’épargnent pas plus les pasteurs que les autres :
= Aller voir par soi-même et ne pas se fier aux « on dit »; les rumeurs ne sont jamais constructives !
= Vérifier que le ministère du pasteur est bien articulé avec un ministère collégial d’anciens de l’Église. Dans les Églises protestantes, le pasteur n’exerce pas son ministère de façon solitaire.
= Le fait que l’Église dont ce pasteur est membre soit rattachée à une union, un mouvement, une fédération… d’autres Églises est aussi une garantie : cela garantit un discernement collectif de la vocation de ce pasteur, mais aussi en général une certaine formation et un accompagnement de son ministère. Les institutions avec toutes leurs limites humaines ont parfois aussi du bon…
A partir de quel moment diriez vous que les 12 apôtres furent nés de nouveau et baptisés ? Ce qui est explicitement dit par Paul semble plus flou pour ceux qui étaient au contact de Jésus au début. [Joël]
A aucun moment les évangiles ne nous disent que les 12 disciples appelés par le Christ ont été baptisés, pas plus qu’ils interdisent de le penser ; nous savons seulement que Jésus a été baptisé et que l’Esprit s’est manifesté à ce moment-là.
Par contre, dans le livre des Actes, au chapitre 2, le récit de la Pentecôte met en scène le don de l’Esprit qui avait été clairement annoncé au chapitre 1 comme un baptême ; et vraisemblablement ils étaient plus que 12 !!! Le texte précise même (Actes 1,14) qu’il y avait en plus des 11 restants, des femmes et des frères de Jésus.
Il semble donc que c’est au moment de Pentecôte que les disciples (littéralement « ceux qui suivent ») deviennent sous l’action de l’Esprit les apôtres (littéralement « ceux qui sont envoyés »). Ce qui explique aussi que l’on puisse être disciple sans devenir apôtre, ou apôtre sans avoir été disciple avant : sur ce sujet le cas de Paul est particulièrement intéressant, lui qui était un farouche opposant avant sa conversion/baptême et devient pourtant un des héros de la suite du livre des Actes ! Et qui nous fait remarquer du même coup que le disciple Matthias qui a été élu en Actes 1 pour remplacer Judas est par contre remarquablement absent de la suite du récit….
Un héritage m’est proposé ; ma situation étant déjà bonne. Je veux obéir à Jésus sur tout cet argent- or ; j’entends «prends- conserve». Comment savoir si j’ai l’intelligence obscurcie- si je pèche ? [Christophe]
Je ne peux pas entendre à votre place ce que le Seigneur a comme projet pour vous, et pour vous avec cet argent ; s’il vous demande de le prendre et de le conserver c’est peut-être qu’il veut vous amener à en faire quelque chose que vous ne savez pas encore ?
Ce qui est sûr par contre dans la Bible c’est que l’argent doit rester un moyen, et pas un but en soi, au risque de devenir une idole qui prend le pouvoir sur nos vies. Je ne vous cite que la parole la plus évidente (Luc 16,13) : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. » Dans cet Évangile en particulier, Jésus nous met en garde contre ce pouvoir de l’argent que nous voyons aujourd’hui tous les jours à l’œuvre autour de nous.
Concernant cet héritage que vous mentionnez, la bonne question à se poser pour rester fidèle à l’Evangile est donc peut-être : en l’acceptant, de quoi vais-je hériter dans ma vie (qui peut être attaché à ceux qui vous lèguent cet argent par exemple), et est-ce que cela ne m’empêchera pas de témoigner de Christ ? Ou encore : vais-je rester libre vis à vis de cet argent, ou vais-je me mettre à prendre des décisions en fonction de lui ? Et pour savoir si on est libre ou pas vis à vis de l’argent, la Bible nous donne un tuyau : être capable de donner de son argent est plutôt bon signe !
Que signifie naître d’eau et d’esprit dans Jean 3,5 [Mark]
Jésus emploie cette expression pour expliquer au savant Nicodème que l’entrée dans le Royaume de Dieu n’est pas une affaire de généalogie (naissance biologique) ou de connaissance humaine, mais avant tout une expérience qui se vit sur le plan spirituel, dans le domaine de l’Esprit. C’est à dire reconnaître tout d’abord que Dieu est notre Père, et ensuite que Lui seul peut par son Esprit nous donner la foi et nous permettre d’entrer dans son Royaume.
La mention de l’eau fait référence au rite du baptême, déjà connu du temps de Jésus, et qui symbolisait déjà un passage de la vie mortelle à la vie éternelle avec Dieu. Depuis 2000 ans les chrétiens ont utiliséé ce verset pour, au-delà du rite, interpréter le baptême comme une nouvelle naissance.
On trouve déjà cette promesse d’une nouvelle vie avec Dieu dans le premier testament, par exemple dans le livre du prophète Ezéchiel (36, 26) : Je vous donnerai un cœur neuf et je mettrai en vous un esprit neuf ; j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair.
Un chrétien peut-il être possédé par un démon ? [Ps]
En Matthieu 16,16 Pierre confesse que Jésus est le Messie, le Fils du Dieu vivant. Ce que Jésus agréé totalement en lui disant qu’il tient sa confession de foi de Dieu directement. Pourtant quelques versets plus loin, le même Pierre refuse de croire qu’il montera à Jérusalem pour souffrir, mourir et ressusciter. La réaction de Jésus est très claire et directe, voyant en Pierre, Satan. Pourtant Pierre n’en restera pas moins un disciple du Christ, tout au long du nouveau testament.
Alors quand on confesse Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur, c’est à lui et lui seul que l’on remet sa personne toute entière. En ce sens le chrétien ne peut être possédé par quelqu’un d’autre que le Christ. Un chrétien lui appartient.
Mais les chrétiens sont encore dans le monde et le Royaume de Dieu n’est pas encore établi. Il est donc possible, comme Pierre, que le chrétien n’est pas laissé le Christ descendre jusqu’au plus profond de sa personne : corps, âme et esprit. S’il ne peut être possédé par un démon, il peut laisser la porte ouverte à quelqu’un d’autre que le Christ, de sorte qu’il sera parasité par autre chose que le Messie. Dans ce cas-là un ménage s’impose, au Nom de Jésus !
Cette nouvelle réponse à cette question apporte quelques clarifications. Merci aux personnes qui ont aidé à affiner et préciser la réponse.
L’apocalypse est il passé ou à venir ? Est-ce que la fin des temps rime avec atrocités et catastrophes ? Pouvons croire en des jours meilleurs ? [Matt]
Avant toute chose, il faut avoir à l’esprit que dans la Bible le mot apocalypse ne signifie pas du tout « atrocités et catastrophes » mais « dévoilement » et qu’il désigne avant tout un genre littéraire qui est celui du dernier livre de la Bible (qui porte son nom) mais pas uniquement (on trouve des apocalypse dans les évangiles et dans le nouveau testament). Pour simplifier, je dirais que c’est un peu la science fiction de la littérature biblique ! Des images très impressionnantes sont employées, mais pas qu’inquiétantes, pour nous dévoiler en fait le mystère de la présence de Dieu au cœur du monde, y compris dans les temps difficiles (mais pas que !). En ce sens, le livre de l’Apocalypse ne décrit pas l’avenir mais le présent de tout croyant aux prises dès maintenant avec l’incompréhension, l’injustice mais aussi l’espérance et la présence de Dieu. A votre question sur les jours meilleurs, ce livre répond au chap 1 par « heureux celui qui lit » et au 22 par « que celui qui a soif reçoive de l’eau vivre gratuitement » : le mystère de Dieu qui se révèle est passé, à venir et aussi présence. Il s’agit de ne se laisser ni désorienter par le mal ni abuser par des images trompeuses, mais de lire, vivre, et croire.
« Laisse les morts enterrer leurs morts- et toi- va annoncer le Royaume de Dieu ». Comment interpréter et comprendre cette parole quelque peu radicale et dérangeante de Jésus ? [Alex]
« Laisse les morts enterrer leurs morts- et toi- va annoncer le Royaume de Dieu ». Comment interpréter et comprendre cette parole quelque peu radicale et dérangeante de Jésus ? [Alex]
… En allant lire le contexte de cette affirmation (Mat 8,22 – Luc 9,60) qui est associée à une réflexion sur « ce que cela signifie que d’être disciple de Jésus ». Jésus pousse les foules qui se pressent à sa suite dans leurs retranchements et nous aide à entendre que le suivre n’est pas affaire de bonne volonté mais de choix radical entre la vie et la mort, et que choisir la vie impose des ruptures. On retrouve exactement cette radicalité lorsqu’il demande à ses disciples de tout quitter pour le suivre. En fait suivre le Christ ne se présente pas dans les évangiles comme une matière à option mais comme un fondement, un choix initial qui oriente ensuite tous les autres. Oui, c’est une parole radicale. Et une façon de nous rappeler que nous sommes tous appelés à dire un vrai OUI à l’appel à la vie qui nous est lancé; pas un « peut-être » « pourquoi pas » « on verra plus tard »…
« L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi. » (1Cor 15.56). Pourriez vous m’expliquer ce verset, surtout la définition de la loi selon ce verset s.v.p ? [Guillaume]
Dans ce passage de l’épître, Paul tente de nous expliquer ce que la résurrection signifie en tant que réalité pas d’abord matérielle mais spirituelle, comme s’il s’agissait pour nous de changer de « dimension » : au v. 45 il parle d’un Adam naturel et d’un autre spirituel. Dans ce contexte, Paul reprend les catégories qu’il utilise habituellement pour nous faire comprendre ce qui nous permet d’entrer dans cette dimension spirituelle de la vie éternelle (ou impérissable) reçue dans la foi : le péché et la loi. L’observance de la Loi juive est pour lui ce qui empêche l’humain de faire pleinement confiance à Dieu et de s’abandonner à sa grâce. Tant que nous pensons que nous pouvons nous améliorer et nous sauver nous-mêmes en nous appliquant à être de bons croyants, nous ne prenons pas conscience vraiment de la pauvreté de notre condition humaine et du fait que nous ne sommes sauvés que par amour par Dieu seul (Cf Galates 2,16 et s). En cela la loi est donc puissance de mort s’opposant à la vie donnée en Christ.
Pourquoi appelle-t-on la parabole « du fils prodigue » avec ce nom là ? [Etienne]
Parce que c’est le titre qui a été choisi par un éditeur de Bible à un moment donné et que, si je puis dire, il a ainsi fait fortune ! Il faut savoir que dans le manuscrit original il n’y a aucun de titre, c’est un ajout de chaque éditeur pour nous faciliter la lecture. Le texte auquel vous faites référence (Luc 15, 11-32) s’appelle selon les éditions « la parabole du fils perdu et retrouvé » ou « la parabole des deux fils » ou même encore « la parabole du père prodigue »… Ce titre-là attire l’attention sur la générosité du père, mais cette parabole recèle encore bien d’autres aspects.
Rappelons-nous donc que la lecture du texte biblique nous convoque toujours à notre propre travail de compréhension et d’interprétation ! Et vous, vous lui donneriez quel titre pour donner envie de le lire ?