Que devient notre âme après notre mort ? [JLuc]

Dans certaines conceptions grecques, dont nous sommes culturellement les héritiers, l’âme est une réalité immortelle, qui est un temps prisonnière d’un corps et qui en est libérée à la mort, soit pour toujours, soit pour être à nouveau enfermée dans un autre corps.

Il faut bien dire que cette conception n’est pas biblique, même si la Bible en utilise parfois les mots. Je ne peux donc pas vous dire où va une telle âme après la mort du corps…

Pour la Bible, tous les êtres justement dit « animés » sont donc des « âmes vivantes » jusqu’à leur mort. Après celle-ci, il n’y a donc plus rien. Ou pour le dire de manière plus imagée, comme fait la Bible, les morts sont au « shéol » ou aux « enfers » qui est un « non lieu », une manière de dire l’inexistence. Dans cette manière d’exprimer ce qu’est une vie, le corps, quant à lui, est ce qui nous met en relation, et il disparaît à la mort. Vivants, nous sommes donc à la fois corps et âme (et non pas : nous avons un corps et une âme). Il n’y a pas d’après la mort.

La Bonne nouvelle, c’est que Jésus a vaincu la mort. Ce que la Bible exprime par le mot de résurrection, c’est-à-dire de réveil, de relèvement d’entre les morts. Ce n’est pas un débouché naturel, c’est un cadeau de Dieu, en Christ, qui nous est promis dans la foi. La résurrection des corps, la vie éternelle de l’âme, c’est dire que nous, à la fois les mêmes et différents car libres du péché qui nous avait atrophiés, nous vivrons éternellement auprès de Dieu notre Père, unis à son Fils comme nous le sommes déjà.

Or Dieu n’est pas lié au temps et à l’espace. Ceux qui vivent en lui ne sont ou ne seront donc pas non plus liés à un lieu ou à un temps. Le lieu et le temps de « l’âme » (c’est-à-dire de nous) après la mort, c’est : en Dieu, dans sa communion, à sa table (image biblique), dans son règne (autre image biblique), au paradis (image utilisée aussi par la Bible).

Les chrétiens parlent souvent d’immortalité de l’âme. Cette conception vient de Platon, reprise par la tradition catholique est-elle biblique ? Est-elle compatible avec la résurrection ? [Miriam]

Miriam, vous avez raison, il n’y a pas d’immortalité de l’âme dans la Bible. L’âme meurt. La meilleure preuve : « Les morts se lèvent-ils pour te louer, Eternel ? » (Psaume 88,10). Les morts sont morts. Mais voilà, ça résiste ! Beaucoup confondent la migration de l’esprit humain dans le séjour des morts avec une forme d’immortalité de l’âme.

Quand on meurt :
– le corps meurt et repart à la terre, « car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. » (Genèse 3,9),
– l’âme (psychè, le psychisme) s’éteint, comme la flamme de la bougie s’éteint quand la cire (du corps) est épuisée,
– l’esprit de l’humain retourne au séjour des morts, où il attend gentiment la Résurrection finale, au Dernier jour, après le Jugement. Et donc il est dans une attente que beaucoup de textes bibliques dont des paroles de Jésus appellent « sommeil ». Il n’est pas noctambule et ne se balade pas. Il n’est pas sous hypnose et ne parle pas. Il attend.

Si Christ n’était pas vraiment mort il ne serait pas ressuscité.
Il en va donc de même pour nous.

« L’œil est lumière du corps ». Je ne comprends pas la parabole de Mathieu 6:22-23 qui dit ça ; pouvez-vous m’aider ? un exemple ? [Miro]

Jésus fait ici sans doute référence au respect des commandements et au problème de la convoitise (Exode 20,17). Le passage que vous citez se situe dans le cadre d’une prévention sur l’attrait des richesses, et de la tentation des biens mal acquis. Dieu a fait part de Ses commandements, de Sa volonté qui est juste (Deutéronome 4,8) afin que son peuple vive, reste sous la bénédiction du Seigneur (Deutéronome 31, 15-20) et témoigne de Lui. Notre regard reflète notre volonté, les penchants de notre cœur. En ce sens, si nous regardons quelque-chose, nous y plaçons notre cœur, et cela peut influer sur notre être et notre comportement. Jésus appelle à orienter notre cœur vers Dieu, qui pourvoie à nos besoin. Jésus dit « recherchez d’abord le royaume de Dieu et Sa justice, et cela vous sera donné en plus » (Matthieu 6,33). Par exemple, si nous regardons avec fascination une voiture de luxe alors que nous avons un salaire modeste, nous risquons d’être frustré, de tenter de gagner de l’argent illégitimement, en tout cas d’orienter notre vie sur le gain d’argent (qui risque de nous priver de notre liberté)… Oubliant ainsi de nous concentrer sur la justice de Dieu, ou sur l’appel particulier qu’il nous adresse.

Que dit la Bible sur le don d’organe d’une personne morte ou vivante ? [Mayanne]

La Bible ne parle, bien sûr, pas directement du don d’organes. En revanche, elle parle beaucoup du corps, comme faisant partie intégrante de la personne humaine. Ainsi, il nous est dit que notre corps est créé par Dieu qui l’anime du souffle de vie (Genèse 2/7) et qu’il est appelé à être le temple de l’Esprit-Saint (1 Corinthiens 6/19). Il s’en suit, logiquement que de la même manière que Jésus est ressuscité avec un corps, c’est la résurrection des corps que nous attendons (1 Corinthiens 15/20).

A coté de cela, il nous est dit que Dieu est la maître de la vie. C’est lui qui fait de nous et de nos corps, des créatures vivantes et c’est lui qui fera un jour retourner nos corps à la poussière, où ils iront nourrir les plantes et les petits animaux dans l’attente de la résurrection où nous recevrons un autre corps, le corps spirituel formé par Dieu, dont parle Paul en  1 Corinthiens 15/42-44.

Ainsi, si notre corps est important, je crois qu’il ne faut pas faire du don d’organe  une affaire de vie et de mort. La vie et la fin de la vie, la naissance, la mort et la résurrection sont dans les mains de Dieu. Nous ne pouvons que tâcher de le servir humblement, par le don d’organes, pourquoi pas, quand il s’agit là d’aimer notre prochain dans la détresse.