Pourquoi y a-t-il une recrudescence de gens qui se considèrent comme asexuels ? [Sophie]

Voilà quelques décennies – la fameuse révolution sexuelle des années 60/70 – que la couverture du lit a été tirée et que la sexualité est devenue un sujet de société, et même un sujet politique. Désormais à découvert, elle est prise entre deux feux : celui de l’émancipation et celui de l’identité. 

L’émancipation : l’idée d’une révolution sexuelle rend bien compte de l’aspiration à la liberté et au choix qui caractérise désormais la sexualité. Les discours les plus progressistes sur le sujet sont essentiellement préoccupés de faire la chasse à tout ce qui pourrait ressembler à une forme de domination. Le sigle LGBTQUI2A+ en est en quelque sorte le symbole. On retrouve l’asexualité dans l’un des A. L’asexualité est le fait de n’avoir pas de sexualité : ni hétéro, ni bi-, ni homo-. Le désir sexuel serait tout simplement absent, une coquille vide de l’existence. 

L’identité : avec l’émancipation vient la revendication d’une identité nouvelle, signe de la liberté acquise. Ces identités singulières donnent aujourd’hui l’impression d’être multipliées sans limites : autant d’individus, autant d’identités possibles. Le domaine de la sexualité est l’un des domaines les plus investis par cette quête identitaire, avec les affirmations de genre. 

Concernant l’asexualité, il se pourrait bien qu’elle soit aussi le symptôme d’une fatigue face à l’investissement à outrance de la question sexuelle. En tout cas c’est un choix par la négation, qui peut se comprendre devant l’hypersexualisation à l’oeuvre dans nos sociétés (à laquelle participe l’émancipation). 

Dans le christianisme, on parle plutôt de chasteté ou d’abstinence, pour parler du renoncement à la vie sexuelle.  

La question peut se poser : peut-on vraiment se défaire de tout désir sexuel, ou du moins le contrôler de telle sorte qu’il ne se traduise pas en actes ? Il faudrait du temps pour répondre. 

D’un point de vue chrétien et donc biblique, je relèverais deux repères importants : 

  • C’est en Christ que se construit notre identité première. Par conséquent, ces identités particulières que nous revendiquons ne sauraient être que secondaires, contrairement à ce que l’on voit bien souvent, où elles sont mises en avant. 
  • Le corps et la sexualité ont leur place dans la vie spirituelle. Et quelle que soit l’option prise, ils demandent tous les deux à être pris au sérieux comme dimensions vitales de l’existence. 

Selon Pascal- les calvinistes pensent « que- pour exécuter [la] volonté absolue [de Dieu]- Dieu a fait pécher Adam et non seulement permis- mais causé sa chute». Est-ce juste ? [Miriam]

La question du libre-arbitre dans l’accueil de la grâce de Dieu a traversé les siècles, avec des résultats divers. Oups, j’ai seulement quelques lignes … 

Non, tous les calvinistes ne font pas cette lecture du récit de la création et de la chute. Calvin lui-même considère d’ailleurs qu’Adam a péché à cause de son incrédulité. Ce que Pascal retient a malgré tout droit de cité dans la théologie calviniste : cela correspond à la doctrine de la double-prédestination. Elle affirme que non seulement Dieu a destinés ses élus au salut, mais qu’il a aussi destinés les damnés à la perdition. Le résultat – et c’est là-dessus que Calvin a voulu insister – est que ni les uns, ni les autres ne peuvent être considérés comme sauvés par leurs œuvres, bonnes ou mauvaises, comme responsables de leur salut. Tout, pour les uns comme pour les autres, vient de Dieu et de sa volonté souveraine. Une manière, plutôt radicale, c’est vrai, de régler la question de la place des oeuvres humaines dans le salut. 

Chez les héritiers de Calvin, la double-prédestination a cependant été une source de tension et même de séparation, en particulier au 17ème siècle, le siècle de Blaise Pascal.  

Il faut dire que le témoignage des Ecritures ne parle pas prioritairement du jugement de Dieu en ces termes, quand bien même on serait réceptif à la notion de prédestination (cf. Rm 8, 29 ; Eph. 1, 5). On peine à juste titre à concevoir un Dieu qui aurait lui-même fait pécher Adam, pour ensuite le relever.  

Aujourd’hui, les chrétiens réformés (ou calvinistes) confessant la double prédestination ne sont de loin pas majoritaires. Nous tombons même dans l’excès inverse, qui consiste à ne considérer que la liberté humaine, oubliant « celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté » (Eph. 1, 11), au risque de se prendre pour Lui ! 

Est-ce un péché pour un pasteur de faire faire sa prédication par ChatGPT ? [Emile]

Le fait de savoir si c’est un péché, c’est demander si c’est conforme à la loi de Dieu. Et je ne crois pas qu’aucun des dix commandements soient transgressés par le pasteur qui fait faire sa prédication à ChatGPT.

Maintenant, si ce n’est pas à proprement parler un péché, je pense que c’est une grave bêtise, et ceci pour plusieurs raisons :
1.- la prédication est un exercice de prière et d’inspiration qui nécessite non seulement de travailler le texte bibliques, d’essayer de donner un message audible, intelligent et surtout édifiant. ChatGPT ne prie pas et ne cherche pas d’inspiration, il fait une synthèse des millions de prédications qui sont sur le net.
2.- étant un outil d’écriture générative, ChatGPT produit un discours sur un texte biblique, mais souvent le ton de ce discours est synthétique, moyen, voire médiocre, et pas très original ni édifiant. C’est dommage, car l’Ecriture doit être présentée comme édifiante, si on écoute les épîtres de Paul.
3.- enfin un pasteur a pour mission de prêcher, c’est le cœur de son appel, et on attend de lui ou d’elle justement qu’il produise un message en se laissant utiliser par Dieu. On ne lui demande pas de faire un blabla mais une prédication, et ChatGPT en plus d’être assez ennuyeux du point de vue du style, n’a pas d’intention spirituelle. Le ou la pasteur.e abandonnerait donc le cœur de son ministère.

Finalement, après avoir composé ces lignes (sans ChatGPT !) je me dis que faire faire sa prédication, c’est quand même pécher contre les commandements numéro… 1. pas d’autre dieu, 2. pas de reflet, 3. pas d’utilisation du nom de Dieu en vain, 4. le sabbat (Deutéronome 5) comme célébration du Dieu vivant et de la liberté, 7. c’est du vol des prédications des autres, 8. c’est un adultère spirituel puisque c’est une autre instance qui « parle », 9. c’est pas loin du faux-témoignage puisqu’on ne fait pas son boulot, et 10. puisque c’est la convoitise d’une prédication qu’on espère bonne et qui est un mélange du travail de prochains…
Ça fait beaucoup quand même !

Adam a-t-il vraiment vécu 930 ans où ce nombre est-il symbolique ? Idem pour les autres personnages de la Genèse ? Comment comprendre ces chiffres ? [Guillaume]

Votre question, Guillaume, renvoie au ch. 5 de la Genèse, qui commence par une énumération des descendants d’Adam, liste de 10 noms jusqu’à Noé. Comme Adam, ils ont vécu effectivement très vieux. Ce n’est pas inédit dans la littérature antique. Une liste de rois sumériens, dans ce même contexte du proche-Orient Ancien, indiquait même que certains avaient vécu jusqu’à 30.000 ans ! Il s’agissait de souligner, en l’exagérant, la vitalité des ancêtres, dans la période mythique des origines..

Pour en rester au texte biblique, il n’est pas exclu que ces grands nombres, à ne pas prendre à la lettre, aient eu une signification symbolique, voire astronomique (vous avez sans doute remarqué qu’Hénoch vécut 365 ans avant d’être enlevé, ce qui renverrait au calendrier solaire). Sens difficile à retrouver malgré tous les calculs savants auxquels on s’est livré. D’autant plus que les versions grecque et samaritaine de l’Ancien Testament donnent d’autres chiffres ! Le nombre total d’années qui séparent la création d’Adam du déluge serait de 1656 dans le texte massorétique (hébreu), 1307 dans le Samaritain, 2242 dans la Septante !

Il faut aussi noter que la durée de la vie, globalement (avec des exceptions, comme celle de Mathusalem dont la vie fut proverbialement longue !), décroit d’une génération à l’autre. C’est à rapprocher de Genèse 6,3, où Dieu décide de limiter la vie des hommes à 120 ans, conséquence du péché et de ses progrès ravageurs qui accompagnent le développement de la civilisation dans les premiers chapitres de la Genèse.

Dernier élément plausible d’explication, suggéré par un commentateur de la Genèse, Claus Westermann : ces vies démesurément longues aux origines rappellent que l’histoire humaine remonte très loin dans le passé et que ce passé n’a que peu à voir avec le présent… (C’est en centaine de milliers, voire en millions d’années que l’on date désormais l’apparition des premiers hominidés sur terre !).

 

Si on a mis sa confiance dans la parole de Dieu et qu’on trouve un tout autre sens à ce verset dans une autre Bible- comment gérer son malaise ? [Steph]

Il est tout de même rare de trouver d’une version des Saintes Ecritures à l’autre un texte au sens complètement différent pour un même passage !  Mais il est vrai que des nuances sont fréquentes. Il y a plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, un même texte biblique peut avoir plusieurs sens différents ! Non seulement de par l’intention de l’auteur, mais parce qu’il s’éclaire aussi sous des jours nouveaux en fonction des circonstances que le lecteur traverse. Et si les différences entre versions de la Bible mettent en valeur cette richesse, c’est tant mieux.

Ensuite, aucune traduction ne peut être fidèle à 100%. Chaque langue a son propre génie, et il n’existe pas toujours d’équivalent exact d’un mot hébreu ou grec en français. Un exemple : hésed n’a aucun équivalent adéquat dans nos langues indo-européennes, avertit mon dictionnaire hébreu-français. Ce mot peut désigner : la bonté fidèle ; l’attachement ; un lien d’alliance solide, voire des bienfaits qui en découlent. En Esaïe 40,6, on peut le traduire par « consistance » (TOB), « vigueur » (Français Courant), voire « éclat » (Segond). Traduire, c’est choisir, et parfois prendre le risque de trahir ! Aussi il est bon, pour approcher au mieux le sens d’un passage ou verset plus ou moins obscur, de comparer les versions entre elles. On a du choix en français : Segond et ses multiples révisions, la Nouvelle Français Courant, la TOB, Jérusalem, Maredsous, Osty-Trinquet, etc…

Autre problème, lorsque le sens de certaines racines hébraïques très rarement utilisées dans l’Ancien Testament (parfois une seule fois, on parle alors d’un hapax) est discuté. Les spécialistes ont recours alors à la comparaison avec d’autres langues sémitiques du Proche-Orient ancien, voire avec les versions anciennes du texte hébraïque, notamment grecque, syriaque… pour arriver à le cerner.

Rappelons aussi qu’il peut y avoir des divergences entre les différents témoins manuscrits d’un même écrit biblique. Il n’est pas toujours simple de décider lequel a gardé la version originale. C’est le travail de la « critique textuelle » et, d’une traduction de la Bible à l’autre, les choix peuvent être différents…

Bref, le « malaise » dont vous parlez peut survenir pour bien des raisons ! Faut-il en conclure que le sens authentique et original des textes bibliques nous reste à jamais inaccessible ? Que le texte biblique que nous avons sous les yeux n’est pas fiable ? Sûrement pas !

Tout d’abord aucun écrit dans l’histoire de l’humanité n’a été autant étudié, commenté, expliqué que les textes bibliques. Cette tradition d’exégèse et d’interprétation est une ressource précieuse. De même que la lecture en commun, avec d’autres personnes en recherche de son sens !

Enfin, soulignons que « La Bible éclaire la Bible ». Elle s’interprète elle-même. C’est en replaçant chaque texte dans le vaste ensemble de l’Ancien et du Nouveau Testament qu’on peut le comprendre. A travers la diversité foisonnante des genres littéraires, des époques, des auteurs, apparaît une extraordinaire unité et cohérence de la révélation de Dieu aux hommes, d’Abraham à Jésus-Christ. L’Esprit Saint a non seulement conduit les auteurs, rédacteurs et compilateurs des textes bibliques au cours des siècles, mais aussi la constitution du Canon, c’est à dire de la liste des livres retenus comme inspirés.

 

 

Pourquoi une prophétie peut être reçue comme valide à plusieurs époques ? [Stephane]

Qu’est-ce qu’une prophétie ? Si on suit l’opinion courante qui consiste à la confondre avec une prédiction annonçant l’avenir, elle ne peut être valable qu’en temps et en heure. 

Cette compréhension est à la fois juste et fausse : c’est vrai que beaucoup de messages prophétiques dans l’Ancien Testament regardent vers des évènements futurs, qui sont souvent les conséquences heureuses ou malheureuses du comportement du peuple de Dieu, ou des nations. 

Mais la prophétie reste d’abord une parole de vérité pour le temps présent, un appel à écouter la voix du Seigneur sans s’en laisser détourner par les ambitions ou les plaisirs immédiats. Comme vous le soulignez, Stéphane, elle est liée à un contexte précis. On ne peut saisir littéralement ce qui est dit par exemple de l’Assyrie dans le livre d’Esaïe (10, 24-27) : on peut en situer les éléments historiques et géographiques, mais ils n’ont plus de pertinence aujourd’hui. 

En revanche, il y a dans les prophéties des paroles qui effectivement ne passent pas, qui en se fanent pas comme la fleur des champs avec le temps, mais demeurent. C’est le cas des prophéties qui annoncent la venue du Messie, parce que Dieu ne cesse de nous appeler à regarder à lui, et à mieux le connaître. Mais c’est le cas aussi de l’attente de Dieu qu’expriment les prophètes : si la résistance à la puissance assyrienne n’est plus de mise, toutefois la vision du Dieu souverain qui l’accompagne et l’appel à la confiance (n’ayez pas peur) reste valable pour nous aujourd’hui devant d’autres puissances menaçantes. 

Et dans ce sens, la Parole de Dieu est toujours actuelle, elle dure éternellement. 

Trump serait-il « la bête » d’Apocalypse 13 (avec une bouche disant des choses arrogantes et Elon Musk « le faux prophète » (qui organise le culte de la bête et anime son image) ? [Nicolas]

Le rapprochement que vous proposez, Nicolas, entre les deux bêtes décrites en Apocalypse 13 et ces deux hommes politiques contemporains, est très tentant (MM. Trump et Musk partagent avec elles des traits communs, dont, effectivement, une énorme arrogance (cf Ap 13,5), mais cet avis n’engage que moi !).

Toutefois, il faut noter que depuis toujours, les lecteurs de ce chapitre essaient d’identifier ces figures monstrueuses du pouvoir opposé au règne de Dieu, qui forment avec le Dragon une sorte d’anti-trinité diabolique. La symbolique du fameux nombre 666 qui clôt le chapitre, comme une invitation à décoder l’ensemble, n’est pas pour rien à l’origine de ces recherches. A chaque époque ou tendance correspondent une ou plusieurs identifications fantaisistes de la bête : Mahomet, le Pape, Napoléon, Hitler, Staline, etc.

L’avis général, et le plus sûr, est que l’auteur de l’Apocalypse, en reprenant le symbolisme du livre de Daniel (comparant les empires babylonien, mède et perse à diverses bêtes féroces), évoque le pouvoir impérial Romain de son temps, persécuteur des chrétiens, blasphémateur (puisque l’empereur se faisait appeler Seigneur et devait être considéré comme divin). La deuxième bête symboliserait pour sa part toute la propagande qui était faite en faveur du culte de l’empereur.

Ce que nous pouvons retenir de votre hypothèse d’interprétation, c’est que tout au long de l’histoire humaine, et pas simplement au premier siècle (à la fin duquel a été rédigée l’Apocalypse), il a existé des pouvoirs humains ou des idéologies cherchant à prendre dans le coeur et l’esprit des gens, et dans toute la vie sociale, économique, politique, la place qui revient au seul vrai Dieu. Notre temps n’y échappe pas, il est d’ailleurs marqué par une persécution grandissante de ceux et celles qui se réclament de Jésus-Christ (en 2025, un chrétien sur sept dans le monde est emprisonné, inquiété ou discriminé du fait de sa foi). Mais le message de l’Apocalypse, c’est que le seul Seigneur, c’est Jésus-Christ, qui a déjà vaincu le mal et la mort. A lui seul la gloire !

Le patriotisme est-il un péché ou une vertu selon la Bible ? Devrions-nous aimer notre pays ? [Pierre]

Comme les composantes de ce qu’on appelle le patriotisme sont plurielles, je vous propose, Pierre, de répondre à votre question sous trois angles différents. 

Sous un angle politique, la naissance d’Israël comme nation organisée, avec à sa tête un roi apparaît plutôt comme une concession de Dieu à son peuple qui veut ressembler aux autres peuples, comme si Dieu souscrivait à un principe de réalité. La patrie, c’est aussi une terre, qui est promise à Israël, mais seulement dans la perspective d’une obéissance aux commandements divins (Cf. Dt 30). L’histoire biblique montre que les fondements de la nation peuvent chanceler quand les autorités se détournent de ce projet initial. Sur la politique, Jésus se montre plus radical encore : c’est déjà trop d’avoir deux maîtres, Dieu et César : il faut donc choisir son obéissance prioritaire. 

Sous l’angle de l’appartenance, le patriotisme exprime un attachement des traditions, à une culture, et, dans le cas d’Israël, à une foi communes. Le psalmiste, dévitalisé par l’exil, se demande ainsi : “ Comment chanter sur une terre étrangère ? “. Israël a toujours compté en son sein des étrangers, considérés comme tels, non-assimilés aux israélites, mais que la loi ordonne de protéger. Dans la perspective de la fin des temps, la destinée messianique d’Israël implique toutes les nations, invitées à se rassembler autour de la ville lumière, Jérusalem. Enfin, dans le Nouveau Testament, le récit de la Pentecôte fait exploser les frontières nationales, quand des personnes venues de tout le pourtour méditerranéen entende l’Evangile dans leur langue (Ac 2).  

Sous l’angle de l’identité, une forte composante du patriotisme, il faut relire Ga 3, 27-28 : “ il n’y a plus ni juif, ni grec … vous êtes un en Jésus-Christ ”. En Christ, nos identités particulières ne sont pas effacées, mais elles deviennent secondaires. Nous ne saurions nous sentir coupables d’aimer notre pays. Mais si nous mettons là tout notre zèle, plutôt que dans le dépassement de nos affections naturelles que nous propose de vivre l’amour de Dieu, nous faisons sûrement fausse route. La fraternité commandée par le Christ peut advenir dans une logique nationale, mais celle-ci ne saurait l’enfermer. 

Nous sommes nés quelque part, nous participons à une destinée commune qui est celle de notre région, de notre pays. Voilà qui fait de nous qui nous sommes. Mais nous sommes surtout appelés à entrer dans un projet de fraternité qui dépasse nos identités, nos appartenances naturelles. Si nous y restons enfermés, nous risquons bien, en effet, de pécher en tournant le dos à Dieu dont l’alliance est universelle.  

Jésus était-il un asexuel ? [Marine]

L’asexualité (qui correspond à la lettre A dans l’acronyme LGBTQIA+ rassemblant les diverses minorités sexuelles !), c’est le fait de ne pas éprouver de désir sexuel pour une autre personne, quel que soit son genre.

Très vraisemblablement, Jésus n’a pas été marié ; aucune trace d’une épouse dans les quatre Evangiles. Dans les siècles suivants se développeront des spéculations à ce sujet, comme celle de l’Evangile de Philippe, écrit gnostique tardif, selon lequel Jésus aimait Marie de Magdala, mais cela n’a guère de valeur historique. La thèse d’une relation homosexuelle avec le « disciple  bien-aimé » (sans doute Jean), parfois avancée, est encore plus farfelue.

Ce choix du célibat par le Christ, que l’on retrouve dans certaines vocations chrétiennes, ne nous dit rien sur sa sexualité, et ne constitue pas davantage un rejet ou une condamnation de la sexualité (Jésus d’ailleurs valorise le mariage dans son enseignement, voir Marc 10,1 à 12). Le plus simple est de comprendre que Jésus a voulu consacrer toute son existence sur terre à la mission de Salut que le Père lui a confiée.

Quelle est la signification symbolique de la croix huguenote ? [Jean]

La croix est d’abord un rappel de la croix sur laquelle notre Seigneur Jésus-Christ a été crucifié pour accomplir notre salut (Matthieu 27.32). La croix huguenote ressemble à quatre triangles qui se touchent par une pointe. Elle rappelle différentes autres croix : La croix de Malte, la croix du Languedoc, ou encore la croix de l’Ordre du Saint-Esprit. À quelques exceptions près, les Protestants français étaient exclus du droit de postuler à cette décoration ou de la recevoir. Les quatre espaces libres laissés entre les branches de la croix et les fleurs de lis forment des cœurs. Ces quatre cœurs peuvent évoquer quatre citation bibliques : « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » (1ère lettre de Jean 4.8) « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » (Jean 3.16) « Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. 35 C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres.  » (Jean 13.34-35) Et enfin la question que Jésus ressuscité pose à Pierre, qui l’avait renié: « Pierre – et là nous pouvons mettre notre nom – m’aimes-tu? » (Jean 21.15-17). Les rayons de lumière partant du centre vers la périphérie, sur les quatre branches, peuvent être une allusion à Jésus, lumière du monde (Jean 8.12), ou bien au Saint-Esprit qui « éclaire » tout croyant pour qu’il comprenne les Écritures (1.Corinthiens 2.14-16). Les fleurs de lis entre les quatre bras de la croix sont une allusion au roi de France. Par cela les Protestants affirmaient leur fidélité au roi. Dans certaines croix huguenotes, assez rares, les fleurs de lis sont remplacées par une couronne d’épines, évoquant la couronne d’épine portée par le Christ (Matthieu 27.29), évoquant aussi les souffrances que dans les siècles passés les Protestants ont subies pour leur foi. À la fin du déluge, Noé lâcha une colombe pour voir si le niveau des eaux avait baissé. La colombe retourna vers l’arche, portant une feuille d’olivier dans son bec (Genèse 8.11), ce qui est devenu le symbole de la paix. Lorsque Jean-Baptiste a baptisé Jésus dans le Jourdain, on lit dans les évangiles que « Jésus – mais aussi Jean-Baptiste (Jean 1.32) – vit l’esprit de Dieu descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui. » Depuis ce moment la colombe a aussi été un symbole du Saint-Esprit. Notons que la colombe de la croix huguenote est toujours représentée tête en bas, elle vient du ciel sur la terre. Parfois une sorte d’ampoule est suspendue à la croix, ampoule rappelant celle qui contenait l’huile pour le sacre des rois de France. Ceux qui la portaient exprimaient leur fidélité au roi. D’autres voient dans cette ampoule une larme symbolisant les persécutions des Protestants. Par le port de la croix huguenote, une personne témoigne de son appartenance au protestantisme. Cet article reprend largement, en les adaptant, des passages du livre « La Croix Huguenote » par Pierre BOURGUET, 1949, 1965, Éditions « Musée du Désert ».