Pourquoi certains subissent des agressions sexuelles et pas d’autres ? Est-ce « Dieu » qui choisit l’un par rapport à l’autre ? Pourquoi ? L’un est plus méritant que l’autre ? Plus aimé ? [Anicet]

La façon dont les questions que vous posez sont formulées me semble très dangereuse. Elles me font penser à la question que les disciples adressèrent à Jésus au sujet d’un homme aveugle de naissance : « Maître, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Ce à quoi Jésus répond en quelque sorte : « Ni l’un ni l’autre » et il réoriente le problème non pas en direction du passé de la personne mais de l’avenir. Il en va de même ici. Une victime d’agression sexuelle a besoin de soutien, de compassion et d’ouverture à l’action de l’Esprit de Dieu pour l’aider à se reconstruire sur tous les plans (même et surtout spirituels). Je ne crois pas que lui donner des explications, des « bonnes raisons » de ce qui lui est arrivé soit de nature à lui apporter cette aide. Je crois que Dieu intervient comme reconstructeur, refondateur, et pas auteur de tels drames. Je ne sais pas pour quelle raison telle ou telle épreuve survient dans la vie de quelqu’un mais je crois que Dieu peut intervenir pour faire que cette épreuve soit constructrice et pas destructrice.

Un chef d’état prétend avoir « le droit absolu » de « se gracier lui-même » ? Un éclairage biblique ? Quelles conséquences spirituelles ? [PCaf]

Ce chef d’Etat a aussi prétendu être chrétien mais n’avoir jamais eu besoin de se repentir de quoi que ce soit…
Un droit absolu serait un droit divin, obtenu de Dieu au-delà de la constitution. La constitution américaine ne permet pas à un président de se gracier lui-même. Il s’agit donc d’un fantasme de toute-puissance.

Ultimement, c’est bien Dieu qui pardonne et qui gracie.

Nous pouvons être amenés à nous pardonner nous-mêmes pour des choses dont nous nous accuserions sans cesse, mais se gracier de ce que la justice des hommes aurait condamné en nous, quand on sait que toute autorité vient de Dieu, c’est une façon de… se mettre à la place de Dieu.

Conséquence spirituelle : quand on craint si peu Dieu qu’on se met à sa place, on risque de le rencontrer. A savoir comment. Dans la conversion ? Alleluia. Dans le jugement ? Ca peut être plus chaud…

Quelle était la marque que Dieu mit sur le front de Caïn ? [Joves]

Le récit auquel vous faites référence se trouve dans le chapitre 4 du livre de la Genèse et le mot hébreu employé qui est traduit par « marque » ou « signe » est un mot couramment employé et qui ne ne permet pas d’être plus précis.

La Bible ne permet donc pas de répondre à votre question.

Le plus important dans le texte n’est pas la nature de cette marque mais son sens : elle protège Caïn afin que personne ne l’assassine. Ce n’est pas aux hommes de rendre la justice de Dieu…

La piété fait-elle vraiment partie des sept dons de l’Esprit ? Cf. Esaie 11 duquel la piété est exclue alors qu’elle est comprise par l’Eglise dans la liste des dons. [Manu]

Je n’ai jamais lu Ésaïe 11 comme l’établissement de la liste exhaustive des dons de l’Esprit. D’autant que ce passage ne correspond pas exactement à des versets comme Galates 5,22, Éphésiens 5,9, 1Corinthiens 12, etc. Les dons de l’Esprit sont très divers, et le but de notre vie chrétienne n’est d’abord, me semble-t-il d’établir une liste de 7, 12 ou 40 dons. La piété, la ferveur, la foi, il me semble difficile de ne pas voir l’Esprit de Dieu derrière.

Un pasteur d’une église de réveil, m’a dit que lorsqu’on écrit des hiéroglyphes quand on est en transe- c’est pas de Dieu. Pour lui- il n’y a que le parler en langue qui existe. Ça peut se traduire. [Jean-Paul]

La question que vous posez est celle de la gestion du « surnaturel ». Dans les communautés dites charismatiques, on gère ces questions sur une base biblique. Et en particulier en s’appuyant sur 1 Corinthiens 12-14.

Les phénomènes de transe n’ont pas leur place dans l’Eglise de Jésus-Christ. Au pire ce sont des manifestations démoniaques et ces esprits doivent être chassés. Donc, comme le dira Paul dans le passage que je viens d’évoquer, tout doit se faire dans l’ordre, ou, pour l’utilité commune. Ecrire en hiéroglyphe est plus de l’ordre d’un surnaturel occulte que d’un surnaturel divin. On est bien d’accord.

Attention aussi car si nous sommes d’une culture afro-caribéenne par exemple, il ne faut jamais oublié que la « mémoire » de l’animisme n’est pas si lointaine dans la culture et la société. Alors il peut y avoir des phénomènes qui s’opèrent et qui effectivement, ne viennent pas de Dieu, mais plutôt de résidus de la sorcellerie et autres pratiques occultes. La sobriété s’impose donc dans ces contextes. Pour que ce soit clair : qui est le Seigneur dans ces lieux, Christ ou les puissances mauvaises ?

Les textes bibliques sont-ils ouverts à une pluralité d’interprétations ? Chaque croyant devrait-il interpréter le sens d’un passage biblique pour lui-même ? [Bjorn]

Les textes bibliques peuvent avoir plusieurs interprétations, tout dépend surtout de l’intention de la personne qui les interprète. Il me semble qu’interpréter le sens d’un passage biblique pour soi-même, donc en quelque sorte, tout seul, ne me paraît pas judicieux. D’abord parce qu’il y a beaucoup d’autres chrétiens avant moi qui ont interprété, et que c’est peut-être plus simple d’aller d’abord voir ce qu’ils en ont dit plutôt que de me casser la tête sur des versets qui peuvent être compliqués. Ensuite parce que l’interprétation biblique n’est pas une fin en soi, me semble-t-il. Il s’agit d’abord et avant tout d’approfondir notre relation au Dieu vivant révélé en Jésus-Christ. Nous ne sommes pas là d’abord pour faire des interprétations. Si les interprétations que je lis ne me semblent pas renvoyer à un approfondissement de ma relation au Christ mais que, par exemple, elles cherchent à défendre une idéologie ou à faire admirer l’intelligence de l’interprète, je préfère prier, reprendre le texte et alors, proposer une interprétation. Ce sera la mienne, mais j’aurais cherché à travers elle à mieux faire connaître le Seigneur et son amour.

Que penser de la pratique spirituelle de la coupure des liens générationnels en vogue dans certains milieux charismatiques ? [Jack]

L’idée qui se trouve derrière cette pratique c’est de mettre en œuvre, d’activer une réalité spirituelle décrite par Ezéchiel et Jérémie : quand les temps messianiques seront accomplis, il n’y aura plus la fatalité de subir les conséquences de ce qu’on fait les générations précédentes. Dans leur langage : on ne dira plus que les parents ont mangé des raisins verts et que ce sont les enfants qui ont eu mal aux dents (Jérémie 31,29 et Ezéchiel 18,2).

Dans le même sens, Jésus lui-même a pris le temps de couper avec Joseph dans l’expérience au Temple à douze ans (Luc 2,49) et avec Marie pareillement à trente ans (Jean 2,4).
Il s’agit que la malédiction évoquée dans les dix commandements (Exode 20 et Deutéronome 5), puisse être levée par le Seigneur : on ne sera plus maudit jusqu’à la troisième et quatrième génération de ceux qui haïssent Dieu.

Pour autant, quand cela devient une théologie à part entière à l’intérieur de la théologie biblique, il faut se questionner. Ce n’est pas parce qu’on prononce des phrases tous azimuts qu’on est libre des problématiques ancestrales. C’est sous l’inspiration du Saint-Esprit que la mobilisation des ces réalités devient pertinente.

Est-ce que les gens qui ont vécu avant la mort de Jésus ont aussi été sauvés ? Et qu’adviendra-t-il des personnes non-chrétiennes ? Seront-elles sauvées ? [Rija]

Les questions que vous soulevez sont très importantes, mais peut-être, plus encore, difficiles à résoudre. Car le mystère du salut est entre les mains du Père. Même les places à droite et à gauche du Fils dans le royaume ne dépendant pas de lui mais du Père seulement (Matthieu 19. 23). Nous pouvons considérer I Pierre 3. 18-20 comme la prédication de Jésus aux défunts, mais ce n’est qu’une interprétation de ces versets. Plutôt que de m’angoisser avec des questions trop grandes pour moi, je pense avoir déjà assez de travail à faire pour m’ouvrir toujours davantage au salut que Dieu a préparé à mon intention en Jésus-Christ, ainsi qu’à témoigner de son amour autour de moi pour que d’autres s’ouvrent à cette grâce.

Noël… confondu avec une fête païenne- ça me gêne. Jésus n’a jamais demandé de célébrer sa naissance mais sa mort en mémoire de Lui. Est-ce alors « bien » de fêter Noël ? [Françoise]

Qu’est-ce que nous fêtons à Noël ? L’anniversaire du petit Jésus ? Alors en effet, il y a un problème. Mais si nous nous souvenons à cette occasion que Dieu, par amour, a décidé de rejoindre notre humanité en se faisant homme (et donc en passant par toutes les étapes de la vie humaine, naissance et petite enfance comprises) pour venir rétablir la relation brisée par le péché, alors je crois que la célébration de Noël est très chrétienne. L’affaire est entendue, nous ne savons pas la date exacte, et le 25 décembre n’est qu’un calque posé sur une fête païenne. Cela n’enlève rien au sens chrétien de la célébration.

Le dimanche est-il biblique ? Pourquoi ne pas garder le sabbat juif comme le jour de Dieu ? [Jimmy]

Le dernier jour de la semaine, à lire Genèse 2 est celui du repos pour Dieu et il est celui que le livre de l’Exode (20,8-11) nous invite à mettre à part pour Lui.
Dans les évangiles, le texte indique que le Christ est ressuscité le lendemain du sabbat. Si on transpose dans notre semaine, le sabbat correspond à notre samedi et le dimanche est alors le premier jour de la semaine comme le dit Jean 20, 1.
Le dimanche est donc biblique et les chrétiens célèbrent le jour de la résurrection du Christ, parce que cet événement est fondateur de la foi chrétienne.
Néanmoins c’est tous les jours que nous devons rendre un culte à Dieu et le célébrer, comme on peut le lire en 1 Thessaloniciens à la fin du chapitre 5.