Qu’en est-il des anciennes lois telle que l’interdiction de manger du porc ? [Tobi]

La première Eglise décide, lors du synode de Jérusalem, de limiter les règles alimentaires à très peu (Actes 15/24-29), par rapport à ce qui est commandé en Lévitique 11 par exemple. Ce qui a présidé à cette décision est la nécessité d’accueillir des personnes qui croyaient en Jésus, alors qu’elles n’étaient pas juives et n’avaient donc pas l’habitude de telles pratiques alimentaires (Voir aussi Actes 10). Derrière cette évolution se trouve probablement la conscience qu’une étape nouvelle est franchie avec Jésus, qui vient briser les murs qui séparaient juifs et non juifs, pur et impur, pour offrir le salut au monde entier. Il ne s’agit plus maintenant pour les croyants de se tenir à part, en gardant un régime différent, mais de recevoir l’amour de Dieu et de le partager. (Voir Marc 7/19 ou Marc 12/28-31).

Est-ce qu’avec Jésus c’est la fin de la loi ? [Yahia]

Jésus n’a pas mis fin à la loi, il est venu l’accomplir (Matthieu 5. 17). En Jésus, Dieu est venu définitivement réconcilier les êtres humains avec lui, en prenant sur lui le poids de tout ce qui sépare l’humanité de Dieu. Il l’a fait en allant jusqu’à la mort, qui devrait nous être destinée pour toujours au regard de notre séparation profonde d’avec Dieu. Mais si nous mettons notre foi en lui, alors plus rien ne peut nous séparer de son amour. La loi sert de témoignage à l’action de réconciliation et à la sainteté de Dieu. Quand on la prend pour le moyen par lequel Dieu nous reconnaîtrait comme « justes », on fait erreur. Quand on met sa foi en Jésus, on comprend petit à petit que toute la loi ne fait que le désigner lui.

Que dire de la religion juive lorsque l’on est chrétien ? Ne sont-ils pas ceux qui ont refusé de reconnaître le Messie dans la personne de Jésus ? Et qu’attendent-ils au juste ? [Rémy]

Les Juifs ne sont pas les seuls à ne pas reconnaître le Messie dans la personne de Jésus ! Il y a aussi les musulmans, les croyants des traditions religieuses non chrétiennes, et les athées ! Une récente déclaration de la Fédération Protestante de France a fait le point sur cette question du point de vue protestant. Je vous invite à consulter le livret publié à cette occasion : http://www.protestants2017.org/wp-content/uploads/2017/12/Cette-memoire-qui-engage-livret.pdf

J’ai pour ma part un immense respect et intérêt profond pour la religion juive, car j’y vois une de mes racines spirituelles les plus fortes en tant que chrétien. Jésus était Juif ! Le fait que beaucoup de ses frères et sœurs dans la foi ne l’aient pas reconnu est un mystère, une question douloureuse, mais je m’en tiens aussi à ce que Paul dit dans la lettre aux Romains (11. 16-18) : « si la première part de pain est sainte, tout le pain l’est aussi; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi. Mais si quelques-unes des branches ont été coupées et si toi, qui étais un olivier sauvage, tu as été greffé parmi les branches restantes et tu es devenu participant de la racine et de la sève de l’olivier, ne te vante pas aux dépens de ces branches. Si tu te vantes, sache que ce n’est pas toi qui portes la racine, mais que c’est la racine qui te porte. »

Pourquoi appelle-t-on Jésus la Parole ? La parole (avec un petit p) désigne-t-elle la voix de Dieu ? Quelles différences/rapprochements avec la Bible ? [Christophe]

C’est l’évangile de Jean qui emploie dans son « prologue » (Jean 1, 1-18) cette expression pour parler de Jésus-Christ : « La Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous » (v. 14) C’est que Dieu, dans la Bible, ne parle pas qu’avec des mots… Bien plus généralement la Parole de Dieu est en même temps une action (d’ailleurs certaines traduction disent « le verbe s’est fait chair »). La parole de Dieu ne désigne donc pas spécialement une voix, mais toutes les voies que Dieu utilise pour s’adresser aux humains dans l’Histoire. Parmi celles-ci, le Nouveau Testament enseigne que l’incarnation de Dieu en Jésus (de sa naissance à sa résurrection en passant par son ministère et sa mort) est particulièrement signifiante et explicite pour nous permettre de comprendre quel est le projet de Dieu pur l’humanité. C’est donc un raccourci que d’appeler « parole de Dieu » la Bible; pour le croyant Dieu parle à travers les textes de la Bible, mais c’est la lecture qui transforme le texte en parole : travail de compréhension, d’interprétation et éclairage du saint-Esprit … C’est ce processus mystérieux qui fait que Dieu « parle » à chaque génération à travers ces textes, qui eux-mêmes révèlent le Christ, qui lui-même révèle le plan de Dieu.

Qu’est-ce que l’on entend par parole « Logos » et parole « Rhema » ? [P]

Le mot grec « logos » désigne la parole et la raison. Le mot grec « rhema » désigne la parole et l’événement. Ces duos de mots, qui ont un sens logique quand on considère la mentalité grecque antique, en ont un autre, quand on considère la pensée biblique et la relation que Dieu offre à son peuple. Ainsi, la Parole du Dieu de la Bible éclaire les choses, nous communique la vérité sur Dieu et sur nous-mêmes. Elle est aussi ce qui crée l’événement, ce qui a créé le monde, ce qui l’a recréé. Ainsi la parole de Dieu dans la Bible est-elle aussi miracles, promesses, actes de salut.

L’étude précise de l’usage de ces deux mots dans la Septante, la version grecque ancienne de la Bible et les différents écrits du Nouveau Testament a sûrement déjà été le sujet de plusieurs thèses de théologie, les auteurs bibliques employant certainement l’un ou l’autre en fonction de leurs choix propres. J’ai néanmoins rapidement regardé où se trouvaient ces mots dans quelques évangiles, et je vous livre quelques conclusions partielles, vous laissant poursuivre la réflexion.
Dans l’Evangile de Jean, « logos » est utilisé pour la Parole de Dieu envoyée dans le monde. Cette Parole désigne Jésus-Christ lui-même (voir Jean 1/14 :  » logos » ainsi que Jean 8/37, 8/43, 8/51). Rhema, utilisé au pluriel désigne, en revanche,  les paroles concrètes que Jésus a prononcées pendant son ministère : Jean 8/20, ou 5/47) par exemple. En Matthieu, « logos » désigne le plus souvent la parole qui vient de Dieu ou de Jésus (7/24, 15/12) quand « rhema » désigne des paroles humaines (12/36, 18/16). Enfin, chez Luc, c’est l’enseignement de Jésus ou des disciples qui est désigné par logos ( 1/2, 4/22, 5/1) quand les actes rédempteurs de Dieu et les miracles manifestés en Jésus sont visiblement désignés par « rhema » (1/37, 38, 65, 5/5, 7/1).

Bonne continuation avec le Dieu qui parle !

« Je ne permets pas à la femme d’enseigner- ni de dominer l’homme ; qu’elle demeure dans le silence. Elle sera néanmoins sauvée en devenant mère (…). » 1Tim 2-12 et 15. Vraiment ? [RK]

Comme dans l’ensemble de ses épîtres, et notamment comme dans la 1ère lettre aux Corinthiens dans laquelle nous trouvons une exhortation du même type (1Corinthiens 14,34), Paul a pour souci principal d’amener d’anciens polythéistes à renoncer à l’idolâtrie (1Thessaloniciens 1,9) et ses conséquences éthiques (quand bien même elles se revendiqueraient de la Loi de Dieu, voir 1Timothée 1,7-8). Il ne faut pas perdre de vue que ces lettres sont envoyées dans des situations de relative urgence, pour traiter de problématiques spécifiques et localisées.

Nous ne savons pas clairement quels sont les enjeux derrière ce passage : Influence des cultes à mystère et des pratiques divinatoires dans lesquelles les femmes ont traditionnellement une grande place ? Influence d’une tendance culturelle qui tendrait à « émanciper » les femmes de leur mari ? Tendance, sous l’influence d’une manière plus grecque que juive de voir l’Homme, au mépris du corps et de ses réalités ?

Il y a peut-être un peu de tout ça à la fois. Paul s’appuie sur l’enseignement de la Loi juive (1Timothée 2,13-14) comme en 1Corinthiens 14,34 (voir aussi 1Corinthiens 11, 7-11). Bien que par ailleurs Paul ne conteste pas la légitimité pour les femmes de parler et prophétiser publiquement (1Corinthiens 11,5), il refuse l’idée selon laquelle la femme pourrait dominer l’homme, et renvoie à l’ordre social du père comme chef de famille, qu’il ne remet pas en question. Paul invite finalement les femmes à faire le choix de la maternité, s’attaquant peut-être ainsi à un certain mépris du corps et de la sexualité.

Il me semble difficile d’absolutiser un passage qui parait si contextuel. Toutefois, il me semble évident qu’il peut interpeller aujourd’hui un certain féminisme méprisant la masculinité et assumant un certain (et très gnostique) mépris du corps et de l’appartenance sexuelle.

Paul en 1 Corinthiens 10-11 demande aux femmes de se voiler dans l’église. Un verset à prendre au sens littéral ou à considérer dans son contexte culturel ? [Emma]

Avec beaucoup de textes il faut choisir où nous allons mettre le curseur :

  • normativité haute : le texte est reçu comme une parole de Dieu et donc ces consignes s’imposent à tout un chacun au-delà des siècles,
  • normativité basse : le texte a été dit par un humain (il ne dit pas nécessairement que Dieu ordonne ceci ou cela, il exprime un point de vue), et surtout comme dans ce cas d’une lettre, il a écrit à des personnes dans un contexte particulier.

C’est ce qui est intéressant avec les épîtres de Paul, c’est qu’il a une approche pragmatique et sur mesure. Il écrit d’abord pour régler des problèmes spécifiques.

Et à Corinthe, le problème ce sont les religions pré-chrétiennes qui donnent notamment à la femme « en cheveux » comme on a dit à certaines époques (par opposition à voilée) le statut de prostituée, ou, là-bas et en ce temps-là, le rôle de prostituée sacrée, ou de voyante pratiquant la divination, ou de prophétesse d’un autre esprit que l’Esprit de Dieu. D’où son conseil.

A vous de choisir, donc, entre normativité haute et basse !

Noé a-t-il sauvé les poissons ou sont-ils restés dans l’eau ? [Jo]

Quelques éléments de réponse personnelle :

1- Que ce soient les poissons, tout autant que les volatiles, les animaux terrestres et les humains présents dans l’arche, ce n’est pas Noé qui les a sauvés mais Dieu. C’est lui qui a donné l’ordre à Noé de construire le refuge flottant où toutes ces espèces pouvaient loger, et c’est lui qui a laissé les eaux détruire tous les autres. Noé a obéit, mais il n’est pas l’auteur du salut.

2- Je ne suis pas de ceux pour qui la validité historique du récit du déluge est déterminante pour en estimer la valeur. On peut trouver cette histoire ridicule, mais il semble bien qu’un événement catastrophique de grande ampleur se soit déroulé, qui a impacté des récits de même facture dans de très nombreuses civilisations. Même si ce récit est à entendre de façon métaphorique, j’y reçois des vérités très interpellantes pour aujourd’hui. Ainsi : Le déluge est provoqué par le mal que commettaient les hommes (Genèse 6. 5) et la violence qui remplissait la terre (6. 11). Que le comportement humain ait des répercussions négatives sur toutes la création, cela ne vous paraît-il pas d’actualité (pollution, réchauffement climatique, etc.) ? Avoir foi en Dieu, croire ce qu’il dit nous fait souvent apparaître pour des idiots auprès de nos contemporains qui ne croient pas, tout autant que si nous nous mettions à construire un bateau gigantesque au beau milieu d’un continent…

3- Le mot aquarium n’existe pas en hébreu biblique. Les premiers aquariums datent du XIXe siècle. Merci d’avoir posé cette question qui m’a permis d’en apprendre davantage sur les aquariums !

Noé a-t-il sauvé les poissons ou sont-ils restés dans l’eau ? [Jo]

Une réponse Croix Bleue : les poissons aiment l’eau, eux… hein Noé ?

Une bonne nouvelle : la baleine n’est pas un poisson. Parce qu’en couple dans l’arche, ça aurait été galère. C’est assez…

Une réponse rabbinique : les poissons n’étaient pas concernés par le péché parce que n’ayant pas de paupières ils ne peuvent pas fermer les yeux sur le péché.

N’oubliez pas de chercher votre réponse !

Pourquoi Dieu a-t-il essayé de tuer Moïse (Exode 4:24-26) et pourquoi est-il sauvé par la circoncision de son fils ? [Laura]

Merci pour cette question que je me suis souvent posée sans jamais prendre la peine d’y chercher une réponse précise.

Genèse 17/9-14 explique le sens de la circoncision. C’est le signe de l’appartenance d’un individu au peuple avec lequel Dieu a fait alliance par l’intermédiaire d’Abraham.  Sans circoncision, l’individu est exclu de l’alliance et de ses promesses.
Bien longtemps après ce commandement,donné à Abraham Moïse est né dans le peuple de l’alliance. Puisque rien n’est précisé à ce sujet dans le livre de l’Exode, nous pouvons croire qu’il a été circoncis, comme tous les enfants de son peuple à 8 jours, malgré les persécutions et le danger qui devait peser sur lui (Josué 5/5). L’histoire nous laisse ensuite entendre que Moïse fut tiraillé entre son appartenant au peuple hébreu (Exode 2/11-13) et les cultures diverses de ceux qui l’ont pour ainsi dire « adopté » pour lui sauver la vie : la fille du pharaon (Exode 2/10) puis le madianite Réuel dont il épousa la fille et le mode de vie sans vraiment avoir l’impression d’appartenir pleinement à ce peuple (Exode 2/21-22).
Exode 4 est le moment où Moïse qui vient d’accepter l’appel de Dieu doit se ranger définitivement du coté du peuple de l’alliance. Il me semble qu’il doit donc, en quelques sortes, mourir aux différentes identités entre lesquelles il a navigué pour accepter l’identité que Dieu lui donne. Cela passe certainement par la circoncision de son fils, qui avait dû être négligée, vue la situation flottante de l’identité de Moïse. C’est ainsi que nous pouvons penser que Séphora accomplit à la place de son mari ce qu’il aurait dû faire, en rangeant la famille entière dans l’alliance de Dieu (ce que peux signifier l’expression « époux de sang » ). En acceptant le geste de sa femme, Moïse renonce  aux vieilles identités qui l’ont jusque là protégées, pour entrer dans la mission que Dieu lui donne. Il devra dorrémavant mettre sa confiance en Dieu seul.
Pourquoi tant de violence, me direz-vous ? Peut-être pour nous dire que la vie avec Dieu nécessité, un jour et chaque jour quelque chose de l’ordre du renoncement à nos fausses sécurités, aux histoires et aux actions que nous inventons pour nous en tirer par nous-mêmes. Paul nous dira qu’en Jésus, il nous est donné d’apprendre à mourir à nous-mêmes. L’appel est sérieux, le chemin, est celui de la vie et de la liberté promises.
Romains 6:4 « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. »