Suffit-il- pour un chrétien se voulant biblique- que l’avortement soit interdit pour s’en réjouir ? Comment agir- de façon édifiante et glorifiant Dieu- pour prévenir l’avortement ? [Nick]

Cher Nick, Votre question est intéressante. Etre contre l’avortement, c’est bien. Mais comment faire, concrètement, pour rendre cet idéal possible ? L’avortement pose en effet des questions qui nous impliquent tous.

Le première, question que pose l’avortement me semble être celle de la valeur de la vie humaine dans notre culture. Qu’est-ce qui fait que nous valons quelque chose ? Nos capacités à réfléchir, à travailler ? Le regard que d’autres posent sur nous ? Le fait que nous soyons aimés, par un conjoint, par des parents, par des amis ? Notre richesse ? Dire que nous sommes contre l’avortement, c’est dire notre confiance dans le fait que la valeur de l’humain repose sur le fait que Dieu l’a désiré. Etre contre l’avortement, c’est donc agir pour que soit considérée la valeur de tout être humain. Je vous laisse donc imaginer à quel point ces considérations ont de larges implications, de la question de la maltraitance dans les EHPAD, à celle du harcèlement dans les collèges ou de la malnutrition dans les pays du Sud.


La seconde question que pose l’avortement est celle de la responsabilité. L’éthique chrétienne lie l’amour à l’engagement pour l’autre. Promouvoir une culture de l’engagement, c’est certainement limiter le nombre de femmes qui doivent avorter parce que leur conjoint ne veut pas de l’engagement que représente un enfant. C’est aussi permettre aux femmes de refuser les pressions qui laissent entendre qu’accueillir un enfant équivaut à gâcher sa vie.


La troisième implication relève de l’aide pratique. Comment peut-on épauler des femmes qui choisissent de garder leur enfant malgré des conditions économiques, psychologiques et relationnelles difficiles. Comment entourer les personnes qui ont des enfants et en particulier les femmes qui les élèvent seules ? Cette question s’adresse peut-être spécialement aux églises, qui se disent être une famille.

La quatrième relève de l’annonce de l’Evangile. Où puiserons-nous la conviction que Dieu désire toute vie ? Où trouverons-nous la force de trouver les moyens de l’accueillir ? Comment peut-on garder confiance à travers des circonstances difficiles, si ce n’est dans l’Evangile de Jésus-Christ ?

Quel était le mouvement du christianisme social ? Cela existe-t-il encore ? [Cécile]

Le christianisme social est un mouvement qui date de la fin du XIXème siècle. En réaction contre le capitalisme qui générait alors beaucoup de misère et éloignait les plus démunis de Dieu, le christianisme social prônait une moralisation des individus et de la société afin qu’une vie selon Dieu et non selon l’argent, soit possible. Ainsi, le christianisme social s’est-il ingénié à annoncer l’Evangile dans les classes populaires, luttant contre l’athéisme marxiste, l’alcoolisme ou les moeurs dissolues sans ménager les critiques contre la société et des riches qui entretenaient la misère. Le christianisme social a pu conduire à la mise en place de propositions alternatives au capitalisme, tels les coopératives, ainsi qu’à des prises de positions politiques.

En 2010, un mouvement  « du christianisme social » s’est créé en association, se réclamant de ces idées. Ces dernières ont néanmoins visiblement beaucoup évoluées. Ainsi, le christianisme social tel qu’il est compris à la fin du XXIème siècle privilégie le politique et le social par rapport au travail d’évangélisation. Il se focalise ainsi sur les changements sociétaux plus que sur le changement des individus, appelés autrefois à croire et à faire selon Dieu.

Pourquoi mes prières et mes efforts sincères ne parviennent-ils pas à vraiment aider une personne qui le mériterait vraiment beaucoup, au point de devoir abandonner pour ne pas être entraîné soi-même ? [Silvano]

Il m’est souvent arrivé d’avoir envie d’aider quelqu’un par ma prière et mon soutien concret, puis de me trouver déçue de ce que cette personne continue de persévérer dans des problèmes alors que je pensais savoir comment elle pourrait facilement en sortir.

Le Bible nous dit que nous ne sommes pas les sauveurs les uns des autres, mais que nous avons, en Jésus, un sauveur. Nous ne pouvons que faire les présentations, en parlant de Dieu à ceux qui ont besoin de lui, et en parlant de ceux qui ont besoin de lui, à Dieu, dans la prière. Nous devrons ensuite laisser le Seigneur aider la personne que nous lui présentons, dont il connaît les blessures, les blocages et les prisons bien mieux que nous. Il convient ainsi, parfois, de prendre du recul, pour se protéger, mais aussi pour manifester à la personne en difficulté que son salut est en un autre que nous. Nous pouvons trouver des versets qui soutiennent la rupture parfois nécessaire, dans le cadre du couple : 1 Corinthiens 7/16, ou de la communauté : Matthieu 18/15 s.

Si tu penses risquer d’être entraîné sur de mauvais chemins, n’hésite pas à prendre du recul avec la personne qui risque de t’y conduire. Continue à prier pour elle, à louer Dieu pour ce qu’il va accomplir dans sa vie, à travers cette difficulté qu’elle traverse. Attends sa réponse avec patience… Mon expérience en la matière est pleine de frustrations, mais aussi et surtout, par la grâce de Dieu, de très belles surprises !

Je ne comprends pas sur quels critères se base notre pasteur lorsqu’il refuse qu’une personne puisse faire un don (ex. de fruit et légumes) à l’un des frères de cette même Eglise. [Rémy]

Faire un don à  qui en a besoin est recommandé par la Bible (Matthieu 25/13-45 ou Esaïe 58, par exemple). Je ne peux donc pas vous dire sur quels critères votre pasteur se base, sinon imaginer quelque chose lié à la spécificité de la situation de ceux qui veulent donner ou de celui à qui on aimerait donner. Ainsi, Paul dit, par exemple, qu’il ne convient pas de remplacer les proches dans l’aide qu’il est nécessaire d’apporter aux veuves, à l’époque démunies, afin que celles qui n’ont aucune autre solution puisse être vraiment aidées (1 Tim 5/3-4). On voit aussi, en Actes, les apôtre organiser le don aux démunis, afin que ce travail s’harmonise correctement avec la nécessité de prêcher la Parole et permette une équité (Actes 6/ 1-7).
Qu’imaginer quant à la situation que vous évoquez ? Peut-être votre pasteur ne veut-il pas que cette personne soit privilégiée par rapport à d’autres et préfère-t-il donc que les dons soient répartis par un conseil, dans l’église ? Peut-être a-t-il proposé à cette personne de se faire aider par sa famille ou des associations plus à même de l’accompagner, ce qu’elle aurait refusé ? Il ne s’agit ici que d’hypothèse. Il convient en tous cas d’avoir à l’esprit qu’il est possible que votre pasteur sache des choses qu’ils ne puisse pas partager avec vous, puisqu’il est tenu à la confidentialité.