Votre question, Irgalan, est sans doute surtout motivée par le verset 28 : « Lorsque tout lui aura été soumis, alors le Fils lui-même se soumettra à celui qui lui a soumis toute chose, afin que Dieu soit tout en tous. » Vous vous dites peut-être que souligner que le Fils sera soumis au Père infirme le dogme de la Trinité. Mais il me semble qu’à bien d’autre moment, Jésus lui-même a tenu des propos comparables : « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, sinon ce qu’il voit le Père accomplir. Tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. » (Jean 5. 19) On peut même trouver un verset qui semble donner une prééminence au Fils : « Mon Père m’a tout donné, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père; personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » Cette question de soumission est avant tout, me semble-t-il une question d’obéissance et d’humilité dans l’amour. Nous avons du mal à penser que Dieu (Père, Fils et Saint Esprit) soit humble, c’est pourtant bien ce que la Bible nous enseigne. La Trinité décrit une réalité relationnelle et pas ontologique. C’est la même chose, par exemple, au sein du couple. La lettre aux Ephésiens dit : « Soumettez vous les uns aux autres dans la crainte de Dieu » (5. 21) ce qui dit un certain type de relation au sein du couple, marqué par l’humilité et l’amour réciproque.
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Que penser aujourd’hui de 1 Corinthiens 11-1-16 ? Je croyais que mon Maître- mon chef- était Jésus… En tant que femme- je ne sais pas ce que je dois apprendre de ce texte. [Marie]
Vous faites bien, Marie, de croire que votre maître, votre chef est Jésus. C’est bien le cas ! Dans le passage que vous mentionnez, Paul parle de la façon dont les Corinthiens doivent organiser leurs célébrations. Il s’agit de donner un cap, une référence. Il y a pleins de détails, dans ce texte, qui méritent un travail approfondi sur le texte grec d’origine pour être saisis dans toute leur richesse, que la traduction française a du mal à rendre. C’est pourquoi je n’entends pas ce passage comme un exposé parlant de l’essence de ce qu’est un homme ou de ce qu’est une femme, mais comme une direction à suivre pour rendre un témoignage qui honore Dieu dans une assemblée de chrétiens d’un temps et d’un lieu particulier. Le fond du problème pour Paul est que les Corinthiens soient « convenables » aux yeux des autres et entre eux. Comment, à notre époque et dans le lieu où nous nous trouvons, rendre un témoignage comparable ? Voilà, je crois ce que ce passage nous pose comme question. À nous de nous mettre à l’écoute de l’Esprit pour trouver une mise en œuvre pour aujourd’hui.
Paul en 1 Corinthiens 10-11 demande aux femmes de se voiler dans l’église. Un verset à prendre au sens littéral ou à considérer dans son contexte culturel ? [Emma]
Avec beaucoup de textes il faut choisir où nous allons mettre le curseur :
- normativité haute : le texte est reçu comme une parole de Dieu et donc ces consignes s’imposent à tout un chacun au-delà des siècles,
- normativité basse : le texte a été dit par un humain (il ne dit pas nécessairement que Dieu ordonne ceci ou cela, il exprime un point de vue), et surtout comme dans ce cas d’une lettre, il a écrit à des personnes dans un contexte particulier.
C’est ce qui est intéressant avec les épîtres de Paul, c’est qu’il a une approche pragmatique et sur mesure. Il écrit d’abord pour régler des problèmes spécifiques.
Et à Corinthe, le problème ce sont les religions pré-chrétiennes qui donnent notamment à la femme « en cheveux » comme on a dit à certaines époques (par opposition à voilée) le statut de prostituée, ou, là-bas et en ce temps-là, le rôle de prostituée sacrée, ou de voyante pratiquant la divination, ou de prophétesse d’un autre esprit que l’Esprit de Dieu. D’où son conseil.
A vous de choisir, donc, entre normativité haute et basse !