Quelle est la différence entre la notion d’enfant et de fils la Bible ? [Jin]

Si différence il y a, elle tient au fait que le mot « fils » renvoie directement à un parent, marquant un lien privilégié avec celui-ci, alors qu’ «enfant » est préféré pour désigner une condition ou un statut social.

Ainsi le peuple d’Israël est-il le fils de Dieu (Exode 4,22 ; Osée 11,2), une filialité parfaitement accomplie par le Christ (Matthieu 3,17) et ceux qui croient en Lui (Galates 3,26).

Quant à l’enfant, il a clairement, aux temps bibliques, un statut inférieur à celui de l’adulte : le père dispose de la vie de son enfant, et ce dernier doit à ses parents honneur, respect et obéissance (Exode 20,12 ; Ephésiens 6,1). L’enfant est logiquement l’exemple de l’inexpérimenté (1Co13, 11 ; 14,20). Mais il est aussi l’exemple du petit, du faible qui a accès aux secrets du royaume de Dieu cachés aux « grands » de ce monde (Matthieu 11,25) ; celui dont la simplicité, l’humilité sont prises en exemple par le Christ (Matthieu 18, 3-4); et celui pour lequel le Christ a une préoccupation particulière (Matthieu 18,6 ; Marc 9,37).



Le cœur dans la Bible est un peu comme l’antenne qui permet de communiquer avec Dieu. Sachant aujourd’hui que les émotions émanent du cerveau- y a-t-il un enseignement spirituel à comprendre ? [Alexis]

Le cœur est, comme vous le dites, le lieu de rencontre, de communication avec Dieu. En effet, dans la Bible, « cœur » ne désigne pas tant l’organe que notre être intérieur : notre caractère, notre personnalité, notre volonté, notre intellect. Ainsi, le cœur est bibliquement le siège de nos émotions, mais aussi de nos pensées, qui biologiquement viennent également du cerveau. S’il y avait une chose à retenir du fait que les émotions viennent du cerveau, c’est peut-être qu’on ne peut les séparer de nos pensées. Dans le monde occidental, depuis la domination de l’idéologie des lumières, on a tendance à placer la foi du côté de l’émotion. Or la Bible et la science nous rappellent que raison et émotions sont liées, que Dieu parle à notre raison comme à nos émotions, et que raison et émotions sont appelées à avoir Dieu pour maître (Matthieu 22,37).

A quel moment les races ont-elles commencé et quelle était la race d’Adam et Eve selon la Bible ? [Didier]

Un point sur lequel la Bible est très claire, c’est que tous les hommes sont de la même race, de la même espèce, d’égale dignité, à l’image de Dieu (Genèse 1,27 ; Actes 17,29). Nous descendons tous, d’après le récit biblique, d’Adam et Eve (Genèse 3,20), puis de Noé (Genèse 9,19). Nous sommes tous appelés à être disciples du Christ (Matthieu 28,19).

On trouve dans la Bible le mot « race » pour désigner la descendance d’une même personne (par exemple Actes 13,26), mais étant données les idéologies récentes qui ont lié ce mot à une idée de hiérarchie, il vaudrait peut-être mieux parler de « peuple », avec des caractéristiques physiques ou culturelles diverses.

Quand l’humanité s’est-elle séparée en plusieurs peuples ?

Dans le récit biblique, au moment de la construction de la tour de Babel, les êtres humains forment un seul peuple (Genèse 11,6). Mais l’être humain est mauvais (Genèse 8,21), la puissance potentielle de cette unité est donc dangereuse (Genèse 11,6). C’est pourquoi Dieu crée une confusion entre les Hommes, suscitant la dispersion, donc la séparation des peuples, qui apparaît comme quelque-chose de voulu par Dieu (Actes 17,26). Pourtant, le projet de Dieu est bien celui d’une humanité unie, en Christ, où il n’y a plus ni domination ni rivalité, mais fraternité (Galates 3,28) grâce à l’Esprit Saint qui peut faire de chaque être humain un enfant de Dieu libéré du mal.

Pourquoi le sang est-il un élément clé- que ce soit celui d’un homme ou d’une femme ? Pourquoi le sang lie-t-il deux personnes ? [Eva]

Je crois que l’on peut résumer la réponse à votre question avec Lévitique 17,11 : le sang (ici celui des animaux), que Dieu a, dans l’ancienne alliance, donné pour servir de sacrifice, est une représentation de la vie (voir aussi Genèse 9,5-6, et Psaume 9,13 pour le sang des humains).

Toujours concernant les règles rituelles de l’ancienne alliance, des dispositions sont prises en lien avec l’écoulement de sang menstruel et celui lié à l’accouchement  (Lévitique 12; 15,19s; 18.19), renvoyant ainsi Israël à la sacralité de la vie.

Enfin, c’est sans doute parce qu’il représente la vie que le sang est utilisé pour sceller des alliances : il symbolise l’engagement à la vie à la mort des différents partis, le fait qu’on ne puisse pas revenir sur l’engagement pris à l’alliance. C’est dire la profondeur de la fidélité et de l’amour de Dieu qui a offert son Fils pour une alliance en son sang (Matthieu 26,28) !

La politique de la laïcité a-t-elle encouragé l’athéisme ? [Eric]

La laïcité consiste à séparer « les Eglises et l’Etat » : à partir de là, la foi est reléguée au domaine du privé. Alors que pour le chrétien tous les domaines de l’existence ont Christ pour autorité ultime (Colossiens 1,15-20), la laïcité implique que la foi n’a pas sa place dans tous les domaines. Par nature, la laïcité limite l’autorité qui revient à Dieu et ne Lui rend pas témoignage et gloire. De plus, s’il y a différentes formes de laïcité, il y a notamment en France une tendance qui consiste à éliminer les traces de christianisme dans les valeurs et dans la culture. Ainsi, la marginalisation de la foi inhérente au mouvement laïc contribue forcément à ce que Dieu perde de l’importance dans la vie et le cœur des gens.

Pour autant, peut-on attribuer à la laïcité la montée de l’athéisme ? Les Eglises n’ont sans doute pas rendu le meilleur des témoignages : si des Etats laïcs ont émergé, c’est au moins en partie parce que, s’agissant de l’Europe occidentale, protestants et catholiques étaient incapables de vivre côte à côte. Et malgré la séparation des Eglises et de l’Etat, les Eglises et les chrétiens ont encore la possibilité de témoigner de leur foi en paroles et en actes : à eux de saisir les occasions qui leur sont données.

Liberté- égalité- fraternité ; dans quelle mesure les valeurs nationales sont-elles aussi des valeurs protestantes ? [EG]

Liberté, égalité, fraternité sont des valeurs, des notions, des idéaux largement positifs dans la Bible. Et pour des raisons d’abord historiques, le protestantisme français a largement adhéré aux valeurs de la république. On peut donc penser qu’il y a des liens importants entre les valeurs nationales françaises et les valeurs protestantes.

Pour autant, le protestantisme est né d’une volonté de retour aux fondamentaux de la foi chrétienne, et ce bien avant l’avènement des démocraties modernes. Si on peut trouver des points communs entre les idéaux de la république et les idéaux chrétiens, il faut je crois que « le protestantisme » garde son discernement et ne tombe pas dans l’idolâtrie de la république et de ses valeurs!

En effet il ne faut pas oublier que ces idéaux émanent de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, dont le préambule indique qu’ils sont prononcés « en présence et sous les auspices de l’Etre suprême », qui n’est pas le Dieu trinitaire.

Ainsi, dans la conception républicaine, la liberté consiste essentiellement en l’autonomie de l’individu, et « n’a comme borne ce qui ne nuit pas à autrui » en apparence ; l’égalité est une égalité en droit ; la fraternité est avant tout une solidarité dans la défense de la république et de ses valeurs.

Bibliquement en revanche, la liberté consiste non pas à être libéré de tout carcan de pensée ou déterminisme (ce qui serait une illusion), mais à être libéré du péché dans toutes ses manifestations et conséquences pour servir Dieu (Romains 6,18 ; Galates 5,13); l’égalité de tous les Hommes comme créatures de Dieu est une donnée de départ, mais elle ne peut se vivre pleinement et justement qu’en Christ (Galates 3, 26-28) à travers la fraternité en Lui ; fraternité qui est appelée à se manifester par l’amour de Dieu et du prochain comme reflet de l’amour du Christ (Jean 13, 34).

Bref, les valeurs nationales sont les valeurs protestantes dans la mesure où elles sont soumises à Christ.

Les morts dorment-ils jusqu’à la résurrection des temps de la fin ? Sont-ils inconscients de ce qui se passe sur la Terre parmi les vivants et de la façon dont le plan de Dieu est exécuté ? [Pierrot]

Votre question est peut-être liée au fait que la Bible proscrit d’interroger les morts (Dt 18,10-11), laissant supposer qu’ils ont certaines connaissances privilégiées, ainsi qu’à l’épisode de 1Samuel 28, 3-25. De toute façon la Loi divine pose que ça n’a pas d’intérêt pour nous de le savoir.

La Bible en dit-elle plus sur la condition humaine entre la mort physique et la résurrection des morts ?

Disons que le corps, en attente de la résurrection, retourne à la poussière (Genèse 3,19), mais qu’en est-il du souffle de vie qui fait de l’Homme une « âme vivante » (Genèse 2,7), une personne ?

Pour ceux qui ne croient pas en Christ, la destination est le séjour des morts, Sheol en hébreu, Hades en grec… qui apparait comme un lieu de néant (Ecclésiaste 9,10). Luc 16,19-31 nous donne une autre vision, mais le fait que la passage soit présenté comme une parabole incite à la prudence quant aux conclusions à en tirer.

A propos de ceux qui croient en Christ, de qui Jésus dit qu’ils ne mourront jamais (Jn11,26), c’est moins clair. Nous lisons effectivement chez Paul qu’ils dorment en Christ (1 Corinthiens 7.39; 11.30; 15.6, 18,20,51; 1 Thessaloniciens 4.13-15). Mais ce temps intermédiaire ne semble pas être un temps d’inconscience. Ainsi, Jésus assure au « bon larron », le jour même de sa mort, sa présence à ses côtés au paradis (Luc 23,43), lieu de présence du Christ et de l’arbre de vie en Apocalypse 2,7 (paradis où Paul est monté suite à sa révélation sur le chemin de Damas, voir 2Corinthiens 12,4). En Philippiens 1.21-23 et 2Corinthiens 5,8, Paul parle de l’après comme d’un temps enviable. Dans le livre de l’Apocalypse, les saints, les croyants ayant subi le martyr en attente de rédemption sont au repos, mais conscients, et en mesure de demander combien de temps il reste avant que justice ne soit faite sur terre (6.9-11).

Mais l’essentiel est que nous n’avons rien à attendre de ceux qui ont quitté ce monde : Dieu pourvoie à nos besoins.

L’enfer est-il un lieu de souffrance ? Le feu pourrait-il être un lieu de purification pour les pécheurs ? Certains feux dans la Bible sont bons : buisson ardent- Pentecôte- fournaise de Daniel. [Adam]

Il y a je crois une distinction à faire dans votre question.

D’abord, ce que l’on appelle généralement l’enfer (à ne pas confondre avec ce que le Symbole des Apôtres appelle « les enfers » où Christ est descendu après sa mort, qui désignent le séjour des morts, un lieu d’attente de la résurrection ; voir Matthieu 12,40 ou Ephésiens 4,9) est le lieu de destination finale de ceux qui ne recevront pas la vie éternelle après le jugement de Dieu (Daniel 12,2 ; Esaïe 66,24 ; Matthieu 13,42 ; 25,41 ; Apocalypse 20,15). La Bible le décrit clairement comme un lieu de souffrance ou bien, d’après une autre interprétation des mêmes textes, d’annihilation, de disparition douloureuse.

Ensuite, les références à une purification par le feu (1Pierre 1,7 ; 1Corinthiens 3,15), sur lesquelles les catholiques appuient la doctrine du purgatoire. 1Corinthiens 3,15 semble effectivement renvoyer à une épreuve du feu qui pourrait intervenir après la mort, pour les élus, mais elle se situerait après le jugement, entre la résurrection et le temps du salut définitif.

Existe-t-il des liens historiques et doctrinaux entre les protestants et les mouvements de réforme antérieurs tels que les cathares- les vaudois- les hussites et Savonarole? [R]

Parmi les gens qui on pu se considérer ou qui se considèrent actuellement protestants, il y a une grande diversité. Il est donc difficile de répondre à votre question en généralisant.

Ce que l’on peut dire c’est que le protestantisme est un mouvement aux multiples facettes : spirituelle, sociale, politique,… C’est à la base une volonté de réforme de l’Eglise romaine et, parce qu’elles étaient très liés à l’époque, de la société. Beaucoup de mouvements, de sensibilités diverses, ont tenté d’impulser ces réformes ou ont été en porte-à-faux avec l’institution de l’Eglise romaine et de la société. Dans la Réforme luthérienne et calviniste au 16ème siècle, on retrouve des éléments très proches de ce que l’on connait des Vaudois ou des Hussites, qui ont d’ailleurs plus tard rejoint la Réforme protestante.  Pour poursuivre avec les exemples que vous citez, le fait qu’il se soit développé dans une zone où se sont aussi propagées les idées de la Réforme laisse penser que le catharisme a des liens avec le protestantisme, mais la spiritualité gnostique des cathares est bien éloignée de la Réforme. Quant à Savonarole, sa volonté de purifier l’Eglise se retrouve bien sûr dans le protestantisme.