Est-ce le Saint-Esprit qui a dirigé les travaux de ceux qui ont arrêté le canon des Écritures ? [Eliane]

J’en suis convaincu, Eliane. Mais il faut d’emblée rappeler un point essentiel : La liste des écrits reconnus comme inspirés par Dieu et donc dépositaires des dispositions de l’ancienne Alliance avec Israël (le premier Testament) ou de la nouvelle Alliance en Jésus-Christ (le Nouveau Testament) n’a pas été mise au point en une seule réunion d’experts ou autres personnes autorisées !

Bien au contraire, le processus de « canonisation » a été long et complexe. Ce qui suit est très schématique, je vous renvoie pour plus de précisions aux introductions que l’on trouve dans les Bibles d’étude.

Pour ce qui concerne l’Ancien Testament, les cinq livres de la Loi furent reconnus les premiers comme règle (c’est le sens du mot grec qui a donné « canon ») de foi et de vie pour les croyants. Puis vinrent les prophètes, puis les Psaumes, premier recueil d’une troisième et ultime catégorie canonisée : les écrits.

Les rabbins de Palestine réunis à Jamnia à la fin du 1er siècle après Jésus-Christ ont établi la liste de livres sacrés, qui excluait notamment les écrits tardifs, ou rédigés initialement en grec, qu’on retrouve pour certains dans la Bible des Septante, traduite en grec au 3e siècle avant J.C. pour les juifs d’Egypte. L’Eglise catholique les reconnaît comme deutéro-canoniques, les Eglises protestantes les déclarant apocryphes (utiles mais pas normatifs pour la foi) et retenant pour leur part le canon de la Bible hébraïque fixé à Jamnia.

Pour ce qui concerne les 27 écrits du Nouveau Testament, leur liste est commune à toutes les Eglises chrétiennes, mais toutes ne les ont pas acceptées en même temps. Par exemple, l’épître aux Hébreux a été reçue par les Eglises d’Orient bien avant celles d’Occident.

Quels ont été les critères par lesquels les écrits du NT se sont progressivement imposés aux Eglises comme inspirés par l’Esprit Saint ? Tout d’abord, leur « apostolicité » (leur lien, direct ou indirect avec un apôtre : Jean, Pierre, Paul, dont les lettres sont parmi les plus anciens écrits). Ensuite, leur conformité à la foi en Jésus-Christ. Même attribué à une autorité prestigieuse, un évangile qui niait que Jésus ait été soit vraiment homme, soit vraiment Dieu, était écarté. Enfin, les Eglises à qui les écrits étaient destinés ont joué un grand rôle dans leur conservation. Mais aucun critère n’est absolu. Par exemple, une lettre de Paul à Laodicée (citée en Colossiens ch.4 v.16 a été perdue.

Tout cela pour conclure que le Saint-Esprit s’est servi aussi des contingences humaines, des accidents de l’Histoire, pour constituer ce grand témoignage de la Révélation de Dieu en Jésus-Christ. C’est le résultat : l’unité extraordinaire du message biblique à travers sa foisonnante diversité, la force de cette Parole pour transformer les vies, qui témoigne le mieux de son inspiration et donc de sa fiabilité.