Dans l’Antiquité, voir ou entendre Dieu est à la fois un émerveillement et une frayeur : la crainte dont il est question dans tout l’Ancien Testament est de cet ordre. Par exemple lorsque Jacob lutte avec Dieu (Genèse 32), il commence par s’étonner de ne pas être mort dans ce face-à-face. C’est aussi pour cela que si souvent Dieu s’adresse à son interlocuteur en lui disant « n’aie pas peur »… Et l’on retrouve aussi cette attitude dans les évangiles lorsque les disciples prennent conscience qu’ils sont face à un mystère qui les dépasse (par exemple Marc 10,32). On peut comprendre cette notion de crainte comme étant la distance qui sépare Dieu et l’humain, distance qui signifie aussi bien le respect, la différence, le mystère insondable, la peur…
C’est en s ‘appuyant sur cette compréhension que Paul déclare que le changement radical opéré en Christ est la réduction de cette distance. Grâce au Christ nous n’avons plus peur de Dieu. Comme vous le dites, effectivement « l’esprit d’adoption » reçu dans la foi n’abolit ni le mystère, ni le respect, ni la différence… Mais bannit la peur.