La question d’actualité que vous posez, André, pourrait se généraliser à celle de l’engagement politique du chrétien. Y a-t-il un vote chrétien, une politique chrétienne? Je ne le pense pas. En fait, tous les chrétiens n’ont pas la même sensibilité ni les mêmes choix en politique. Certains appuieront le mouvement que vous citez, d’autres non. L’Evangile n’est ni « de gauche » ni « de droite », le message et la personne de Jésus ne sont pas récupérables par une idéologie humaine, quelle que soit… sa couleur.
Ce que l’on peut dire en revanche, c’est que notre foi et notre témoignage ne nous invitent pas à nous retirer de la société dans une sorte de bulle spirituelle, mais au contraire à témoigner de l’Evangile dans tous les domaines, social, culturel, économique… et aussi, pourquoi pas, dans l’action politique, comprise non pas comme l’art de prendre le pouvoir et de le garder, mais comme le service rendu au bien commun, à l’intérêt collectif, à la « polis », c’est à dire la cité où nous vivons. Donc, pourquoi ne pas défiler avec les gilets jaunes, comme d’autres citoyens, si vous estimez que leurs revendications sont justes et leur action bénéfique ? Les chrétiens peuvent même jouer un rôle précieux en politique, celui de la vigilance contre tous les excès du pouvoir, dans lesquels les hommes sont toujours tentés de tomber. Le pouvoir corrompt, divise, aveugle, fanatise si facilement ! Le roi que nous reconnaissons, Jésus, a choisi de venir parmi nous comme serviteur et non pas comme un tyran. Nous sommes aussi, en tant que ses disciples, « citoyens des cieux », c’est à dire d’une patrie qui ne fonctionne pas selon les règles de ce monde.