Le pardon, comme l’amour, est un engagement, un acte social, qui concerne au moins deux personnes, et qui a donc besoin d’être parlé, d’être dit à l’autre. Il ne suppose pas la réciprocité, mais peut éventuellement l’entraîner à sa suite. On peut donc donner un pardon qui n’est pas demandé. Sans oublier que pardonner, ce n’est pas excuser, et que le pardon n’a lieu d’être que là où il n’y a pas d’excuses.
Alors, bien sûr, c’est difficile. Difficile d’oublier que l’autre est inexcusable, et que c’est pour ça que lui/elle et moi avons besoin que le pardon soit donné et dit. Ce serait plus facile de se convaincre qu’il y avait des raisons… Mais alors, pas de pardon, seulement des circonstances atténuantes ou un non-lieu ! Mais quand on a eu mal (ou qu’on a toujours mal) sans raison, sans excuse, il y a bien sûr de la colère, de l’amertume. Nous sommes humains…
Mais s’il faut pardonner, ce n’est pas par raison de morale. C’est que nous en avons besoin. Non seulement la relation sociale a besoin que les gens se pardonnent (au minimum en Église !). Mais j’ai besoin de pardonner, d’être libéré justement de cette colère et de cette amertume. Égoïstement, je suis le premier bénéficiaire du pardon que je donne. Accessoirement (?) je comprends alors que moi aussi, j’ai besoin d’être pardonné de beaucoup de choses par mon Père céleste, et peut-être par d’autres frères et sœurs. Pas forcément par celui/celle qui m’a fait du mal – ne faisons pas d’angélisme.
Pour vous répondre, les bienfaits du pardon accordé peuvent mettre un certain temps à se manifester, et peut-être effectivement qu’il y a des choses en moi qui n’ont pas pardonné, même si ma tête et ma bouche l’ont fait. Mais ne vous en accusez pas, ne glissez pas dans le besoin de vous pardonner à vous-même de n’avoir pas « bien » pardonné à l’autre ! Acceptez d’être libre de la relation tordue qui a nécessité le pardon : qu’elle ne pollue plus votre existence !