Comme vous le savez Claude, on ne devient pas trisomique, on naît avec cette maladie appelée aussi mongolisme. Elle a pour origine une anomalie génétique (un chromosome de trop). Votre question me rappelle donc celle que les disciples de Jésus lui ont posée devant un aveugle de naissance : « qui a péché, lui ou ses parents? » (év. de Jean, chapitre 9,v.2) . En effet, les disciples partageaient l’opinion de leur temps qui voyait dans une maladie ou une infirmité le signe d’un châtiment divin. Mais un enfant peut-il pécher avant de naître ?
Jésus réfute cette explication du mal subi avant de guérir l’aveugle, en leur répondant : « ce n’est pas que ses parents ou lui ont péché, mais c’est pour que les oeuvres de Dieu se manifestent en lui » (v.3).
Le mal dont nous ne sommes pas responsables mais celui que nous subissons, maladie, handicap ou toute autre souffrance, reste un mystère, un scandale incompréhensible. Lui chercher des explications par une logique de rétribution (comme celle des amis de Job qui cherchaient à le persuader qu’il était responsable de ses malheurs), ce serait tenter déjà de le justifier, or c’est une réalité que rien ne peut justifier. Un « trou noir » inexplicable.
Il existe une seule réponse légitime à ce problème insoluble du mal : lutter contre lui, de toutes nos forces, notamment en donnant toute leur place aux personnes handicapées, infirmes, malades. Espérer et prier pour leur guérison. Découvrir aussi ce qu’une personne handicapée peut apporter aux autres. Par exemple, dans le cas qui nous occupe, des parents d’une enfant trisomique m’avaient confié qu’elle savait déceler d’instinct au sein d’un groupe une personne qui allait mal, et allait systématiquement vers elle pour la consoler. Cela ne justifie pas ce handicap, bien entendu. Mais je vois là comme un écho à ce que dit Jésus : « les oeuvres de Dieu se manifestent en lui ».