Peut-être l’expression s’inspire-t-elle d’une recommandation de l’apôtre Paul dans sa première lettre aux Corinthiens (11,28s) : « que chacun s’éprouve soi-même, avant de manger ce pain et de boire cette coupe; car celui qui mange et boit sans discerner le corps et le sang du Seigneur mange et boit sa propre condamnation (trad. TOB) ».
Chez certains chrétiens, cet avertissement est compris comme une interdiction de communier faite à quiconque se trouverait en situation de faute morale, par exemple, et donc se serait rendu indigne d’avoir part au repas du Seigneur. Mais alors, qui en serait « digne » ? Il n’y a autour de la table du Seigneur que des pécheurs pardonnés.
Le v.21 montre que Paul pense à autre chose : aux repas communautaires au cours desquels était célébrée la Cène, les membres les plus riches de l’Eglise de Corinthe mangeaient sans s’inquiéter des plus pauvres, qui n’avaient pas grand chose. Ce qui allait à l’encontre du sens même de ces repas appelés « agapes », et bien entendu de la Cène, puisque le partage du pain et de la coupe atteste l’unité et la fraternité de tous les participants, en Christ. D’autre part, certains participants étaient même ivres (v.21) et ne savaient donc pas ce qu’ils faisaient !
Résumons : se préparer pour la Cène, c’est tout simplement se rappeler et croire ce qu’elle nous atteste et ce que le Saint-Esprit nous y communique, le don par le Christ de lui-même, pour nous tous. C’est aussi en tirer les conséquences dans mes relations avec les autres membres de l’Eglise : comment pourrait-on se reconnaître frères et soeurs autour de la même table, membres du même corps, sans s’aimer ?