Traditionnellement, cette autorité est appelée « le pouvoir des clefs » donné par Jésus à l’apôtre Pierre, juste après qu’il lui a déclaré : « tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Nos frères et soeurs catholiques trouvent ici la justification du ministère du Pape, qu’ils estiment être le successeur de Pierre dans cette fonction d’autorité.
Deux remarques s’imposent à ce sujet.
1°Deux chapitres plus loin dans l’évangile selon Matthieu (18,18), Jésus attribue à tous ses disciples (et pas seulement à Pierre) ce pouvoir de « lier et délier » (c’est à dire, dans le contexte du chapitre, de se prononcer pour ou contre une mesure disciplinaire à l’égard d’un membre de l’assemblée qui refuse de se repentir). Il ne s’agit donc pas d’un pouvoir détenu exclusivement par des « clercs » (ou par le premier d’entre eux) et qui serait refusé aux « laïcs ». En Christ, nous sommes tous laïcs, c’est à dire tous membres du peuple (laos) de Dieu, et tous prêtres (c’est à dire à son service). Et tous appelés à pardonner et à attester à notre prochain, à nos frères et soeurs, le pardon du Père.
2° Si Jésus adresse spécifiquement à Pierre cette double promesse d’être le rocher sur lequel il bâtira son Eglise et de recevoir l’autorité que donne le pouvoir de pardonner (ou pas), c’est parce qu’il vient d’affirmer que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Pierre est donc en quelque sorte le premier des croyants de la nouvelle alliance, un nouvel Abraham. Le livre d’Esaïe, ch.51,1-2 comparaît justement le patriarche d’Israël, celui qui a cru aux promesses de Dieu, à un rocher. Chaque descendant d’Abraham est comme une pierre qui en a été extraite. Ce qui constitue le fondement de l’Eglise, ce n’est pas Pierre, c’est la foi en Jésus-Christ qu’il a confessée.