Hyménée et Alexandre, écrit Paul à Timothée, sont de ceux qui ont rejeté leur propre conscience et connu un naufrage de leur foi (1 Tim 1,19). Ils ont blasphémé, c’est à dire porté atteinte au Seigneur et à sa bonne nouvelle, peut-être en affirmant des doctrines fausses (voir 2 Tim 2,17s, où un certain Hyménée fait partie de ceux qui rejettent la résurrection à venir). Ou peut-être, ces deux hommes ont-ils commis une grave faute morale, source de scandale pour l’Eglise. Paul, ainsi, « livre à Satan » un membre de l’Eglise de Corinthe qui vit avec la femme de son père (1 Co 5,5).
Reste à comprendre le sens de l’expression « livrer à Satan ». Paul a dû demander qu’ils soient expulsés de la communauté chrétienne, rejetés dans le monde, où règnent le mal, l’incrédulité… Mais dans quel but ? Paul écrit lui-même : « afin qu’ils apprennent à ne plus blasphémer ». Il vise donc, en demandant cette mesure disciplinaire, leur pleine réintégration ; sa visée c’est de provoquer un changement en eux, pas de les condamner aux peines éternelles. Un commentateur de ce passage relève que le fait de livrer quelqu’un à Satan, Dieu lui-même l’a déjà fait en permettant que Job subisse de la part de l’adversaire les épreuves que l’on sait (voir Job, chapitre 1). De même, Jésus a été poussé par l’Esprit Saint dans le désert pour être éprouvé par le Diable. Job comme Jésus sont sortis vainqueurs de ce qui constituait une mise à l’épreuve de leur confiance en Dieu, de leur foi. Peut-être en a-t-il été de même pour Hyménée et Alexandre ? Souhaitons-le leur !