Tout d’abord, Marie, merci pour votre question qui me donne l’occasion de me pencher sérieusement sur ces quatre premiers versets mystérieux de Genèse ch.6 !
Je me suis aperçu en me documentant que plusieurs interprétations ont été proposées. Certaines paraissent farfelues (le texte évoquerait des extra-terrestres, par exemple, d’où l’expression « habitants du ciel », qui ne correspond nullement au texte biblique). Les pistes les plus sérieuses voient dans les « fils de Dieu » des êtres célestes (sortes d’anges déchus qui auraient engendré des demi-dieux, les « géants » du v.4, avec des humaines), mais on ne voit pas ce que ce mythe viendrait faire dans le déroulement du récit des origines, qui court des ch.1 à 11. Et il n’est pas dit, d’ailleurs que les « géants », nephilim, peuple de grande taille mentionné en Nombres 13,31-33, soient issus des unions décrites au v.2.
D’autres ont vu dans les « fils de Dieu » les descendants de Seth, celui qui invoquait le Seigneur (Gn 4,25), mais il vaut mieux, avec rapprocher l’expression « fils de Dieu » de son emploi dans le Psaume 82, cité par Jésus en Jean 10,34 (voir aussi Ps 89,27): elle désigne des princes, chefs et autres rois de ce monde ; appelés ainsi à cause de l’autorité qui leur est confiée par Dieu, autorité dont ils ne se montrent guère dignes en méprisant la justice et en détournant le pouvoir à leur profit, notamment en se constituant des harems. Cette dernière interprétation cadre mieux avec le contexte du récit de la Genèse. Depuis la chute (Genèse 3), le récit nous montre la dégradation du monde consécutive au péché de l’homme et à sa volonté de pouvoir. D’où la sentence divine au v.3.