Quel statut pour le passé ?

« Ne pensez plus à ce qui est déjà arrivé, oubliez le passé.
En effet, je vais faire quelque chose de nouveau, qui grandit déjà.
Est-ce que vous ne le voyez pas ? »

Esaïe, au chapitre 43, versets 18 à 25.

Maintenant, le Seigneur dit :
« Ne pensez plus à ce qui est déjà arrivé, oubliez le passé.
En effet, je vais faire quelque chose de nouveau, qui grandit déjà.
Est-ce que vous ne le voyez pas ?
Oui, je vais ouvrir un chemin dans le désert,
je vais faire couler des fleuves dans ce lieu sec.
Les animaux sauvages, les chacals et les autruches me rendront honneur
car j’ai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans ce lieu sec.
Oui, je veux donner à boire au peuple que j’ai choisi.
Ce peuple que j’ai formé pour moi chantera ma louange. »
Le Seigneur dit :
« Israël, ce n’est pas à moi que tu as fait appel.
Mais tu t’es fatigué de moi, peuple de Jacob.
Et pourtant, tu ne m’as pas apporté d’agneaux comme sacrifices,
tu ne m’as pas rendu gloire en les offrant.
Je n’ai pas fait de toi un esclave en exigeant des dons.
Je ne t’ai pas fatigué en demandant de l’encens.
Tu n’as pas dépensé ton argent en achetant pour moi des plantes parfumées,
tu ne m’as pas rassasié de la graisse des animaux offerts en sacrifice.
Mais par tes fautes, tu as fait de moi un esclave.
Tu m’as fatigué par tes péchés.
Pourtant, c’est moi, oui c’est moi qui pardonne tes fautes,
parce que je le veux bien.
Et je ne m’en souviendrai plus.

Prédication

« Ne pensez plus à ce qui est déjà arrivé, oubliez le passé.
En effet, je vais faire quelque chose de nouveau, qui grandit déjà.
Est-ce que vous ne le voyez pas ? »

Depuis trois mille ans qu’on annonce que Dieu fait toutes choses nouvelles, certains sont tentés de croire que cette nouveauté se fait attendre. Ou alors qu’elle est une sorte d’autosuggestion. N’y a-t-il pas des pans entiers de notre foi où nous risquerions de confondre nos désirs avec la réalité. N’est-ce pas tentant parfois de faire un peu de volontarisme et de se dire que tout va marcher ? Ne vous surprenez-vous pas de temps en temps à faire de la méthode Coué ou de la « pensée positive » : « Allez, allez, tout va bien aller »…
Nous avons parfois tellement besoin et tellement envie que les choses aillent bien, ou en tout cas qu’elles aillent mieux, que nous sommes prêts à tout pour que ça fonctionne. Et alors c’est le grand déploiement façon show-biz : amenez le tapis rouge pour l’optimisme ! Je mets mon sourire de circonstance pour les flashs. En plus un chrétien doit être joyeux, alors il faut donner bonne figure. Les maquilleuses, où sont les maquilleuses qu’on ne voie pas les ravages du passé ? C’est le grand déploiement de la pensée positive. Tout va bien aller, il faut que ça se voie, ça passe par un relooking, car, c’est bien connu, quand on est habillé en gris ou voit la vie en noir et blanc, et quand on est habillé en rose, on voit la vie… en rose.

Nous avons toujours la capacité d’aller trouver des forces inattendues au plus profond de nous mêmes pour mettre en place ces stratégies volontaristes qui procèdent par associations d’idée : sourire = heureux, bronzé = en pleine forme, dynamisme = bénédiction, etc.
L’être humain fait l’apologie de l’apparence, en confondant toujours le réel et la réalité. Le réel, c’est ce qui résiste, c’est ce qui est là. Cette table est là. De façon indubitable. Si on la met en place, ça devient une « table sainte » comme on disait autrefois, c’est-à-dire avec une fonction bien particulière, pour la Sainte-Cène que nous allons partager tout à l’heure. Mais si les enfants de l’école biblique débarquent avec du papier crépon, cette table va devenir rapidement l’arche de Noé, ou la barque de Jésus dans la tempête qu’il faut apaiser. Le réel c’est la table. Et la réalité, c’est ce qu’on en fait.
L’être humain est obsédé par la réalité, par l’apparence et la superficialité du réel. Avec son papier crépon, bien décorée, tout le monde oublie que cette table est table. Et pourtant elle l’est de façon irrémédiable.
Avec le papier crépon du formalisme, des images que l’on veut donner, de la réalité de nous-mêmes qu’on veut offrir aux autres, notre personne se met à porter des masque, notre réel se met à devenir tout autre chose que ce qu’il est en profondeur. Et celui qui arrivera après que la décoration a été posée, croira vraiment que nous sommes ce que nous montrons, que nous sommes ce que les apparences disent de nous. De la même façon que quelqu’un rentrant ici un dimanche d’école biblique verra l’arche de Noé ou la barque de Jésus, et qu’il ne se demandera même pas s’il s’agit d’une table, en dessous.
Avec tout le fatras des chaînes spirituelles dans lesquelles nous sommes retenus prisonniers, avec toutes les obligations des conventions sociales, nous trafiquons avec la vérité, nous maquillons le réel de notre personne pour ne présenter que son masque, que sa réalité superficielle.
Nous sommes là avec nos désirs de paraître mieux que ce nous sommes. Mais quel est ce prétendu « mieux » ? D’où sort-il ? Qu’est-ce qu’il y a de mieux que d’être une créature de Dieu ? Vous allez me le dire ? Quel est le mieux qu’apportent le botox, les oméga 3 ou la dernière coloration à la mode ? Croyez-vous vraiment que « vous le valez bien » ? Mais votre valeur est ailleurs, elle n’est pas dans les moulinets et l’agitation de votre extériorité, elle se trouve dans le trésor inépuisable de votre intériorité !
L’être humain se prosterne devant des idoles muettes, il adore ce qui est mort, il donne un culte à ce qui ne donne pas de vie. Appelez ça Baal à l’époque d’Elie, Mammon à l’époque de Jésus, ou L’Oréal à notre époque. C’est la concentration sur l’extérieur, sur le paraître et l’apparence. C’est se polariser sur ce qui n’est rien, sur ce qui ne vaut rien, sur ce qui n’est que superficialité.

Le nom de cette loi stupide sous laquelle l’humanité se place c’est la loi du « Comme si ».
Faisons comme si nous avions assez dormi cette semaine !
Faisons comme si nous n’étions pas dans la misère, et donnons le change !
Faisons comme si les Eglises n’avaient aucun problème en ce siècle !
Faisons comme si la France était vraiment le pays des droits de l’homme !
C’est un jeu de l’enfance qui ne s’est jamais arrêté ! On dirait que toi t’es morte et que moi j’arrive avec mes super pouvoirs, je fais abracadabra et t’est plus morte. On fait comme si. C’est le théâtre permanent et la seule question n’est pas de savoir qui on est vraiment mais de savoir quel rôle on veut jouer dans la tragi-comédie de l’existence.
Comme si… comme si on pouvait tenir longtemps à ce petit jeu-là. Comme si Dieu allait croire que nous sommes des gens bien simplement parce qu’on ne l’aurait pas informé de tous les sales coups qu’on a faits.
Comme s’il suffisait de mettre un déguisement de superman pour pouvoir sauter du haut de cette église sans se faire mal. Comme si le déni de nos problèmes suffisait à les régler. Comme si casser le thermomètre permettait d’arrêter la fièvre.
Dieu n’est pas soumis à la loi du « comme si ». Dieu dépasse le règne des apparences et il nous invite à entre avec lui dans cette démarche. Pourquoi faire croire qu’on est ce qu’en réalité on n’est pas ? Pourquoi aspirer à être autre chose que ce qu’on est ? Pourquoi croire à ces paroles qui nous ont crucifiés dans les apparences, en nous disant que nous sommes nuls, que nous sommes étourdis, que nous sommes laids, etc. ? Pourquoi ? Qui fixe les critères ? Dieu n’a-t-il pas dit qu’il s’intéressait à nous quoi qu’il arrive ? Dieu n’a-t-il pas dit qu’il faisait de nous des créatures nouvelles dégagées de la fange de toutes ces malédictions ? Dieu n’a-t-il pas dit sur chacun d’entre nous au jour de notre baptême : « Celui-ci est mon fils bien-aimé ; celle-ci est ma fille en qui je mets toute ma tendresse de Père » ? N’est-ce pas là que se trouve le réel de nos vies, derrière la croûte des réalités éphémères d’un beau minois ou d’un statut sociable qui fait des envieux ?
Mes amis, la loi du « comme si… » n’est pas pour nous.
Vous êtes libres de vous placer sous cette loi, comme vous êtes libres de vous prostituer ! C’est vrai, vous êtes libres de faire ça.

La loi qui fonctionne dans le Royaume de Dieu est tout autre. Et elle est applicable à tous ceux qui sont prêts à la vivre.
C’est la loi du « Même si… »
Dieu dit :
« Israël, tu as vu ce que tu as fait ?
Ce n’est pas à moi que tu as fait appel.
Mais tu t’es détourné de moi, mon peuple.
Oubliés les cadeaux à celui que tu aimais.
Finies les attentions à celui que tu honorais.
Et pourtant je n’ai rien exigé de toi.
Je ne t’ai pas demandé de l’encens ou des prières pour faire comme si…
Je ne t’ai pas demandé des offrandes pour les apparences.
Et toi, par tes fautes, tu as fait de moi un esclave, tourmenté sans cesse.
Tu m’as épuisé par la somme de tes désobéissances.
Eh bien, écoute Israël, écoute mon peuple :
Même si tu as péché : c’est moi, oui c’est moi qui pardonne tes fautes,
Même si tu as fait n’importe quoi : ce que je veux pour toi c’est autre chose.
Même si tu m’en as fait voir: je ne m’en souviendrai plus.
Même si tu as oublié que j’étais ton Dieu, j’ouvre un temps nouveau. »

Dieu ne fait pas comme si tout allait bien. Il agit même si ça va mal.
Dieu ne fait pas comme si nous étions de gentils croyants compassés. Il nous renouvelle même si nous sommes de piètres serviteurs.
Oui, même si tu mets un masque, le Seigneur sait qui tu es.
Même si tu fais semblant, le Seigneur ne se fie pas aux apparences.
Même si tu as essayé mais que ça a encore échoué, le Seigneur porte ta persévérance.
Même si tu vis sous la loi du « comme si… », le Seigneur t’appelle à vivre libre.
« Ne pensez plus à ce qui est déjà arrivé, oubliez le passé.
En effet, je vais faire quelque chose de nouveau, qui grandit déjà.
Est-ce que vous ne le voyez pas ? »
Pour voir tout ce que Dieu crée de nouveau, encore faut-il dépasser le voile de la réalité. Que Dieu nous donne de voir vraiment ce qui arrive.
Amen

Author: Gilles Boucomont

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