Taizé est tout d’abord une communauté de frères qui voulaient vivre leur foi chrétienne dans le cadre de l’expérience monastique. Ces frères d’origines protestante et catholique entendaient se centrer sur Christ tout en revisitant un profond héritage de l’Église (le choix de la Bourgogne et la proximité de Cluny n’est pas un hasard!). Le choix œcuménique de la communauté est aussi né des espoirs de la génération Vatican II d’un christianisme centré sur Christ et non sur des églises au sens dénominationnel. Par la suite, ce lieu est devenu un repère international pour des jeunes en recherche spirituelle. La vie simple et rustique, le rythme cultuel et la grande bienveillance des frères ont favorisé l’incroyable croissance de ce mouvement.
Comme pour tous les mouvements, il faut garder autant d’esprit critique que de capacités à reconnaître ce qui est bon. Aujourd’hui encore, de nombreux jeunes font à Taizé leur première rencontre avec la prière ou la lecture personnelle de la Bible. C’est un lieu ecclésial où beaucoup sont impressionnés par la possibilité d’une vie fraternelle, dépouillée, rythmée par la méditation de l’Écriture, la prière et la louange.
D’un autre côté, l’ambition oecuménique de la communauté souffre des mêmes piétinements que le mouvement né de Vatican II. On peut y trouver le risque de privilégier l’unité des institutions ecclésiales à l’ambition jadis prophétique de l’unité en Christ. Si l’unité recherchée apparaissait comme trop « humaine », il faudrait nécessairement être aussi vigilant face aux risques de confusion et de religiosité. Par ailleurs, il est certain que cette expérience ne convient pas à certains tempéraments ou besoins spirituels des chrétiens.
Personne n’est obligé de «s’y retrouver » à Taizé. Pas non plus la peine de maudire ce lieu. Il suffit de garder son discernement.