La compassion est à géométrie variable parce que le péché a invariablement corrompu le cœur des humains créés à la ressemblance de Dieu… Dès lors, je vois plusieurs raisons qui expliquent pourquoi nous sommes capables de déployer notre injustice jusque dans notre capacité à compatir.
Premièrement, nous nous émouvons de manière inégale pour la cause des uns et des autres parce que nous sommes mal informés. Nous avons les images, les cris de détresse, la plainte de ceux qui souffrent qui montent jusqu’à nous. Alors nous prenons parti et, dès lors, nos oreilles ont du mal à s’ouvrir à la souffrance de « ceux d’en face ». Par le jeu des algorithmes et des biais médiatiques, plus nous nous informons, plus nous sommes confirmés dans notre vision… En fait, il n’est pas possible d’être en permanence bien informé, mais c’est de notre responsabilité d’en connaître le biais sur notre capacité à discerner.
Deuxièmement, nous avons du mal à considérer la complexité des responsabilités, des torts, des culpabilités individuelles et collectives. Nous avons aussi du mal à accepter le scandale de l’innocent souffrant ou du bourreau victime. Alors nous avons des schémas simplificateurs en tête qui opèrent pour nous une classification outrancière du réel. On cherche « qui souffre le plus » et « qui est le plus coupable dans l’histoire ». Notre parti pris, nous compatissons pour les uns et souhaitons la capitulation des autres.
Troisièmement, un autre biais très important désoriente notre jugement, c’est que nous compatissons davantage pour des personnes proches de nous. Ce serait une bonne chose si ça nous mettait en action pour aider le proche prochain plutôt que pleurer vainement sur le prochain lointain pour qui on ne peut rien faire. Mais en vérité, notre égocentrisme nous pousse à nous émouvoir pour des bébés qui ressemblent aux nôtres, des populations auxquelles on peut s’identifier, des problématiques que nous pouvons comprendre. Ce biais terrible analysé en sciences humaines rejoint un effroyable constat théologique : il n’y a rien en nous qui ne soit indemne de corruption. Pas même notre compassion…
Alors veillons sur notre âme, repentons-nous et implorons en permanence le secours de Celui qui a tant aimé le monde, tout le monde !