Si on a mis sa confiance dans la parole de Dieu et qu’on trouve un tout autre sens à ce verset dans une autre Bible- comment gérer son malaise ? [Steph]

Il est tout de même rare de trouver d’une version des Saintes Ecritures à l’autre un texte au sens complètement différent pour un même passage !  Mais il est vrai que des nuances sont fréquentes. Il y a plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, un même texte biblique peut avoir plusieurs sens différents ! Non seulement de par l’intention de l’auteur, mais parce qu’il s’éclaire aussi sous des jours nouveaux en fonction des circonstances que le lecteur traverse. Et si les différences entre versions de la Bible mettent en valeur cette richesse, c’est tant mieux.

Ensuite, aucune traduction ne peut être fidèle à 100%. Chaque langue a son propre génie, et il n’existe pas toujours d’équivalent exact d’un mot hébreu ou grec en français. Un exemple : hésed n’a aucun équivalent adéquat dans nos langues indo-européennes, avertit mon dictionnaire hébreu-français. Ce mot peut désigner : la bonté fidèle ; l’attachement ; un lien d’alliance solide, voire des bienfaits qui en découlent. En Esaïe 40,6, on peut le traduire par « consistance » (TOB), « vigueur » (Français Courant), voire « éclat » (Segond). Traduire, c’est choisir, et parfois prendre le risque de trahir ! Aussi il est bon, pour approcher au mieux le sens d’un passage ou verset plus ou moins obscur, de comparer les versions entre elles. On a du choix en français : Segond et ses multiples révisions, la Nouvelle Français Courant, la TOB, Jérusalem, Maredsous, Osty-Trinquet, etc…

Autre problème, lorsque le sens de certaines racines hébraïques très rarement utilisées dans l’Ancien Testament (parfois une seule fois, on parle alors d’un hapax) est discuté. Les spécialistes ont recours alors à la comparaison avec d’autres langues sémitiques du Proche-Orient ancien, voire avec les versions anciennes du texte hébraïque, notamment grecque, syriaque… pour arriver à le cerner.

Rappelons aussi qu’il peut y avoir des divergences entre les différents témoins manuscrits d’un même écrit biblique. Il n’est pas toujours simple de décider lequel a gardé la version originale. C’est le travail de la « critique textuelle » et, d’une traduction de la Bible à l’autre, les choix peuvent être différents…

Bref, le « malaise » dont vous parlez peut survenir pour bien des raisons ! Faut-il en conclure que le sens authentique et original des textes bibliques nous reste à jamais inaccessible ? Que le texte biblique que nous avons sous les yeux n’est pas fiable ? Sûrement pas !

Tout d’abord aucun écrit dans l’histoire de l’humanité n’a été autant étudié, commenté, expliqué que les textes bibliques. Cette tradition d’exégèse et d’interprétation est une ressource précieuse. De même que la lecture en commun, avec d’autres personnes en recherche de son sens !

Enfin, soulignons que « La Bible éclaire la Bible ». Elle s’interprète elle-même. C’est en replaçant chaque texte dans le vaste ensemble de l’Ancien et du Nouveau Testament qu’on peut le comprendre. A travers la diversité foisonnante des genres littéraires, des époques, des auteurs, apparaît une extraordinaire unité et cohérence de la révélation de Dieu aux hommes, d’Abraham à Jésus-Christ. L’Esprit Saint a non seulement conduit les auteurs, rédacteurs et compilateurs des textes bibliques au cours des siècles, mais aussi la constitution du Canon, c’est à dire de la liste des livres retenus comme inspirés.