Baptiser les bébés ? un point de vue
Voici une note que j’ai écrite pour une amie évangélique qui ne comprenait pas pourquoi les réformés baptisent les bébés.
1. L’Eglise Réformée baptise les enfants des fidèles.
2. Il y a de plus en plus de gens qui pratiquent la présentation d’enfants.
3. Un pasteur a le droit de demander un « dispense » de baptême de bébés.
4. L’idée est que les protestants de la première Réforme, majoritairement, accentuent plus l’aspect de la grâce que celui de la repentance. Ils justifient cela de la façon suivante :
– le baptême est le signe visible d’une grâce invisible. Être conscient pour y répondre n’est pas le critère ultime, puisque de toute façon la grâce de Dieu nous dépasse, nous précède et ne peut pas être « réalisée » même par quelqu’un de conscient et d’adulte ;
– le baptême de Jésus est autre que celui du baptême de Jean-Baptiste. Ce dernier ne prêchait que la repentance, accentuant sur une « baptême de mort du vieil homme, du péché » plus que comme un « baptême de naissance nouvelle », comme l’a fait Jésus ;
– il y a trois histoires qui disent que des gens ont été baptisés avec toute leur famille (Ac 16:15 – Ac 18:8 – 1Co 1:16) ce qui sous-entend que tout le monde était baptisé à partir du moment où le chef de famille le décidait.
5. Outre les raisons classiques des baptistes et évangéliques, voilà comment je milite ou plutôt j’exprime le fait de ne pas encourager le baptiême de bébés dans la mesure du possible : je pense qu’on peut comprendre que dans une société qui se croyait (!) entièrement chrétienne, le baptême avait une fonction d’état-civil. Depuis 1787 puis sous Napoléon il y a un Etat-civil. Depuis 1945 on est sorti de ce qu’on appelle la « chrétienté », c’est-à-dire d’une société qui se comprend comme entièrement (ou presque) chrétienne. Si on est sorti de ça, cela implique qu’il n’y a plus de transmission linéaire de génération en génération, qu’on ne peut même plus défendre l’idée qu’on est chrétien parce que nos parents le sont. Ce qui fait qu’on revient à la situation du Christ : on est chrétien par adhésion. Et c’est plus facile à prêcher aujourd’hui qu’au XIXème siècle.
6. La présentation chez les réformés n’est pas une « présentation au Seigneur » car ce serait une confusion avec un rituel Juif (qu’a vécu Jésus à l’âge de huit jours) qui avait pour fonction de racheter les premiers-nés et de circoncire les garçons. Donc on ne substitue pas un rite qui évoque la circoncision pour proposer une alternative au baptême des bébés ! Ce serait pire encore, un retour en arrière qui ferait frémir l’apôtre Paul. C’est une « présentation à la communauté », où il est dit que l’Eglise constitue une famille d’adoption, qui accueille le désir des parents d’élever chrétiennement leur enfant, et d’espérer le conduire, par la grâce de Dieu, à la décision d’être baptisé quand il sera grand.