Son goût lui est resté, son odeur ne s’est pas changée. – Jérémie 48:11
Après avoir traversé la crise du COVID, ses confinement et déconfinement, c’est le COVID qui m’a traversé. Avec pour résultat la perte du goût et de l’odorat. Ne restent comme repères que les qualifications suivantes : salé, sucré, piquant, amer, acide, âpre.
Bref, rien d’intéressant.
Alors c’est vrai, c’est plus pratique pour aller nettoyer un frigo empuanti par un fromage nauséabond ou un légume pourri. Mais la vie sans goût et sans odeur est bien triste. On se nourrit ; on ne mange plus. On s’hydrate ; on ne boit plus. Il faut mettre du carburant dans la machine sans se préoccuper si le gazole est bien raffiné.
La question qui me vient est celle de nos motivations.
C’est par l’odeur que maître Renard était alléché. C’est l’existence du désir et la promesse d’un plaisir (qui peut n’être qu’intellectuel), qui nous fait être motivés. Sinon c’est la routine, c’est alimentaire et sans élan.
Pour beaucoup l’Evangile est une morale sans saveur, avec quelques « valeurs chrétiennes » qui feraient de nous des gens « plutôt ouverts », et nous qualifieraient pour être des citoyens potentiellement sympathiques. Pourtant l’Evangile est une puissance pour le salut (Romains 1,16), c’est quelque chose qui a du goût, qui surprend, qui déménage. C’est une puissance de transformation épicée. Ce n’est pas le goût standardisé des cantines scolaires et des hôpitaux.
De deux choses l’une, soit le problème est du côté de ce que l’on donne à manger aux autres et si ça n’a pas de goût ça ne sera pas attirant, parce que nous avons retiré leur goût aux paroles de Jésus ; soit nous faisons face à une génération victime d’une épidémie qui leur a retiré jusqu’à la capacité de goûter et sentir, et alors il faut absolument réhabiliter désir, plaisir et jouissance de l’Evangile goûteux, qui n’est que la nouvelle version du « sacrifice de bonne odeur » qui réjouissait les divines narines dans le Premier Testament.
Préoccupons-nous donc de ces deux enjeux, redonner son bon goût à la bonne nouvelle, et guérir la génération blasée, saoule de paroles et de tweets, de comm et de bons mots, pour qui plus rien n’a ni goût ni odeur.