Un chrétien démonisé ? – D.F.
Question de D.F. :
Un chrétien peut-il vraiment être démonisé ?
Réponse de Gilles Boucomont :
Démonisé ? Squatté ? Possédé ?
Certains s’opposent à l’idée qu’un chrétien puisse être habité par une présence spirituelle qui soit autre que son propre esprit ou l’Esprit Saint, c’est-à-dire l’Esprit du Père ou l’Esprit du Fils. Ceux qui s’opposent le plus à cette idée sont paradoxalement des chrétiens, et plus bizarrement encore, des chrétiens professants, dans des milieux protestants et évangéliques. Il s’agit là du fruit d’une fausse doctrine.
L’argument principal pour refuser la démonisation d’un chrétien est biblique.
Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. (2 Corinthiens 5:17)
Quand la personne était sous une autre autorité, sous l’autorité du monde, elle pouvait aussi être sous l’autorité du Prince de ce monde, souvent appelé « l’ennemi du Christ, l’adversaire, le malin ou le diable. » Depuis qu’elle est passé par la nouvelle naissance, lavée par les eaux du baptême, sauvée par l’effusion de l’Esprit, il ne peut y avoir deux règnes qui la traversent. Tout est fait à nouveau. L’apôtre Paul ne dit-il pas par ailleurs :
Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? (1 Corinthiens 3:16)
Le temple ne peut être dédicacé à deux esprits et il ne peut pas y avoir en lui deux cultes contradictoires.
Ce refus d’admettre la démonisation du chrétien, même né de nouveau, est problématique. Pourquoi alors ne pas proclamer, avec des versets bibliques que le chrétien ne peut jamais être malade ?
C’est l’Eternel qui pardonne toutes tes iniquités, Qui guérit toutes tes maladies ! (Psaume 103:3)
Pourquoi ne pas proclamer que la dépression est impossible pour les chrétiens ?
Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. (Jean 15:11)
Les exemples pourraient être sans fin de doctrines falsifiées qui peuvent être étayées avec des versets bibliques tout à fait sincèrement utilisés mais franchement détournés. N’est-ce pas la tactique du diable lui-même que de tenter Dieu et l’humain en utilisant la bible ? (Matthieu 4:6 où le diable cite le Psaume 91)
Il faut donc se résoudre à constater que des personnes franchement consacrées peuvent être démonisées. Il est trop facile de contester leur consécration, leur conversion, leur foi, pour justifier que quelque chose d’autre que Dieu soit actif en eux.
Il s’agit en revanche de mener, au nom de Jésus, une guerre de libération qui n’a parfois rien à envier en rebondissements aux batailles qui ont formé les épopées bibliques, et notamment la sortie du peuple hébreu d’Egypte.
Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve ! (Exode 9:1)
Tel est le cri de ceux qui marchent à la suite de Moïse pour libérer le peuple de Dieu des pharaons de l’époque.
« Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve ! » Tel est le cri de ceux qui marchent à la suite de Jésus pour obéir à son commandement explicite.
Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. (Matthieu 10:8)
Comment se fait-il que seuls certains commandements du Seigneur Jésus-Christ resteraient valides aujourd’hui ? Les commandements pour prêcher, baptiser, témoigner, etc… et pas les autres ?
Reconnaître et admettre que de nombreux chrétiens sont démonisés ne consiste pas à entrer dans une fascination morbide ou malsaine qui donnerait trop de pouvoir à l’ennemi du Christ. La victoire de Jésus à la croix et au tombeau vide est bien réelle, mais elle ne devient réalité pour le monde qui nous entoure que dans la mesure où elle est « réalisée » par les disciples du temps présent, par ceux qui se réclament de l’autorité de Jésus aujourd’hui. A quoi servirait-il que Jésus ait libéré des gens il y a deux mille ans s’il ne continuait pas cette œuvre par son corps qui est l’Église ?
Réaliser la victoire du Christ, c’est donc l’admettre, c’est reconnaître le réel d’une victoire déjà acquise au niveau spirituel, mais aussi d’une guerre de territorialité qu’il faut mener. Refuser cette bataille est un déni dangereux, et les combats refoulés par lâcheté ou par une mauvaise doctrine ne font qu’apporter de l’eau au moulin de l’ennemi, qui occupe le terrain, et qui se réjouit de cette providentielle « collaboration » de ceux qui devraient entrer en résistance.
Réaliser la victoire du Christ, après avoir reconnu et nommé la domination du Prince de ce monde, c’est donc étendre concrètement la bénédiction de cette victoire, la manifester dans le réel du monde et le réel des vies humaines qui nous sont confiées. C’est chasser les démons, relever les morts, etc.
Car le royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en puissance. (1 Corinthiens 4:20)
Si cette bataille n’est pas menée, alors toute prédication est vaine.
Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. (1 Corinthiens 15:14)
Si cette bataille n’est pas conduite, pourra-t-on encore prier autrement que dans le vide :
Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. (Matthieu 6:10) ?