D’eau, d’Esprit, de feu
Prédication donnée au Temple du Marais
Matthieu 3:11-12
Moi, je vous baptise d’eau, pour vous amener à la repentance ;
mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi,
et je ne suis pas digne de porter ses souliers.
Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.
Il a son van à la main ;
il nettoiera son aire,
et il amassera son blé dans le grenier,
mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point.
Ephésiens 4:4-6
Il y a un seul corps et un seul Esprit,
comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation ;
il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême,
un seul Dieu et Père de tous,
qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous.
Malachie 3:2-3
Qui pourra soutenir le jour de sa venue ?
Qui restera debout quand il paraîtra ?
Car il sera comme le feu du fondeur,
Comme la lessive des laveuses.
Il s’assiéra, fondra et purifiera l’argent ;
Il purifiera les fils de Lévi,
Il les épurera comme on épure l’or et l’argent,
Et ils présenteront à l’Éternel des offrandes avec justice.
Prédication
Suite aux baptêmes récents dans la communauté, je voulais profiter de cette occasion qui nous est donnée pour aller plus loin sur le sens du baptême.
Jésus n’a donc pas du tout inventé le baptême et la pratique de plonger quelqu’un dans l’eau était déjà presque banale dans le judaïsme. Jean était appelé le baptiste parce que cette pratique était au centre de sa prédication et de son activité. La repentance n’était donc plus seulement un état de l’âme qui se rend compte qu’il y a quelque chose de mal ajusté dans notre vie, mais il s’agissait d’une repentance radicale, proche de la conversion où, une bonne fois pour toutes, les gens allaient « noyer », définitivement, si possible, tout ce qui était sur eux. Voyez bien la différence entre cette repentance profonde et fondamentale, et une repentance d’ajustement quotidien. Il y a des moments où nous devons faire une rupture profonde avec notre passé pour pouvoir entrer dans autre chose.
En danger de ritualisation
Mais Jean-Baptiste avait très bien compris que cette pratique tournerait rapidement au rituel. Au tout début, ce serait vraiment un élan de Dieu qui pousserait les gens à changer de vie radicalement. Puis viendraient les premiers à le faire un peu à la légère, pour y passer comme les copains, puis viendraient ceux qui avaient déjà été baptisés et qui voudraient recommencer, parce que la fois précédente ce n’était pas assez sérieux. Et puis il y aurait les inconditionnels qui auraient besoin d’être immergés tous les samedis soir pour pouvoir gérer leur culpabilité, confondant baptême et jacuzzi.
D’une conviction profonde, jaillie du cœur de Dieu, on passerait en quelques mois à une pratique rituelle banalisée, une convention sociale, ou une coutume pour des gens qui n’auraient profondément rien à faire de la repentance.
Dès lors Jean-Baptiste annonce la couleur. Son baptême n’a d’intérêt que dans une démarche de repentance. Et ce baptême n’est qu’une étape parce que vient quelqu’un qui va faire autre chose, quelque chose de plus puissant, quelque chose de plus durable aussi assurément.
Jean baptise dans la repentance et l’eau, mais celui qui vient baptisera dans l’Esprit et le feu.
Un, deux, ou trois baptêmes ?
Les questions fusent :
Il s’agit donc d’un autre baptême ? Certains diront qu’il ne faut plus baptiser d’eau ? Certains diront qu’il n’est plus question de repentance dans la baptême ?
Y a-t-il donc un deuxième baptême à vivre après le baptême d’eau et de repentance ? Un baptême d’Esprit et de feu ? Mais alors comment le pratique-t-on ?
Et même : cela veut-il dire qu’il y a trois baptêmes à vivre ? Un baptême d’eau, un baptême d’Esprit et un baptême de feu ?
Je peux vous assurer qu’il s’agit d’une des questions théologiques où il y a eu le plus de spéculations dans le christianisme. Etonnant. D’où des discours et des pratiques de tous ordres.
Je voudrais vous proposer une interprétation simple et viable de cette parole de Jean-Baptiste : « Moi, je vous baptise d’eau, […] mais lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. »
Car la plupart des interprètes essayent de spéculer sur cette phrase en l’isolant de son contexte, mais il me semble que Jean-Baptiste nous donne une clef d’interprétation avec la phrase qui suit dans son discours : « Il a son van à la main ; il nettoiera son aire de battage, et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint pas. »
Jean-Baptiste nous livre la clé d’interprétation
Les choses sont plus simples qu’elles n’y paraissent. Jean-Baptiste explique par cette illustration que le baptême d’eau pour la repentance sera toujours pratiqué. En effet, celui qui vient pour la moisson « nettoiera son aire de battage ». La repentance est une étape nécessaire et indispensable pour être réconcilié avec Dieu. Il faut nettoyer la place. Et il y a pas mal de choses à nettoyer en nous, dans nos cœurs et dans nos corps. C’est l’œuvre du baptême. On y fait mourir une réalité empreinte par la mort et on y accueille la vie dans une naissance qui marque que la logique de la naissance sera désormais toujours plus forte que la logique de la mort. Le baptême détruit, nettoie et fait naître. Pour celui qui vient pour la moisson, cela revient à nettoyer l’aire de battage.
Puis le moissonneur « amasse le grain dans son grenier ». Il s’agit d’une description du baptême d’Esprit. Ce mot veut dire simplement « être immergé dans l’Esprit de Dieu ». Toute personne qui se repent et réajuste sa vie avec Dieu est plongée dans l’Esprit-Saint à plus ou moins long terme. Cela n’a aucune importance de savoir si elle l’est juste avant son baptême d’eau, pendant ou après. Qu’importe, mais cela veut dire qu’elle doit être placée entièrement dans l’Esprit Saint tout comme la totalité du grain est placée dans le grenier.
Jésus-Christ est venu pour mettre à part les personnes qui voudront bien vivre cette communion avec Dieu qu’il prépare. Il n’y a donc pas de doctrine à faire autour du baptême du Saint-Esprit, de savoir comment ça se pratique ou comment ça se fait, ce qui doit advenir. Ce n’est pas ce qui importe. En revanche on peut être sûr qu’ont été baptisés d’Esprit tous ceux qui sont plongés en Dieu au point d’avoir la pleine assurance d’être dans les greniers du Seigneur au jour de la moisson.
D’Esprit et… de feu
Et puis vient le baptême de feu. C’est tout simplement une image du jugement dernier, puisque le moissonneur brûle la paille et tous les débris qui n’ont pas d’intérêt pour le grenier. Nous pouvons prendre cela comme une image du jugement, comme un processus de tri que le Seigneur fera à la fin des temps, mais aussi comme une image pour ce qui se passe dans la foi dès aujourd’hui, dans la mesure où le Seigneur fait déjà du tri en nous. Il y a beaucoup de déchets dans nos vies. Ce n’est pas une invention de la société de consommation. Il y a beaucoup de déchet dans notre foi et le Seigneur brûle cela. J’imagine que le plupart d’entre nous sont passés par des temps où l’on a l’impression que le Seigneur fait du nettoyage dans nos existences. Il nous demande de mettre de côté ce qui est consommable, voire ce qui est recyclable, mais il brûle avec assiduité ce qui est vraiment inutilisable.
L’autre image prise dans la bible est celle des métaux qui sont éprouvés au feu pour en distinguer le métal pur des scories. Je crois que nous n’avons pas besoin d’attendre la fin des temps pour pouvoir éprouver par avance quel genre de tri Dieu va opérer dans cet ultime moment. Il y a tellement de choses que nous stockons et qui ne servent à rien…
Voici donc la promesse de Jean-Baptiste : si vous désirez changer de vie et marquer ce changement en étant plongé dans l’eau, alors vous pourrez vous mettre à suivre ce Christ qui ne nous apporte pas seulement un enseignement, mais vraiment la présence de Dieu elle-même. Vous serez immergés dans l’Esprit qui est la présence de Dieu et alors vous connaîtrez un temps où votre vie sera épurée, criblée, triée, afin de devenir de plus en plus comme Jésus lui-même, en pleine communion avec Dieu. Oui, vous êtes baptisés d’eau et de repentance et avec le Christ vous serez, en plus baptisés d’Esprit et de feu.
Amen.