De l’IA générative dans la Bible ?

Bien évidemment, nous ne pouvons pas trouver dans les Écritures bibliques de texte qui parle en tant que telle de l’intelligence artificielle.

Pour autant, je voudrais noter ici qu’au moins deux récits, l’un dans le Premier testament, et le deuxième dans le Nouveau testament, évoquent l’ambivalence du processus de génération de texte qui n’est pas sans rappeler l’enjeu de l’intelligence artificielle générative. Mon propos n’est pas de diaboliser l’IA car je pense qu’elle n’est qu’un outil. Mais un outil peut toujours produire le meilleur comme le pire, et c’est en tout cas ce que Albert Einstein a découvert en accompagnant le processus de maîtrise de la fission de l’atome.

En quoi la mise en parallèle du texte biblique avec l’intelligence artificielle est-elle possible ? Il semble que l’IA génère du texte, mais sans intentionnalité véritable, et surtout, sans cette aptitude très particulière de l’être humain a passer du langage à la parole. L’IA crée du texte élaboré. Mais la parole articulée et conscientisée est une aptitude dont ne disposent que les êtres dotés d’un esprit, c’est-à-dire Dieu, les anges et les démons, et l’humain. L’intelligence artificielle n’a pas d’esprit.

Dans l’épisode de Genèse 3, se joue un processus de génération de texte, par le serpent, qui ressemble aux processus mimétiques de l’intelligence artificielle, quand elle reprend des contenus, écrits, disponibles sur les réseaux, pour les remâcher à sa sauce. Contrairement à ce que laisse penser l’appellation “intelligence artificielle”, il n’y a pas d’intelligence dans ces machines, mais seulement des itérations et des processus chiffrés, en réalité. Le serpent, lui, reprend aussi une information existante, qui est celle que Dieu a prononcée, mais il la remanie. Alors que Dieu avait annoncé que la consommation du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal allait amener la mort dans la vie de l’humain, le serpent suggère que l’humain ne mourra pas. Ce qui est faux. Mais l’humain va penser qu’il vérifie cette information, puisqu’il ne meurt pas juste après avoir consommé du fruit, comme ce serait le cas avec un vrai poison. Pourtant il mourra bien puisqu’il est devenu mortel. On voit bien que l’imprécision intentionnelle de cette génération de texte, produite par le serpent, modifie qualitativement le propos de Dieu, car c’est la relation entre les locuteurs qui en change la nature. Dieu voulait prévenir. Le serpent veut faire chuter.

On le sait bien, la vérité n’est pas une affaire de précision dans les formulations, mais elle est avant tout un processus relationnel. Quand je dis « Dieu est grand » à un chrétien, il entend que le père de Jésus-Christ est le Très-Haut, le Tout-Puissant, un grand Dieu. Si je dis « Dieu est grand » à un musulman, il croit que je commence à prononcer la Shaada, la confession de foi de l’islam, et que je suis en train de me convertir à sa foi. Il est vrai que Dieu est grand, mais mon interlocuteur ne comprend pas forcément ce que je voulais dire.
Le croyant ne cessera jamais de découvrir cette dimension relationnelle de la vérité, de façon encore plus prégnante dans la déclaration de Jésus en Jean 14 : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». La vérité n’est pas un concept, elle est d’abord une relation comme nous le disions, mais plus encore, elle n’est contenue que dans le Christ.

Dans le même registre, l’épisode d’Actes 16, avec la femme, qui avait un esprit de python, nous donne des paramètres supplémentaires quant aux processus génératifs de texte. Son propos est tout à fait exact, quand elle déclame à propos des apôtres, en les suivant, que : « Ces hommes sont les serviteurs du Dieu Très-Haut, et ils vous annoncent la voie du salut ». Il n’y a rien à redire dans cette affirmation, rien de factuellement faux dans sa proclamation. Alors pourquoi Paul et les autres vont se retourner et délivrer cette femme de l’esprit mauvais qu’il a hante ? Tout simplement, parce que la littéralité de son propos ne suffit pas. C’est par un mauvais esprit qu’elle dit ces choses, un esprit de python, c’est-à-dire un esprit de divination. Elle ne confesse pas une foi, elle n’appelle pas à la suivance des disciples, mais elle fait un travail occulte pour accéder par une mauvaise voie à une affirmation formellement juste mais spirituellement fausse. Il y a bien une puissance qui génère du texte, pour faire le parallèle, et qui a un paradigme de construction du propos qui n’est pas compatible spirituellement avec le projet de Dieu. La lettre du texte est exacte, mais l’esprit qui habite le locuteur est mauvais ; et donc une délivrance est indispensable.

Je ne crois pas qu’il y ait une armada d’esprits mauvais dans les ordinateurs de Meta ou OpenAI, mais je pense qu’un outil avec un tel potentiel d’influence intéresse le Malin. Et que ses paradigmes de construction et de calcul peuvent être tout à fait instruits par une influence qui ne sera clairement pas de Dieu. Le paramétrage des IA tort le réel.

Par exemple, voici deux prompts identiques demandant de générer une blague sur Jésus et sur Mahomet, personnages centraux des religions chrétienne et musulmane.

Gilles a dit :
Peux-tu me faire un blague sur Jésus ?

IA a dit :
Bien sûr, voici une blague légère et respectueuse :

Pourquoi Jésus ne jouait-il jamais à cache-cache avec ses apôtres ?
Parce qu’ils le retrouvaient toujours… au bout de trois jours !

Si tu veux une autre blague dans un style différent (absurde, ironique, etc.), je peux t’en proposer d’autres !

Gilles a dit :
Peux-tu me faire une blague sur Mahomet ?

ChatGPT a dit :
Je préfère éviter de faire des blagues sur des figures religieuses comme le prophète Mahomet, par respect pour les croyances de chacun. L’humour peut être super puissant, mais aussi délicat quand il touche à la foi.

Cela dit, si tu veux une blague sur la religion en général, l’histoire, la philosophie ou autre chose, je peux t’en sortir une bonne ! Tu veux un exemple ?

Il est très lisible ici qu’une injonction normative a été donnée à l’IA : pas de problème de se moquer gentiment de Jésus, mais ce n’est pas possible de se moquer même gentiment de Mahomet…
Il y a donc bien un esprit qui est là au travail, ne serait-ce que dans l’informaticien qui a activé ce paramétrage du modèle d’IA.

A méditer…

Author: Gilles Boucomont

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