En Matthieu 5:32 Jésus dit que si on épouse une femme divorcée, on commet un adultère. Egalement en 1 Corinthiens 7:11. Comment comprendre ces passages ? [Curtis]

Genèse 2,24 « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. » Voici le principe biblique, qui sous-tend ces affirmations sur la mariage. Il est répété cinq fois dans la Bible ( Matthieu 19,5-6, Marc 10,8, 1 Co 6,16, Ephésiens 5,31). Ainsi, c’est parce qu’à l’origine, Dieu a créé l’homme et la femme pour qu’ils soient unis à vie, que la Bible signale le remariage comme un adultère.

Ces textes tout en signalant le sérieux de la séparation et du remariage, liés à la « dureté du coeur », évoquent la possibilité du remariage, dans certains cas. Ainsi en est-il de « l’impudicité » (l’infidélité essentiellement) et du fait d’être avec un non croyant qui refuse de rester en couple avec le « croyant ». Bref, Dieu sait que notre coeur est dur, tant que nous ne nous laissons pas restaurer par le Saint-Esprit, ce qui n’est possible que dans la foi en Jésus-Christ, et que nous pouvons, par notre faute, mettre à mal nos unions.

Devant le divorce, ces passages  invitent les anciens époux à chercher, chacun pour soi, ce qui a été à l’origine de la rupture. Il s’agit de demander à Dieu de mettre en lumière la faute, les fautes, les manques de confiance en Dieu, qui ont conduit le couple à la séparation, afin de pouvoir s’en repentir. Souvent, ces tords sont partagés. Les mettre à jour plutôt que les nier aidera chacun à se laisser restaurer par Dieu pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Alors, parce qu’il y a faute, reconnue, le couple n’est plus lié et le remariage devient une possibilité (1 Co 7,15).

Doit-on à tout prix laisser de la place à quelqu’un qui pourrit l’Eglise par son mauvais état d’esprit ? [Gilbert]

Quel genre d’état d’esprit peut pourrir une Eglise ?
Probablement ce qui est contraire au fruit (tout frais) de l’Esprit tel que décrit en Galates 5,22. Ainsi, on s’oppose à l’oeuvre de l’Esprit dans l’Eglise alors que  :
– notre comportement fait barrage à l’amour, quand on ne considère pas les autres, mais nous-mêmes et nos désirs pour l’Eglise, comme ce qui doit conduire son oeuvre.
– notre comportement fait barrage à la joie, quand on critique inlassablement ce qui est vécu dans l’Eglise, parce qu’on ne remarque pas ce que Dieu y accomplit.
– notre comportement fait barrage à la paix et à la bonté, quand on accuse les autres, au lieu de nous encourager les uns les autres.
– notre comportement fait barrage à la bénignité, quand on répand des rumeurs, des reproches et des calomnies sur l’Eglise, certains de ses membres ou ses responsables.
– notre comportement fait barrage à la fidélité, quand on ne cherche pas sincèrement la volonté de Dieu dans la prière et la lecture de la Bible, préférant répandre nos idées et nos principes.
– notre comportement fait barrage à la douceur quand on refuse de se soumettre les uns aux autres pour pouvoir imposer nos vues.
– notre comportement fait barrage à la tempérance quand on laisse nos passions, colères, désirs personnels et temporaires nous détourner de nos engagements.

Que faire alors ?
Nous pouvons tous, à un moment où à un autre, nous fourvoyer dans un ou plusieurs de ces comportements destructeurs pour l’Eglise. Prions alors qu’un de nos frères ou de nos soeurs, viendra nous avertir, selon Matthieu 18,15-20. Si nous refusons de changer, la Bible nous dit qu’il n’est pas bon que nous puissions continuer notre oeuvre destructrice dans l’Eglise en y gardant des responsabilités, dans l’espérance que le Seigneur, en réponse à la prière de nos frères et soeurs, puisse, par sa grâce produire en nous de nouvelles dispositions de coeur, pour son service.

Un chrétien peut-il perdre son salut ? [Phil]

Une certitude : c’est par la grâce que nous sommes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu. (Ephésiens 2,8). Le salut est donc souverainement l’œuvre de Dieu et il s’étend de façon opérationnelle dans notre vie dans l’expérience de la foi.
Donc si Dieu nous sauve, qui pourrait détruire ce que Dieu fait ?
Y a-t-il quelqu’un de plus puissant que Dieu, ou qui pourrait détruire l’œuvre de Dieu ?
La seule destruction possible, c’est celle que nous faisons nous-mêmes quand nous refusons le salut.

Un péché (celui contre le Saint-Esprit) est dit impardonnable en Matthieu 12,32, Marc 9,29 et Luc 12,10. Mais il n’est pas dit qu’il vaudrait un refus du salut pour autant !
Reste donc un verset, Hébreux 6,4-6 : « Il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie. » Il s’agit bien d’une démarche de la personne chrétienne qui volontairement refuse son salut.

On ne peut donc pas « perdre son salut », sinon en choisissant de le renier.

Jésus a dit : « J’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Ecriture soit accomplie. » Jean 17,12 – et vous n’êtes pas le diable, semble-t-il !

La politique nous incite à relire les béatitudes avec le choix d’André Chouraqui : « En Marche ! ». Qu’en penser ? [Steve]

Restons-en au texte en nous réjouissant que l’actualité nous incite à lire la Bible. Pour comprendre le terme que Jésus a utilisé, on peut s’appuyer sur la version grecque des Septante. Elle traduit toujours par l’équivalent grec « makarios », heureux, un mot formé sur l’une des deux racines hébraïques « ’ashar ». Le nom à l’état construit pluriel « ’asherei » en hébreu ne signifie pas « en marche » (aucune préposition « be » ou « le »), mais littéralement « bonheurs de ». C’est l’adjectif « makarioi » (pluriel) qu’on lit dans les béatitudes. Le projet d’André Chouraqui était un projet très libre, en particulier par rapport à l’exactitude linguistique, bien qu’il ait été par ailleurs capable de trouvailles géniales.

Choisir de traduire par « en marche » pour les béatitudes pose un problème théologique, car cela transforme la promesse du Christ – qui seul peut dire les béatitudes, et seulement à ses disciples – en une sorte de do it yourself : on passerait alors d’une théologie de la promesse et de la grâce, conforme à l’enseignement de Jésus, à une sorte de théologie des œuvres. La traduction par « heureux… » n’enlève rien à la dynamique des béatitudes : leur véritable dynamique ne vient pas de l’homme en marche mais de Dieu.

Comment pardonner à celui ou celle qui ne se repent pas et qui continue de mentir et de blesser ? [Kat]

Quand nous voyons une offense, nous avons tôt fait d’enfiler notre costume de superman vengeur, de crier à l’injustice et d’essayer de rétablir les choses, en critiquant l’autre, en le détestant, en cherchant vengeance. La Bible nous dit que nous devons plutôt nous occuper de notre attitude que de celle des autres (Matthieu 7/2-5, la poutre et la paille).

Que faire, face à l’offense ? Comment la gérer dans le pardon qui nous est commandé (Matthieu 6/14-15)
Tout d’abord, je crois qu’il convient de regarder à nous-mêmes, à notre colère, à notre haine et de demander pardon à Dieu pour ces sentiments qui ne devraient pas être. Nous pourrons prier Dieu  de nous donner son regard sur la personne qui nous a fait du mal (Matthieu 5/38-45), et lui demander la grâce de lui pardonner.
Nous pouvons ensuite voir la personne pour lui partager ce que nous pensons devoir lui dire concernant son attitude, selon Matthieu 18/15/-17. Nous devons parfois, à cette étape, lui demander pardon pour notre attitude dans ce conflit, si nous avons nous aussi mal agi.
Enfin, si la personne demande pardon et change, nous devons accepter sa demande (Luc 17/3-4). Si elle ne nous demande pas pardon, mais change, nous devons aussi renouer la relation. Enfin, si la personne continue de nous faire du mal, il convient de prendre du recul et peut-être de cesser de la fréquenter, tout en priant pour elle, en l’aimant, en souhaitant son bien. Dans tous les cas, nous aurons abandonné à Dieu notre désir de vengeance et notre haine, pour confier notre offenseur à Dieu, nous aurons pardonné.
Ce que je partage ici semble simple, je sais que les choses ne sont jamais aussi limpides. Mon expérience reste que le Seigneur, qui nous a acquis le pardon est puissamment à l’oeuvre quand nous lui abandonnons nos conflits, nos rancœurs, nos désirs de vengeance. Il saura nous conduire vers la libération de ces difficultés qui pèsent parfois si lourd.

Pourquoi affirme-t-on que Christ est mort pour nos péchés ? Quels sont ces péchés ? En quoi sommes-nous pécheurs ? [Jeff]

Comprendre ce qu’est le péché nous conduit à lire le tout premier livre de la Bible, la Genèse (1 à 3). Ce livre explique que Dieu a créé le monde bon et beau et qu’il a souhaité entretenir avec l’homme une relation de confiance en lui offrant tout ce qu’il lui fallait pour vivre. Malheureusement, le péché est arrivé dans le monde, par Adam, qui encouragé par Eve, elle même séduite par le serpent a mangé du fruit de l’arbre défendu, l’arbre de la connaissance du bien et du mal, que le serpent leur avait vanté comme capable dee les rendre « comme des dieux ».A partir de là, l’humain se détachera de Dieu pour faire sa propre vie, s’en tirer par lui même et agir selon ses propres décisions. Ne disposant pas de la vraie connaissance des choses, il s’égarera loin de la vie et de la direction que seul le vrai Dieu peut offrir, et connaîtra la souffrance et la mort. Ainsi, la base de notre péché est le désir illusoire d’être nous-mêmes des dieux, lequel nous coupe du Dieu qui fait vivre.
Dés la Genèse, la Bible nous montre la sollicitude de Dieu envers l’homme pécheur. C’est ainsi que Dieu, dans l’Ancien-Testament, donne la loi, un ensemble de règle pour guider les humains qui ont besoin de direction. Cette loi, ne vient pourtant pas régler le problème du péché dont les racines demeurent en profondeur, dans le coeur humain.C’est ainsi que l’Ancien Testament annonce un sauveur qui viendra guérir le péché des coeurs et rétablir la relation avec Dieu en portant lui-même le péché des humains (Esaïe 53/1-7), pour que les humains puissent de nouveau vivre de ce que Dieu donne. Les chrétiens croient que ce serviteur est Jésus et que le moment décisif de cette oeuvre de réconciliation est le moment de sa crucifixion, acceptée pour que nous puissions être libres du péchés, réconciliés avec Dieu. (Romains 5/7-8, 1 Corinthiens 15/1-4). Luther, illustrant cela, parlera de joyeux échange : Nous pouvons donner à Christ notre péché, dans la repentance, et recevoir une vie nouvelle, réconciliée avec Dieu.

Un récent responsable religieux a affirmé que le diable n’était qu’un symbole. Est-ce une interprétation correcte de la Bible ? [Jacques]

Je ne sais pas ce que ce responsable religieux entend par symbole, mais pour ma part, parler du diable en utilisant ce mot est aussi inexact bibliquement que le décrire comme un personnage avec des cornes, des dents pointues et une fourche dans les mains… Quand Jésus (Matthieu 4. 2-3) passe quarante jours au désert tenté par le Satan (un autre nom utilisé pour le diable) j’ai du mal a comprendre si je prends le Satan pour un symbole… Quand il dit à Pierre : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. » (Luc 22. 31) je n’imagine pas Pierre secoué en profondeur dans tout son être par un « symbole », une « façon de parler ». Reste qu’il est bien sûr difficile et même dangereux de donner une image à ce qui est à l’origine de tout ce qui tente de nous détourner de Dieu, de nous isoler de son amour, de nous séparer de sa présence. Il ne vaut mieux pas chercher à trop définir ce qui cherche à nous diviser intérieurement (c’est le sens du mot grec « diabolos » : diviseur). Mieux vaut toujours se tourner vers Dieu, prier et demander le secours de la prière des autres, plutôt que de se faire des nœuds dans la tête pour savoir si c’est un symbole, un phantasme, ou un type qui marche avec des sabots de bouc… Car au fond, ce sont des tentatives pour essayer de le maîtriser, alors que le seul qui est vraiment plus fort que lui, c’est le Seigneur.

En Mt 5-1-10 la plupart des traductions commencent chaque verset par : ‘Heureux’ ou ‘Bienheureux’ sauf une- celle de Chouraqui- qui dit ‘en marche’. Comment expliquer cette importante différence ? [Jean]

La « faute » à la traduction grecque de la Bible ! Au troisième siècle avant Jésus-Christ, des rabbins réunis à Alexandrie ont réalisé une traduction de la Bible hébraïque (notre Ancien Testament) en grec, qui était à l’époque la langue la plus parlée dans le bassin méditerranéen. Cela a donné la traduction de la Bible des Septantes (ou 70) car selon la tradition, il y aurait eu environ 70 rabbins pour faire ce travail. C’est sur cette traduction que les auteurs du Nouveau Testament se sont souvent appuyés, même si Jésus parlait certainement plutôt l’araméen (hébreu populaire) que le grec. De nombreux traducteurs de la Bible en langue française ont ensuite fait de même.

Ceci fait que, par exemple, le psaume 1 commence en hébreu par le mot « ashrei » que Chouraqui traduit donc par « en marche », alors que la traduction grecque utilise le mot « makarios » qui se traduit par « heureux ». Même si Jésus a sans doute employé le mot proche de l’hébreu (donc « en marche »), quand les évangélistes ont mis le texte par écrit en grec, ils ont tout de suite le mot « heureux » comme dans la Bible grecque, car c’est comme cela qu’on le traduisait à l’époque.

C’est vrai que « en marche » a une connotation très dynamique et active (un certain président de la république l’a bien compris…) qui traduit la démarche pour être heureux, alors que « Heureux » ou « Bienheureux » semble davantage décrire un état de fait déjà obtenu. On peut trouver quand même un point commun entre ces deux expressions en les considérant avant tout comme des bénédictions, des encouragements (c’est comme ça que les bibles anglaises disent : « Blessed » « bénis »).

Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira ; qu’est-ce que cette vérité et où est-elle ? [Daniel]

Le mot de vérité (ἀλήθεια « alèthéia » en grec) est très présent dans tout l’évangile selon saint Jean. J’ai -rapidement- compté 24 occurrences de ce mot, dans cette forme là. En voici deux autres en plus de Jean 8, 32 que vous citez:

« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père. » (Jean 1, 14)

« Pilate dit [à Jésus] alors : « Tu es donc roi ? » Jésus lui répondit : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. » Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? » » (Jean 18, 37-38)

Je remarque, en lisant Jean 1, 14, que la vérité est partie intégrante du Fils: il s’agit d’un attribut qu’il reçoit de Dieu le père. En lisant Jean 8, 32, je découvre que l’effet produit par cet attribut sur ma vie: me rendre libre. Enfin, en lisant Jean 18, 37, je reçois l’appartenance à la vérité comme une cause et/ou conséquence de mon attention à la Voix de Jésus (Fils et Verbe de Dieu).

Je ne pourrai aller plus loin dans l’explication sur ce qu’est la vérité, par contre je peux dire qu’elle est bien définie (il y a « la » vérité ») et liée à ma relation à Jésus … qui veut, chaque jour, me révéler la face de notre commun père !

Si Jésus n’était pas mort crucifié, mais simplement d’un infarctus, le message biblique perdrait-il son sens ? [Jean-François]

Avec des « si »… Si les humains n’étaient pas depuis toujours, collectivement et individuellement, tous, séparés de Dieu, y aurait-il eu besoin que nous soyons rachetés de ça (c’est-à-dire du péché, qui nous tire tous toujours vers le bas) et restaurés dans la communion avec Dieu (ce dont nous sommes incapables par nous-mêmes) ? Or c’est la mort de Jésus, rejeté par la Loi juive et ses thuriféraires, crucifié par les païens, c’est elle qui nous permet d’être ainsi justifiés et sauvés. Le Nouveau Testament nous dit qu’ « il fallait » que Jésus meure ainsi. Ce n’est pas croire au destin, mais reconnaître que, si ça ne s’était pas passé, nous serions toujours dans nos fautes, coupés de Dieu et de la vraie vie, sans espérance.

Évidemment, ça n’a rien à voir avec un infarctus, un accident de la route ou une mort de vieillesse ! Ça n’a même rien à voir avec les tortures et les exécutions qui se passent tous les jours dans le monde. C’est une vie donnée une fois pour toutes, pour moi, et qui fait pont entre Dieu et moi pour toujours. Aucune autre mort que celle de Jésus sur une croix ce jour-là ne réalise une telle chose. Je ne le comprends pas, mais je sais que je suis au bénéfice de ce « sacrifice » que je n’ai pas accompli !