Un rassemblement chrétien devient un foyer de contamination au Coronavirus ; pourquoi Dieu permet-il cela ? [Jack]

Voici la première chose qui me vient à l’esprit, alors que je lis cette question : Dieu n’a jamais dit que l’Eglise et ses membres seraient épargnés par les malheurs qui sévissent dans le monde. Jésus lui-même ne l’a pas été. (Matthieu 27,40). Il a dit à ses disciples qu’il en serait de même pour eux (Jean 15,20, Jean 16,33). Ainsi, depuis plus de 2000 ans, les croyants subissent des persécutions à cause de leur foi. De la même manière, puisqu’ils vivent dans le monde, où sévissent toutes sortes de malheurs et de maladies, depuis que le péché y est entré, ils n’en sont pas exemptés.  Vous pouvez lire, à ce sujet, Romains 8,18-25, dont je cite ici quelques versets :

« Nous le savons en effet, la création tout entière gémit et souffre jusqu’à ce jour dans les douleurs de l’enfantement. Elle n’est pas la seule : nous aussi, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement dans l’attente de notre adoption et de la rédemption de notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. »

Les chrétiens sont des humains, dans un monde pécheur, voilà pour le « pourquoi ? ». Réfléchissons maintenant au « pour quoi ? » et tâchons de laisser Dieu conduire son Eglise. Confions-lui ce moment difficile, afin d’en faire un temps de retour à Dieu, de témoignage et d’espérance. Ainsi, nous pourrons montrer au monde avec lequel nous souffrons, qu’il y a un salut  en le Christ, Jésus.

Jean 14,1 « Que votre cœur ne se trouble point. Croyez en Dieu et croyez en moi » dit Jésus.

Comment lors d’une prédication amener à une sincère remise en question- sans toutefois donner un sentiment de jugement et de « mauvaise culpabilité » ? [Ilotiana]

Martin Luther et la théologie luthérienne après lui ont mis en avant un principe très simple à suivre lorsque nous prêchons. Ce principe nous invite à articuler ce qui dans l’Ecriture relève de la loi : les règles de vie et ce qui relève de l’Evangile :  la Bonne Nouvelle du salut en Christ.
Ainsi, nous devons dire la loi afin de permettre aux auditeurs de comprendre qu’ils sont pécheurs et qu’ils ont besoin de Christ pour changer. Nous devons aussi dire l’Evangile et annoncer que le pardon est donné en Christ, qui, aujourd’hui encore nous relève et nous transforme.

En revanche, nous ne devons pas nous contenter de prêcher la loi, ce sans quoi nous risquerions de laisser entendre aux optimistes que nous pouvons nous sauver nous-mêmes en suivant des règles et aux pessimistes qu’ils sont coupés de Dieu à jamais. De la même manière nous ne devons pas prêcher l’Evangile sans la Loi. En effet, cela  laisserait entendre que nous ne sommes pas pécheurs et que nous n’avons pas besoin du Sauveur et de la transformation qu’il apporte.

« Nous tous aussi, nous étions de leur nombre [les fils de la rébellion], et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres. Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés. » (Éphésiens 2.3-5)

Peut on donner la Sainte cène aux petits enfants de l’école du dimanche ? [Francky]

Dans l’union d’Eglises où je suis pasteur, les enfants peuvent être accueillis au repas du Seigneur. D’autres Eglises préfèrent attendre pour cela que les enfants aient terminé leur parcours de formation chrétienne et « confirment » le baptême qu’ils ont reçu, ou le demandent s’ils n’ont pas été baptisés tout petits. Donc, il y a diversité de pratiques !

Je crois, Francky, que la communion au corps et au sang du Christ n’est pas réservée à ceux et celles qui ont déjà tout compris (et d’ailleurs quel adulte pourrait se vanter d’avoir sondé la profondeur de l’amour de Dieu ?). Au contraire, le partage du pain et de la coupe est un moyen par lequel le Seigneur nous atteste qu’il a donné sa vie pour nous, nous rendant ainsi frères et soeurs, unis les uns aux autres dans son amour. Il ne faut pas sous-estimer la valeur pédagogique de la Cène ! Les paroles que Jésus a prononcées lors de son dernier repas sont toujours rappelées pour cela. Dans le rituel du repas de la Pâque juive, les enfants posent des questions à leurs parents pour en comprendre le sens.

Si un enfant a entendu parler de Jésus-Christ (à l’école du dimanche, comme vous l’écrivez, ou bien dans sa famille), est suffisamment âgé pour comprendre qu’il a donné sa vie pour lui, et le reçoit avec confiance comme son Seigneur, qui serions-nous pour lui interdire l’accès à la Cène ? Sa démarche n’est pas moins authentique que certaines « premières communions » d’ados en fin de catéchisme, qui sont parfois hélas leur « dernière communion ».

J’aurais juste une suggestion : que nos services de communion soient plus joyeux, tout en restant recueillis… Que l’invitation à venir y participer soit faite dans un langage compréhensible par les enfants, pour qu’ils prennent conscience de son sens et la vivent joyeusement !

Comment expliquer la sainte trinité ? [Grâce]

C’est très difficile d’expliquer un mystère, Grâce ! Je vais m’appuyer sur une analogie qu’a proposé Augustin, un grand théologien chrétien du 4eme/5eme siècle. Considérons le soleil : on ne peut pas le regard en face sinon on devient aveugle. Mais ce que l’on peut en savoir tient aux rayons qu’il envoie et qui arrivent sur terre. Pourtant on ne peut pas dire que le soleil soit seulement ses rayons. C’est aussi une boule de feu qui les émet. Et pourtant, sans les rayons du soleil, pas de soleil. Le soleil, c’est le Père, les rayons, le Fils. Mais même si je ferme les yeux, je peux sentir le soleil à sa chaleur, qui est transmise par ses rayons. Pourtant cette chaleur n’est pas identique aux rayons ni au soleil lui-même. Cette chaleur, c’est l’Esprit. Je ne sais pas si je vous ai bien expliqué, mais pour ma part j’ai beaucoup aimé cette présentation que je cite de mémoire.

J’ai eu un enfant avec une femme- nous sommes toujours ensemble mais pas marié- que devons nous faire désormais jusqu’au mariage ? [Pat]

Si je comprends bien ce que vous écrivez, Pat, vous avez donc prévu de vous mariez avec la mère de votre enfant. Je ne sais pas exactement sur quoi porte votre question, mais il me semble que si vous avez ce projet de mariage et que vous le préparez avec l’accompagnement d’un pasteur (par exemple) vous faites l’essentiel. La sexualité est un des fondements de la vie de couple, une des ces choses (pas la seule) par lesquelles Dieu dit que l’homme et la femme ne feront plus qu’une seule chair. Que votre préparation au mariage soit pour vous l’occasion d’approfondir toutes les réalités que ce « une seule chair » signifie pour vous et votre future femme : le respect, la fidélité, l’écoute, le dialogue, etc.

Pourquoi on nous dit dans la Bible que « votre corps est le temple du saint Esprit » ? [Blandine]

Le temple, dans l’histoire d’Israël, est le lieu de rencontre avec Dieu (2 Chroniques 7, 12-16), là où il se rend présent de manière particulière. Jésus étant le nouveau temple (Jean 2, 18-22), l’assemblée des croyants, l’Eglise, corps du Christ (Ephésiens 1, 22-23), est donc le temple de Dieu (Ephésiens 2, 21), le temple du Saint-Esprit (1Corinthiens 3, 16). L’ensemble est appelé à vivre dans l’unité (1Corinthiens 3, 5-18), et chaque membre à mener une vie sainte. Par extension, tout membre de l’Eglise est une partie du temple de Dieu (1Corinthiens 6, 19). Dans cette dernière référence, Paul veut sans doute souligner, dans un contexte culturel qui a tendance à dévaluer le corps (donc relativiser l’usage qui en est fait), que Dieu est présent dans notre corps, qu’il y réside (Jean 14,23), que le corps n’est pas une enveloppe méprisable mais qu’il s’y trouve notre être même, là où se vit la communion avec Dieu. Il est donc important de le respecter et de le préserver du mal.

Luc 22-23-33. Comment les tribus d’Israël seront-elles accueillies dans le Royaume ? [Frédérique]

Dans le passage que vous évoquez, Jésus dit que grâce à leur persévérance avec lui dans les épreuves, les disciples dirigeront (c’est ainsi qu’il faut entendre « juger » ici) les douze tribus d’Israël à ses côtés. Jésus veut souligner le retournement qui attend les apôtres : méprisés, persécutés dans la terre d’Israël où ils annoncent le royaume de Dieu, ils seront un jour les leaders des Israélites qui auront suivi le Christ (voir Actes 2, 42-47 ; 4, 32-5, 16).

Pour ce qui est du jugement d’Israël au moment de la fin de l’histoire, au retour du Christ, le projet final de Dieu est que tout Israël soit sauvé (Romains 11, 26), mais chaque Israélites sera soumis à un jugement personnel, sans différence avec un goy (Romains 2, 1-11).

La pratique de la « pleine conscience » (mindfulness)- dérivée de la méditation- est-elle compatible avec le christianisme ? [Louis]

Comme vous le soulignez, Louis, la pratique de la pleine conscience est dérivée de la méditation. C’est même un terme que l’on retrouve dans le bouddhisme, « l’attention juste » (samyak-smriti en sanskrit) étant considérée comme une des étapes nécessaires vers la libération, ou éveil, pour les bouddhistes. Il me semble donc évident que du point de vue chrétien, une pratique de ce type, avec ce but, ne saurait être à encourager. Le message chrétien est ici aussi radical que peut-être, désagréable à entendre : il n’y a pas de chemin qui mène vers l’éveil, le bonheur, la justice, ou encore même Dieu qui soit autre que Jésus-Christ, c’est-à-dire Dieu lui-même ! Par nos propres forces, notre méditation, nos pratiques religieuses ou morales, nous ne pouvons pas plaire à Dieu. C’est par l’ouverture de notre foi à son amour que nous laissons Dieu entrer au plus profond de nous-mêmes et nous sauver en Jésus-Christ.

Maintenant, l’occident se faisant une spécialité de mal comprendre ce que disent les sagesses orientales, la pratique de la méditation en pleine conscience est aujourd’hui souvent vue comme un moyen de faire « baisser son stress » en se recentrant sur un objet particulier. Si c’est pour s’aider à entrer en prière, en se concentrant sur une Bible ouverte à la page d’un passage que l’on aime, cela ne me paraît pas plus méchant que ça.

Que signifie « porter sa croix » ? Jésus Christ utilise à de multiples reprises cette expression- avant même d’avoir été crucifié. [Alexis]

La croix était le moyen de supplice utilisé par les Romains, pour la mort la plus infamante.  Elle était réservée aux rebelles politiques, aux criminels, aux voleurs, aux esclaves. A cause de son caractère indigne, les citoyens romains ne pouvaient pas subir ce châtiment. Pour les juifs, celui qui était pendu au bois était considéré comme maudit, porteur d’une malédiction (Deutéronome 21, 23). C’est pourquoi la croix était un symbole de honte, d’humiliation, de marginalisation, de condamnation, de souffrance et de mort. Porter sa croix, comme Jésus l’a fait littéralement, faisait partie du processus d’humiliation pré-crucifixion.

Vous faites sans doute référence à ces passages « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi » (Matthieu 10,38) et «Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il porte sa croix et qu’il me suive »  (Matthieu 16,24) pour ce qui est de la version de Matthieu.

Dans le premier épisode, Jésus préviens que le fait le suivre, de l’aimer plus que tout, conduit fatalement à se faire des ennemis, notamment au sein de sa famille… prendre sa croix, c’est sans doute ici avant tout accepter de subir l’humiliation, les conflits, le rejet, et la souffrance liée à cela.

La deuxième référence est en lien avec l’annonce par Jésus de sa propre mort. De même que Jésus a été crucifié, renonçant à sa vie, porter sa croix c’est « mourir à soi-même », ses sécurités, son confort, ses privilèges, pour accepter les difficultés qui se présentent sur le chemin de la foi.

Mais dans un contexte où cette notion était très importante, c’était à la honte (Hébreux 12, 2) que l’expression « porter sa croix »renvoyait avant tout. Cela signifie que suivre Jésus conduisait à renoncer à ce que la société dominée culturellement par l’Empire romain considérait comme le plus important : l’honneur. Ainsi, pour actualiser un peu encore cette idée de « porter sa croix », on pourrait dire que c’est accepter de sacrifier (et d’en assumer les conséquences), pour le service de Dieu, ce que notre société valorise le plus. La richesse ? Son image? La « bien-pensance » ? Le pouvoir ? Le bien-être ? La beauté ?

Pourquoi dit-on que Jésus a porté nos péchés pour nous sauver ? Le Christ étant parfait- qu’est-ce que cela signifie? Et pourquoi les hommes continuent-ils donc de pécher ? [Alexis]

Depuis le péché d’Adam (Genèse 3), l’humanité est sous la colère du Dieu juste (Romains 1, 18-32), privant l’humain de la vie éternelle et la création de sa perfection originelle. Mais Dieu n’a jamais renoncé à bénir l’humanité. Il a fait la promesse à Abraham de bénir toutes les familles de la terre par sa descendance (Genèse 12,3). Dieu a donc utilisé la descendance d’Abraham, le peuple d’Israël, pour bénir l’humanité. Pour cela il va faire à ce peuple un certain nombre de révélations, notamment sur ce qui est juste (Deutéronome 4,7), le bien et le mal (Deutéronome 30, 15-16). En cas d’obéissance aux commandements de Dieu, Israël serait libre et heureux sur sa terre, en cas de désobéissance, de péchés, il serait maudit, exilé et sous la domination de nations étrangères (Deutéronome 28). La souffrance et la mort du Christ sur une croix, symbole de la domination étrangère sur la terre d’Israël, pourraient être perçues comme signe de l’échec de Jésus (Deutéronome 21,23) et du fait qu’Israël est encore sous la malédiction liée à la désobéissance à la loi de Moise. En réalité, comme l’a prophétisé Esaïe, Jésus a pris sur lui le châtiment d’Israël lié à ses péchés, avec cette promesse : celui qui fait de sa vie un sacrifice de réparation sera béni (Esaïe 53, 3-12). En effet, pour les chrétiens, Christ a pris sur les lui les malédictions de Dieu envers Israël, et offert la réconciliation par son sacrifice (les sacrifices que Dieu avait prescrit à Israël pour demeurer en communion avec Lui en étant des préfigurations, Hébreux 9). Mais le projet de Dieu avec Israël étant d’en faire la source de bénédiction pour toutes les nations, la mort du Christ a une portée plus large : elle révèle l’échec d’Israël à obéir à la Loi divine, et donc le profond péché de l’humanité, son besoin de repentance et de nouvelle naissance pour être réconcilié avec Dieu, et son besoin de l’Esprit Saint pour faire Sa volonté (Ézéchiel 36,26-27). La nouvelle naissance offerte aux juifs est également offerte aux autres nations selon la promesse faite à Abraham lors du sacrifice d’Isaac, préfiguration de celui du Christ (Genèse 22, 16-18). En effet, le salaire du péché étant la mort (Romains 6, 23), Jésus a aussi, par sa mort, porté la malédiction de toute l’humanité pour nous délivrer de notre vieille nature (Romains 7, 24-25), lui l’Homme parfait (Hébreux 7, 26). Ainsi, de même que tous sont maudits en Adam, tous sont sauvés de la colère de Dieu en Christ par la foi (Romains 5). Comme le sang de l’agneau a protégé les Israélites de la colère de Dieu sur l’Egypte (Exode 12, 21-27), comme un bouc éloignait le péché du peuple tandis que l’autre réconciliait avec Dieu (Lévitique 16), Jésus est venu pardonner et délivrer l’humanité du péché et ses conséquences pour la réconcilier avec Dieu.

Pour résumer, Christ a porté les conséquences des péchés d’Israël et de toute l’humanité en mourant sur une croix, pour nous offrir une nouvelle nature, réconciliée avec Dieu (Colossiens 1, 15-22).

Les Hommes continuent de pécher parce qu’ils ne sont pas nés de nouveau, ou bien, pour les chrétiens, parce que leur libération de la puissance du péché n’est pas encore totale dans notre condition actuelle. Mais rien ne pourra séparer les croyants de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ (Romains 8, 39).