Nous sommes appelés par Christ à pardonner sans mesure grâce à l’Esprit Saint qui nous en rend capable. Mais devons-nous pardonner même à celui qui ne nous demande pas pardon ? [Léa]

Bonjour Léa, et merci pour votre question.

Difficile question ! Le pardon est sans doute un des événements de la vie qui est tout à la fois un marqueur de l’existence chrétienne et une des choses les plus difficiles à expérimenter… Un peu comme l’amour des ennemis !

Comme vous le dites vous-même, c’est l’Esprit Saint qui nous rend capable de pardonner. C’est pourquoi je crois que le pardon est d’abord un don… un don de Dieu. Autrement dit, c’est quelque chose de très difficile à décréter, même si c’est un objectif à atteindre. Encore faut-il s’entendre sur les raisons de l’atteindre. Je ne crois vraiment pas que ce soit parce que « c’est bien » de pardonner… Nous ne sommes pas dans le domaine de la morale, mais dans celui de la relation vivante entre personnes.

Quand je parviens, avec l’aide de Dieu, à pardonner à quelqu’un qui m’a fait du mal, cela fait du bien à ma relation avec cette personne qui m’a blessée. Quelque chose de nouveau est possible. Il n’est pas question d’oublier, de faire comme si rien ne s’était passé, mais de trouver un nouveau chemin… C’est une histoire de mort et de résurrection, et c’est pour cela que ce n’est possible qu’avec l’aide du Dieu qui s’est révélé en Jésus-Christ.

Mais quand je pardonne, ça me fait du bien à moi aussi. Car je suis libéré de la rancœur, de la haine, de la « moulinette » qui peut tourner à plein régime dans mon âme et qui me fait ressasser les torts que j’ai subis.

Enfin, le pardon fait du bien à la relation que j’ai avec Dieu. Car quand je pardonne, je fais ce que Dieu me demande, je lui obéis, je l’écoute. Et puisque pour pardonner j’ai besoin de lui, si je parviens à le faire, c’est que je lui ai laissé de la place en moi pour agir, là où moi je ne pouvais rien faire… Le pardon que j’accorde est donc le signe qu’entre Dieu et moi, la relation est fluide !

Alors bien sûr, quand l’autre ne demande pas le pardon, ne reconnaît pas le tort qu’il a pu me faire… Le choses se compliquent encore ! Je crois qu’au moins ça vaut la peine d’essayer de parler avec la personne, ne serait-ce que pour lui dire ce que je ressens. Ce que je ressens, pas combien cette personne est méchante ! C’est depuis ce que j’éprouve que je peux lui faire entendre que je souffre et que j’ai besoin de la réconciliation… Et peut-être entendre à mon tour que je l’ai fait souffrir aussi et que c’est pour cela que ça s’est mal passé… Le pardon passe parfois par la repentance des peux personnes impliquées dans le conflit. On voit bien que c’est déjà là que Dieu peut agir. Mais si cela n’est pas possible, si la personne est fermée, alors au moins je peux demander à Dieu le don du pardon pour me soulager de cette rancœur que je peux éprouver, et pour demeurer dans une relation vivante avec mon Père céleste.