Le « Jesus Seminar » est-il digne de confiance ? Certains théologiens nient que Jésus a été ressuscité corporellement/physiquement. La résurrection n’est-elle qu’un mythe ? [Sophie123)

Le « Jesus Seminar » est un groupe d’historiens anglo saxons cherchant à établir l’historicité de la vie de Jésus. En tant que démarche scientifique, ce travail ne me paraît ni plus ni moins digne de confiance que n’importe quel autre. Mais comme souvent en ce qui concerne les sciences, il s’agit de ne pas considérer que les résultats auxquels ces chercheurs sont parvenus soient la vérité ; au prétexte qu’ils utiliseraient des méthodes « objectives » de recherches. Les méthodes utilisées en histoire sont toujours critiquables et permettent souvent à leurs utilisateurs de dire ce qu’ils ont envie de dire, tout en prétendant ne faire qu’observer leurs sources de façon neutre. Ainsi, nier la résurrection corporelle de Jésus est une opinion historique, procédant d’une interprétation particulière des sources, les évangiles. Que des personnes affirment que Jésus n’est pas ressuscité des morts est leur droit le plus absolu, qu’elles prétendent le faire en s’appuyant sur une démarche scientifique également. Il faut simplement qu’elles acceptent alors qu’elles ne sont pas ou plus chrétiennes, car la résurrection physique de Jésus est un élément central de la foi chrétienne (relire I Corinthiens 15). Délimiter l’espace de sa foi à ce qui est seulement démontrable ou même concevable est en fait une façon de n’avoir confiance qu’en sa raison… Ce qui est une des formes de l’idolâtrie.

Est-ce dans l’esprit biblique et de l’enseignement du Christ que de dénoncer régulièrement- au détour d’une prédication- les impôts (« racket légal »)- la sécu (« produit l’assistanat »)- l’Etat….? [Pep’s]

Je suppose que votre question évoque des prédications que vous avez entendues. Je ne prétends pas juger le prédicateur qui a tenu les propos que vous rapportez ici, mais il me semble en effet problématique d’exprimer des convictions socio-politiques, surtout de façon régulière, dans une prédication. Ceci dit, entendons nous bien : la prédication, en tant qu’annonce du royaume de Dieu et appel à la repentance et à la conversion, ne peut pas ne pas avoir de répercussions sociales, voire politiques, sur les fidèles. Mais c’est à chacun de mesurer, à l’aune de ce qu’il lit dans la Bible et de la cohérence avec le message qu’il a reçu, ce qu’il convient de faire dans sa vie pour rendre témoignage à la Seigneurie du Christ.

Pourquoi la consommation de pornographie est-elle considérée comme un péché ? Est-ce que le porno est une forme de prostitution (puisque les femmes sont payées pour poser nue/faire des actes sexuels) ? [Terry]

La Bible ne parle pas de la pornographie. Elle dit  que la sexualité se vit correctement dans le cadre d’un engagement, le mariage. En dehors de ce cadre, la sexualité est un adultère si on est déjà marié ou de l’inconduite sexuelle si on ne l’est pas encore. Inconduite et adultère viennent briser l’unité que Dieu veut pour l’homme et la femme mariés (1 Corinthiens 6 et 7, Marc 10,1-12).

Regarder de la pornographie n’est pas accomplir un acte sexuel avec quelqu’un, certes. Cependant, Jésus considère que l’adultère débute dans le regard (Matthieu 5,28). Il n’est pas besoin non plus de grande dissertation pour expliquer que le visionnage de tels films ne favorise ni la formation ni la continuité de couples stables.

Le second aspect de se problème de situe au niveau de notre responsabilité par rapport aux personnes qui tournent de tels films. Jésus nous demande d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Si nous pensons ne pas devoir livrer notre corps pour de l’argent, parce que là n’est pas la bonne volonté de Dieu pour l’humain, nous ne pouvons pas favoriser cette pratique.

Dieu nous a créés à son image. J’ai la bête et l’agneau en moi (parfois je ne choisis pas la vie). Est-ce que Dieu aussi ? [Ano]

Dieu a créé l’humain a son image (Genèse 1/26), pour vivre en harmonie dans la relation à lui et au monde. L’histoire se poursuit et l’homme, deux chapitre suivant commet le premier péché. A partir de ce moment, l’image de Dieu en lui sera gâtée à jamais. L’humain tâchera de se croire Dieu à la place de Dieu. Il sera alors pécheur avant d’être mort (Genèse 3, Romains 5/12).

Sans Christ, il n’y a donc rien de bon en nous. Nous sommes seulement et uniquement pécheurs (Romains 7/14-20). Ainsi, lorsque nous pensons penser comme un agneau, nous le faisons souvent pour de mauvaises raisons. Parfois aussi, nous pensons qu’une chose est bonne alors qu’elle ne l’est pas vraiment. D’autres fois encore, nous voudrions faire le bien, mais nous faisons le mal.

Notre seule chance d’être libérés du péché qui conduit à la mort n’est donc pas ce que nous identifions comme nos bonnes pensées, mais Christ, le vrai agneau qui est venu ôter le péché du monde. (Romains 5/18, Jean 1/29). En lui, nous avons le pardon de nos péchés, la restauration de notre relation à Dieu et aux autres,  l’Esprit-Saint qui seul, peut nous conduire à des actes justes (Romains 8/13-15).

Choisir la vie,  ce n’est donc pas choisir de suivre ce que nous identifions comme nos « bons penchants » mais choisir Christ, dans la confiance et dans l’obéissance, jour après jour !

Est-il vrai qu’une fois qu’une personne est sauvée, elle est sauvée pour toujours ? [Laurent]

Si nous sommes sérieux avec le fait que le salut est opéré par Dieu via Christ et par pure grâce, par le moyen de la foi, comme le dit Paul notamment en Ephésiens 2,8, alors je ne vois pas comment qui que ce soit pourrait détruire un salut acquis par celui dont le nom est au-dessus de tous les autres noms (Philippiens 2,9-10), c’est-à-dire qui est l’autorité ultime.

Ce qui signifie que quelqu’un qui croit ne peut pas perdre le salut.
C’est clair et net.

Les deux réserves à cette idée sont :
– le cas de quelqu’un qui blasphémerait contre le Saint-Esprit (Luc 12,10),
– la personne franchement rétrograde qui finit par refuser explicitement le salut que Dieu lui avait donné (Hébreux 6,1-8).

« Cette parole est certaine : si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui ; si nous le renions, lui aussi nous reniera ; si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même. » (2Timothée 2,11-13)

Un enfant d’une dizaine d’années peut-il demander le baptême ? La liturgie du baptême réformé se base sur la foi des parents et non celle de l’enfant (même si l’enfant est conscient de sa démarche). [Mimi]

Il y a deux liturgies dans l’Eglise protestante unie de France, une pour le baptême de bébés et une pour le baptême d’adultes. Si l’on part du principe qu’un enfant de dix ans est conscient de sa démarche, cela fait de lui, du point de vue cognitif un adulte (conscience de soi), et donc nous sommes supposés utiliser la liturgie de baptême d’adulte.

[Chaque Eglise ayant ses règles, nous ne présentons ici que la règle de l’EPUdF puisque 1001questions est animé par des théologiens, pasteurs et non-pasteurs, qui sont membres de l’EPUdF. Pour d’autres dénominations, merci de vous renseigner directement auprès des bureaux nationaux de ces Eglises.]

Du fait de la dureté de la vie- est-ce qu’un chrétien peut pratiquer un art martial ou activité liée à l’auto-défense ? [Stefan]

La pratique d’un art martial ne rend pas la vie moins dure (sinon, il faudrait aller tous vivre en Chine ou au Japon, car vu les arts martiaux qu’ils pratique, la vie devrait y être très facile!) Si l’on se fait agresser, il ne me semble pas contraire à l’Évangile de tenter de se défendre, que l’on fasse des arts martiaux ou pas. La non-violence évangélique ne signifie pas que le chrétien soit une limace. Mais il faut toujours chercher à régler ses problèmes avant tout par des moyens n’impliquant pas la mise en cause de l’intégrité physique des personnes, ne serait-ce que parce qu’en agissant ainsi, nous donnerons déjà un témoignage de l’espérance qui nous habite en tant que chrétien.

Peut-on prendre la Sainte-Cène chez soi (seul ou en famille) si l’on considère que le pasteur n’a pas d’autorité particulière pour la donner- et que l’on ne reconnaît pas la transsubstantiation ? [Julien]

La Cène n’est pas un simple repas commémoratif (comme le rallumage de la flamme au pied du tombeau du soldat inconnu). C’est aussi un acte par lequel, en communauté, nous accueillons la réalité vivante du Christ dans l’assemblée réunie et ouverte à sa présence par l’action du Saint-Esprit. C’est donc un acte communautaire vital pour l’Église. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas nécessaire qu’une personne particulière préside ce moment qu’on peut le vivre tout seul ! Par contre, célébrer une Sainte Cène chez soi, avec sa famille ou ses proches, ou encore aller la partager avec des malades qui ne peuvent pas se rendre au culte me semble être bien sûr un acte communautaire tout à fait possible et même utile dans bien des circonstances.

Pourquoi nos prières ne sont parfois pas accomplies- même lorsque nous demandons de bonnes choses au nom de Jésus ? [Elodie]

« Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils » lit-on en Jean 14/13 comme en de multiples autres endroits de nos Bible. Souvent nous avons l’impression de demander de belles choses à Dieu. Nous pensons que s’il faisait ce que nous lui demandions, sa gloire serait manifeste et les hommes heureux.  Pourquoi-donc ces choses ne s’accomplissent-elles pas ?

Peut-être simplement parce que ce que nous pensons être une bonne chose ne l’est pas vraiment. En effet, nous sommes parfaitement incapables de mesurer les conséquences, le sens, la portée de ce qui arrive ou n’arrive pas. Ainsi, je peux penser qu’il n’est pas bon que je perde mon travail. Peut-être vais-je me rendre compte, quelques années après une période de chômage, que celle-ci m’a permise de m’épanouir dans le service de Dieu ? La mort nous semble être quelque chose de mauvais et nous prions souvent ardemment pour qu’elle n’advienne pas. La mort, en Christ, est pourtant un gain (Philippiens 1/21-22). Nous prions parfois pour que nos proches se convertissent à Christ et cela ne semble pas fonctionner : nous ignorons que Dieu travaille les cœurs en son temps et qu’il faut que certains passent pas des moments difficiles pour en venir à croire.

Prier, c’est remettre nos problèmes entre les mains de Dieu, dans le reconnaissance que nous ne sommes pas des dieux capables de savoir ce qui est bon ou mauvais. C’est alors que Dieu répond, selon sa volonté, qui n’est pas la nôtre.

1Jean 5/15 « L’assurance que nous avons auprès de lui, c’est que, si nous demandons quoi que ce soit selon sa volonté, il nous entend. Et si nous savons qu’il nous entend, quoi que ce soit que nous lui demandions, nous savons que nous avons ce que nous lui avons demandé »

Si Dieu a tout créé, pourquoi a-t-il créé des choses dangereuses comme des animaux dangereux, des maladies et des virus ? [Elodie]

Le livre de la Genèse nous parle de la création du monde par Dieu, mais pas dans une perspective scientifique comme la nôtre aujourd’hui, plutôt dans la préoccupation du « sens de la vie ». Dieu crée les choses du monde. L’écosystème terrestre inclue la vie et la mort, même pour l’humain après le chapitre 3. Le lion mange la gazelle, la gazelle mange les feuillages. La prédation fait partie du processus de la vie et de la mort. Les bactéries et autres virus permettent la régulation de certaines destructions, la limitation d’une croissance exponentielle de certaines espèces… Cet équilibre est quand même assez merveilleux, bien qu’il inclue la violence, c’est vrai.

Maintenant, puisque la perspective de la Genèse est la question du sens, il est clair que le type de création dont nous parle le premier livre de la Bible est très particulier. Il s’agit de façonnage plus que de création. Le verbe BARA utilisé en hébreu et qui est traduit par créer est un verbe de l’artisanat. Au commencement il y a surtout le TOHU BOHU (la Terre était informe et vide). Le processus de création est plus de l’ordre la mise en ordre que de la baguette magique. Il y a de la matière qui « est-là », et Dieu met de l’ordre dans toute cette confusion, il sauve le monde de l’indifférenciation et du chaos, de l’indétermination et de la vacuité.

La théologie du rédacteur de la Genèse met donc en place ce qui sera la dynamique de toute l’Ecriture : Dieu veut nous sauver, nous extraire du désordre, nous retirer du magma, pour faire quelque chose de beau, de très beau. C’est pour cela que nous continuons la dynamique créationnelle de Dieu par rapport à ces chose qui « sont-là » et nous paraissent mauvaises.