On dit que le mot Seigneur ne fait pas totalement référence à Dieu mais plutôt à un roi ou empereur. Comment faire pour savoir si la Bible fait référence à un Dieu ou un roi lorsqu’il parle de Jésus ? [Teague]

La Bible fait référence à un roi et à un dieu lorsqu’elle parle de Jésus ! La plus belle illustration de cela me semble être l’exclamation de Thomas devant le ressuscité : « Mon seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20. 28). Mais la Bible va même plus loin ! Jésus est grand prêtre (Hébreu 4. 14), avocat (1. Jean 2.1), juge des vivants et des morts (Actes 10. 42), chef de l’Église (Éphésiens 1. 22), et j’en passe. D’une manière générale, je crois que l’on peut considérer que les auteurs de la Bible ont tous essayé de rendre compte à leur manière de cette nouvelle abasourdissante : Jésus-Christ était Dieu, et en même temps le Messie annoncé par le Premier Testament.

Je suis un pacifiste chrétien. Est-ce que ma position est biblique ? Je comprends que l’Église primitive était strictement pacifiste. [An]

Il me semble important de rester précis sur les termes que vous employez. Vous vous dites pacifiste, c’est-à-dire partisan de la paix. Si ce positionnement concerne les relations humaines ou la politique entre les États du monde, je crois que l’on peut difficilement contester qu’il soit biblique (Romains 12. 18, 14.19, Marc 9. 50…). Maintenant, la vie spirituelle du chrétien est une vie de combat, mais pas contre les êtres humains (Éphésiens 6.12). En tant que chrétiens, ce qui je crois nous caractérise, plus que le pacifisme, c’est la non-violence et la non-puissance. Les premiers chrétiens, comme vous le rappelez, refusaient le service militaire. Reste que la non-violence n’a rien à voir avec la lâcheté ou la passivité. En cas de risque de non assistance à personne en danger, par exemple, il me semble que si la violence est le seul recours, il faut être prêt à en faire usage, quitte à ensuite s’humilier devant le Seigneur.

Les derniers événements de l’actualité en France ont amener la Fédération Protestante de France à faire une déclaration. Je vous invite à la consulter, pour voir si vous vous sentez en accord avec : http://www.protestants.org/index.php?id=23&tx_ttnews[tt_news]=4320&tx_ttnews[year]=2018&tx_ttnews[month]=12&cHash=5c90555e92

Jusqu’où va l’autorité des parents quand on vit encore chez eux et qu’on a 25 ans. Une mère peut-elle refuser que l’on parte en vacances avec des amis afin de préserver la virginité de sa fille ? [Pauline]

Il me semble que votre question suppose une situation bien particulière. Les raisons qui font que vous habitez encore chez vos parents sont sans doute une part non négligeable du problème que vous rencontrez. Il est certain que votre mère n’est légalement plus en droit de vous interdire vos déplacements, attendu que vous êtes majeure aux yeux de la loi française. Mais le motif pour lequel elle vous interdit ce départ en vacances semble indiquer une relation qui n’est pas correctement positionnée entre vous et votre mère. Je me sens appelé à vous interpeller sur la place que vous laisser votre mère prendre dans votre vie.

Les protestants français trouvent-ils l’Halloween à l’américaine acceptable ou ont-ils des préoccupations à ce sujet ? [Hank]

Je pense que du point de vue biblique, Halloween n’est tout simplement pas acceptable. La mort est la dernier ennemi. Tout ce qui peut de façon même soit disant « légère » jouer avec l’imaginaire de la mort et des forces du mal ne peut pas être valider bibliquement. Ensuite, la dimension purement mercantile de l’importation de la fête d’Halloween dans notre pays n’aura échappé à personne. Mamon (divinisation de l’argent) doit être démasqué par les chrétiens autant qu’il est possible. Là encore en tant que chrétien, je pense qu’il nous faut toujours avoir du recul par rapport à des « fêtes » dont le moteur principal est le maintien de l’activité consumériste (Halloween, Saint-Valentin, etc.)

Est-ce qu’embrasser son fiancé sur la bouche avant le mariage est un péché ? [Esther]

Un péché, c’est se mettre en rupture avec la loi de Dieu.

La Bible n’est pas un code de lois uniquement. La preuve c’est que pendant longtemps, les 10 commandements ont suffit, en tout et pour tout. Il y a pas mal de textes qui disent les règles dans la Bible, puisqu’il s’y trouve 613 commandements, mais après ça c’est à nous de réfléchir. La Bible ne nous dit pas comment nous comporter avec les téléphones portables. Alors on réfléchit à ce qui est en jeu.
Dans l’histoire du baiser sur la bouche, la question c’est de savoir ce qui se passe dans ce geste. Si c’est un geste d’expression d’une belle émotion d’amour, c’est forcément bien ! Si c’est un type d’érotisation qui va vous mettre en danger car à un moment vous n’arriverez pas à stopper l’embrasement progressif de vos corps, c’est problématique.
En tout cas c’est un peu comme ça que je réfléchirais.

Mais la Bible n’a pas répondu à cette question.

Pourquoi Pierre n’a-t-il pas pardonné à Ananias et à Saphira (Actes 5 vs. Matt 18/22) ? [Thomas]

Le texte d’Actes 5 ne nous dit pas que Pierre a refusé de pardonner à Ananias et Saphira. Il nous montre plutôt la première étape de ce que nous devons faire lorsque notre frère ou notre soeur a péché : le lui dire (Matthieu 18/15-17). Suit à cela, Ananias et Saphira auraient pu demander pardon à Dieu et à l’Eglise ou refuser de demander pardon. Pierre aurait dû alors lui pardonner comme l’indique Matthieu 18/22 et laisser ainsi le jugement de son comportement à Dieu. Le processus s’est arrêté avant, puisque le couple est décédé. J’espère que Pierre leur a pardonné !

Nul ne peut voir Dieu et vivre, pourtant Marie a porté 9 mois durant Dieu en elle. Cela ne prouve-t-il pas sa supériorité et le fait qu’elle ait une place spéciale auprès de Dieu ? [Ludivine]

Reprenons point par point.
Marie n’a pas porté Dieu en elle. Elle a porté Jésus.
Après ça, sa supériorité n’est pas dû au fait qu’elle ait porté Jésus en elle. Voyez :
A l’interpellation d’une femme dans la foule, écoutons ce que Jésus a répondu : « Heureux le sein qui t’a porté! heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! Et Jésus répondit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Luc 11:27-28)
Donc pas de supériorité de Marie, puisque Jésus refuse que sa maternité soit un sujet de gloire. Mais plutôt une valorisation de la fidélité.

C’est à ce titre que Marie est quelqu’un d’exceptionnel : elle a CRU !
Désormais toutes les générations la diront bienheureuse ! (cf Luc 1:48)
La place spéciale de Marie est donc que, quand le jugement aura sonné, elle sera vraisemblablement la première ressuscitée, car la première à avoir CRU !
« Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Etendant la main sur ses disciples, Jésus dit : Voici ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma soeur, et ma mère. » (Matthieu 12:48-50).

Comment développer son parler en langues ? [Jimmy]

Pour vous répondre en restant à l’intérieur même d’une théologie charismatique : le parler en langues est un charisme (relire 1Corinthiens 12:30). Si c’est un charisme, c’est que c’est une grâce de l’Esprit, une disposition surnaturelle donnée ponctuellement par le Saint-Esprit de Dieu. Sinon ce serait un aptitude, un talent, voire une technique. Le grec CHARISMA vient du mot CHARIS qui veut dire la grâce. On ne négocie pas la grâce, on ne muscle pas sa capacité à recevoir la grâce. C’est binaire. On la reçoit ou on ne la reçoit pas.
Aussi, comme le parler en langues est reçu tout à nouveau à chaque fois par l’Esprit Saint, on ne peut pas développer son parler en langues.

Entre notre grand-mère Lucie et les dinosaures- qui le premier a commencé à croire en Dieu ? [Nathan]

La Bible nous dit que Dieu est visible  à travers sa création. Ainsi, Romains 1:20 « En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’oeil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. » Nous pouvons donc croire que les humains ont, de tous temps, pu croire en l’existence de Dieu, Lucy et dinosaures compris.

Malheureusement, cette connaissance est obscurcie par notre péché. L’humain, bien qu’il se doute de l’existence de Dieu, ne peut parvenir à le connaitre et à l’aime vraimemebt. Il se fourvoie dans des raisonnements qui ne lui permettent pas de connaître Dieu ou d’entrer en relation avec lui Romains 1/22. Dieu ne l’a pourtant pas abandonné. Il a appelé un peuple à le suivre, il lui a donné la loi, il lui a parlé pas les prophètes de l’Ancien Testament. Les personnes qui ont reçu ces choses sont les croyants (Hébreux 11). Aujourd’hui, il nous donne Jésus-Christ, qui nous dit qui est vraiment Dieu (Jean 1/18). Il nous donne son Esprit pour pouvoir mettre notre confiance en lui et le suivre (Romains 8/15). Tout cela s’est passé, probablement un peu après Lucy et ses gros amis…

La Bible légitime-t-elle la légitime défense ? [Nico]

« Celui qui veut sauver sa vie la perdra » (Marc 8,35)

« Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche » (Matthieu 5,39).

Ces textes pourraient suffire à bannir toute notion de « légitime défense »… Mais les choses sont sans doute plus compliquées. La Bible dit aussi que tout Homme est créé à l’image de Dieu, donc que la vie est sacrée, et d’aimer son prochain comme soi-même, ce qui implique, me semble-t-il, de se protéger soi-même, et de protéger son prochain (notamment sa famille).

Augustin, donc la tradition de l’Eglise, a résolu cette tension en distinguant les nécessités de la vie réelle et civile (où le mal doit être sanctionné et dont il faut se protéger), et l’attitude spirituelle de miséricorde.

Pour ce qui est des Ecritures elles-mêmes, il me semble qu’il est important de souligner ce que la théologie moderne oublie souvent : la continuité entre les deux testaments. Jésus n’a pas aboli la Loi de Moise (Matthieu 5,17-18) et, comme les juifs l’ont toujours fait, il l’éclaire, l’actualise, l’interprète en fonction des circonstances.

D’après la Loi de Dieu, révélée à Moise (avec les grands principes des 10 paroles, puis ses applications contextuelles), toute vie est sacrée (Ex20,13)… la propriété privée, qui permet la vie, doit être respectée (Exode 20, 15 ;17 ; voir une application en Exode 22,1). Jésus n’a jamais prétendu aller contre ces grands principes.

Qu’en est-il alors des textes qui invitent à relativiser sa propre vie ? Ils sont liés à la cause de l’Evangile… Ainsi un chrétien peut être conduit à accepter le martyr pour sa foi, mais « perdre sa vie » à cause du Christ, ce n’est pas perdre sa vie pour laisser dominer quelqu’un qui se comporte en ennemi de la justice et du Christ. D’ailleurs, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15,13).

Que dire du sermon sur la montagne, où on trouve la parole « Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre » (Matthieu 5,39) ? Jésus s’adresse ici à ses disciples devant une foule d’Israelites qui pleurent, à cause de longs siècles de désobéissance collective à Dieu, l’injustice et la misère qui sévissent dans le pays. Les velléités de révoltes sont nombreuses, et les réponses du pouvoir romain aux insurrections sont sanglantes. Les Israélites ont pourtant en tête les promesses de bonheur faites par Dieu avant leur entrée en Terre promise s’ils lui obéissent (Deutéronome 28,1). Or Jésus est le Messie qui vient restaurer et libérer Israël afin qu’il bénisse toutes les nations. Dans le cadre du renouvellement de l’alliance de Dieu avec son peuple (Matthieu 5, 3-11), Jésus invite probablement (5,41 renvoie assez clairement à une forme de persécution du pouvoir romain) à ne pas résister violemment au pouvoir. Si tel est le cas, cette position de Jésus de non-résistance à un pouvoir oppresseur se retrouve chez Paul en Romains 12,17-13,10, où Paul invite à ne pas résister à un pouvoir romain très menaçant, mais à compter sur l’intervention divine (voir Deutéronome 32, 35).

Ainsi, de manière générale, il me semble que la Bible légitime la « légitime défense », mais sa position est toute différente face à un pouvoir injuste.