Tous les chrétiens devraient-ils aller à l’église ? Pensez-vous qu’il est préférable que les personnes qui préfèrent la solitude lisent la Bible/prient seules (Mat 6.6) et dans la nature (Luc 5.16) ? [Raphaël]

Avant d’être un bâtiment ou une assemblée de croyants, l’Eglise est la réalité qui rassemble tous les chrétiens du monde entier, c’est Jésus-Christ qui l’a fondée par le Saint-Esprit (Voir le livre des Actes des apôtres). Chaque personne qui reconnaît Jésus-Christ comme Seigneur est donc membre de l’Eglise, il fait alors partie d’une immense famille de frères et de sœurs dans la foi !

Si je refuse de créer des liens avec mes frères et sœurs en Christ qui vivent près de chez moi, peut-on vraiment dire que je fais partie de cette famille ? Et donc que j’appartiens à Jésus-Christ ?

Jésus appelle ceux qui le suivent à aller vers les autres, à les aimer et à prendre part à la mission d’annonce de la Bonne Nouvelle au monde entier. Rejoindre une communauté de croyants permet de se soutenir entre frères et sœurs, de grandir dans la foi grâce à l’enseignement de la Parole de Dieu et de prendre part à la mission d’évangélisation et d’aide aux plus démunis.

Dans le passage que vous citez (Matthieu 6.6), Jésus souligne en effet l’importance de prier seul, en cœur à cœur avec Dieu. C’est un aspect très important de la vie chrétienne ! Jésus met pourtant l’Eglise au coeur de son enseignement sur la prière car deux versets plus loin, Jésus enseigne une prière entièrement à la deuxième personne du pluriel : le Notre-Père. Lorsqu’un chrétien prie, même seul dans sa chambre, il s’associe à ses frères et sœurs dans la foi.

Qu’est-ce que le Royaume de Dieu, un état spirituel ? L’Evangile ? L’Eglise ? Le paradis/vie après le mort ? [Agathe]

Votre question Agathe aborde un sujet très important. L’expression traduite dans le Nouveau Testament par « Royaume de Dieu » pourrait être également traduite par « Règne de Dieu ». Cette autre traduction possible de la même expression est moins abstraite que « Royaume ». Le règne de Dieu, c’est quand l’autorité de Dieu s’exerce sur notre vie, quand sa Parole nous guide et nous conduit à la place d’autres souverainetés mauvaises et destructrices. Le plus important dans un royaume ou un règne, c’est le roi. Les Evangiles que tu mentionnes nous montre par la vie de Jésus, quel genre de roi est Dieu. Ni un tyran, Ni un roi qui fait payer des impôts comme les rois humains, mais au contraire un roi qui libère qui donne et se donne. Le royaume de Dieu ou son règne, c’est le règne du pardon, de l’amour, de la justice et de la paix. Sur la croix, Jésus porte une couronne d’épines et l’écriteau annonce le motif de sa condamnation : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs ». En Hébreu le mot « roi » et le mot « berger » sont un seul et même mot. Le règne de Dieu, c’est chaque fois que nous nous laissons, comme des brebis, conduire, nourrir, défendre par notre berger. Je vous suggère de lire attentivement le Psaume 23 puis la parabole de Jean 10. Le Royaume de Dieu, pour reprendre Agathe vos expressions, est donc une réalité spirituelle et très concrète en même temps. L’église n’est pas le Royaume de Dieu, mais elle existe pour l’annoncer et en témoigner. C’est pendant notre vie sur terre que le règne de Dieu doit être recherché, car c’est sur cette terre que ce règne est contesté et caché par toutes sortes de mensonges et de convoitises qui veulent nous gouverner. Au delà de cette vie, ce Royaume sera incontesté. Je vous rappelle que Jésus nous a demandé de prier : « que ton règne vienne sur la terre comme au ciel »

Les prémonitions peuvent-elles venir de Satan? Une fois, j’ai eu une vision impromptue de quelque chose de terrible qui s’est réalisé plus tard. Cela ne semblait pas venir de Dieu. [Aurélie]

Le principe de la prophétie dans la Bible, c’est que Dieu alerte son peuple dans le but d’éviter un problème. C’est la différence avec ce que les Ecritures appellent la divination, qui est une sorte de prophétie, mais qui vient effectivement… de l’autre côté de la force. La divination enferme tandis que la prophétie libère.

Il faut donc utiliser aussi son intelligence, comme nous y invite l’apôtre Paul : « Ne méprisez pas les prophéties. Mais examinez toutes choses et retenez ce qui est bon ; abstenez-vous de toute espèce de mal. » (1 Thessaloniciens 5,20-22).

Faut-il être diplômée de théologie pour animer une étude biblique ? Apparemment- il y a beaucoup d’incohérences dans la Bible ? Jusqu’à quel point pouvons-nous compter sur le Saint-Esprit ? [Mima]

Votre triple question, Mima, revient finalement à la suivante : Le sens d’un texte biblique est-il toujours immédiatement accessible ?

La réponse est non. Tout d’abord, il doit nous être traduit dans notre langue (à moins que vous parliez et lisiez couramment l’hébreu ou le grec anciens). Puis replacé dans son contexte historique, littéraire, pour cerner l’intention de son auteur, et ce qu’il pouvait signifier pour ses premiers lecteurs. Les incohérences que vous avez relevées tiennent parfois à des situations différentes, des angles de vue divers et complémentaires sur un sujet donné… Enfin, il nous faut l’interpréter, c’est à dire accueillir ce que le texte veut me dire , dans ma situation particulière, bref quelle parole de Dieu il m’adresse aujourd’hui… ou nous adresse, devrais-je dire, car il est bon de la lire avec d’autres !

Pour toutes ces étapes : observer, puis comprendre, pour enfin, et c’est le but, mettre en pratique ce que nous dit la Bible, le Saint-Esprit nous est nécessaire d’un bout à l’autre. Mais le Saint-Esprit ne court-circuite pas ni ne remplace notre intelligence, nos connaissances, bien au contraire, il s’en sert et les éclaire. Avec ou sans diplôme, il est donc bon d’avoir un bagage théologique et quelques notions de méthode de lecture d’un texte avant d’aider les autres à explorer cet univers fantastique et parfois surprenant qu’est le monde de la Bible !

Lors du retour du Seigneur- la terre sera-t-elle régénérée ou bien complètement détruite- puis remplacée par la Jérusalem céleste ? [Joël]

Certains passages de l’Ecriture abordant la fin des temps décrivent une sorte de destruction totale, effectivement, comme dans la 2e lettre de Pierre, au chapitre 3, qui rappelle le précédent du déluge. Mais ce qui disparaîtra, est-il précisé au v.10, ce sont les éléments célestes (les astres etc), qui désignent, dans ce langage codé qu’est le style dit « apocalyptique », l’ordre actuel du monde. Les astres y figurent les puissances spirituelles qui prétendent le régenter à la place de Dieu (comparer Marc 13,24-25). La terre et ce qu’elle contient sera, pour sa part, jugée, toujours selon le même verset. Ce passage de l’épître se termine par le célèbre « nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera », au v.13. L’adjectif utilisé dans le texte grec original pour « nouveau » est kainos, ce qui est « renouvelé », et non neos, ce qui est neuf, au sens d’inédit. Autrement dit, ce n’est pas un autre monde que le Seigneur prépare par son règne à venir, c’est ce monde abîmé, blessé, en souffrance, marqué par le mal et la mort, mais qu’il vient totalement relever, purifier, transformer, délivrer… Le jugement du monde ancien est intervenu à Golgotha, à la mort de Jésus (ce que signifient les ténèbres qui ont régné à ce moment-là, voir Matthieu 27,45) et la nouvelle création a commencé le 3e jour après, au matin de sa Résurrection.

Votre question en tout cas est très pertinente, et sa réponse a des conséquences pratiques très importantes. Car si ce monde où nous vivons était déclaré irrémédiablement perdu, la tentation des croyants pourrait être grande de s’en désintéresser, de se désinvestir de la préparation du règne de Dieu dans tous les domaines : social, économique, politique, écologique, etc…. et de se replier dans une « bulle spirituelle », un peu comme Jonas, à l’abri de son arbuste, attendant la destruction de Ninive !

Je suis chrétien, mais ma foi est faible parce que je crains la mort. Je ressens également une anxiété accablante au sujet du mal et du péché dans ce monde et crains donc les gens. Que faire ? » [Anonyme]

Qui n’a pas peur de la mort ? Même le chrétien le plus convaincu peut des moments de faiblesse et de peur.

Jésus lui-même dans le jardin de Gethsémané a éprouvé des angoisses (Matthieu 26,37) et a dit à ses disciples : «  mon âme est triste jusqu’à la mort…. », puis à son père : «  Mon père s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi. »

Le chrétien qui confesse que Jésus-Christ est son Seigneur, sait que Jésus a vaincu la mort. Elle est encore là, elle est encore notre ennemi, mais nous savons que : « le dernier ennemi qui sera détruit » (1 Corinthiens 15, 26)

La Bible dit que «  le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. » Romains 6, 23

Le pardon vous est accordé si vous avez déposé vos péchés au pied de la croix, donc la mort a perdu son pouvoir sur vous (1 Corinthiens 15, 55 ).

La bible est remplie de paroles encourageantes nourrissent notre foi et nous aider à surmonter nos peurs et votre pasteur de prier avec vous afin que vous trouviez la paix du cœur.

Pourquoi Dieu ne parlerait-il que dans la Bible ? Il a bien parlé aux personnes de la Bible en direct ? Pourquoi aurait-il changé ? [Esteban]

Dieu a parlé à l’humanité depuis le commencement du monde. Et il continue à parler. Ce qui va créer une ligne de séparation à l’intérieur du monde chrétien, c’est ce qu’on appelle le cessationnisme. Vous reconnaîtrez le verbe cesser dans ce terme en -isme… Cela signifie donc que pour une partie des chrétiens, dès lors que le canon des Écritures sa été clos, c’est-à-dire dès que la liste des textes de la Bible a été fixée telle que nous la recevons aujourd’hui, Dieu a cesser de se manifester de façon surnaturelle, et notamment dans les paroles dites prophétiques, ou de sagesse, ou de connaissance, décrites dans le chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens.

Les cessationnistes pensent donc que le le Saint-Esprit se fait uniquement interprète des Écritures depuis que nous avons la Bible. Dieu nous parle, pour eux, à travers le textes biblique, que le Saint-Esprit transforme en une parole vivante pour venir témoigner des œuvres de Dieu jusque dans notre cœur.

Pour les autres, Christ étant le même hier, aujourd’hui, toujours (Hébreux 13,8), son Esprit peut tout à fait parler même hors des Écritures, afin que les croyants entendent la voix du Père céleste. Il est vrai que ces paroles ne doivent pas être contradictoires avec celles des Écritures, et que pour le monde protestant et évangélique en général, il n’y a aucun point de doctrine nouvelle qui puisse être ajouté à ce qui a déjà été mis en dépôt dans la Bible.

Comme le dit Bonhoeffer, les chrétiens ne devraient jamais rejoindre l’armée ni être impliqués dans des préparatifs de guerre. Comment les chrétiens peuvent-ils travailler activement pour la paix ? [Jean]

Jésus avait sur terre une attitude résolument non-violente et un enseignement très fort à ce sujet « Heureux les artisans de paix ! »
(Mt 5.9), « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Mt 5.44).

Mel Gibson a fait un film sur ce sujet (Tu ne tueras point, 2016), l’histoire d’un soldat chrétien qui a refusé de porter les armes au nom de sa foi. Dans le film, Desmond, le héros, qui doit se défendre d’avoir refusé de tuer dit à un moment : « Comment pourrais-je vivre avec moi-même si je ne reste pas fidèle à ce que je crois ? ». La question de fond est bien une question de fidélité : La fidélité envers Dieu et sa Parole prime sur l’obéissance aux autorités humaines.

Sur le travail pour la paix de la part des chrétiens, Bonhoeffer a une pensée très intéressante :

« La paix sur la terre n’est pas un problème, mais un commandement donné à la venue du Christ. Il y a deux façons de réagir à ce commandement de Dieu : l’obéissance inconditionnelle et aveugle de l’action, ou la question hypocrite du Serpent : « Dieu aurait-il vraiment dit ? » Cette question est l’ennemie mortelle de l’obéissance, et par conséquent de toute paix véritable. […] Celui qui remet en question le commandement de Dieu avant d’obéir, a déjà renié Dieu […] La paix signifie se donner soi-même entièrement à la loi de Dieu, ne pas vouloir la sécurité mais, dans la foi et l’obéissance, confier la destinée des nations au Dieu tout-puissant, ne pas chercher à la diriger pour ses propres desseins. Les combats sont gagnés non par les armes, mais avec Dieu. Ils sont gagnés même lorsque le chemin mène à la croix. » (Conférence de Fanø, août 1934)

La Bible semble dire que les fantômes pourraient être réels (1 Sam 28, Matt 14:26 et Luc 24:39). Jésus ne réprimande pas les disciples pour une croyance superstitieuse. Comment comprenons-nous cela ? [Lucie]

En réalité, le mot « fantôme » est un choix de certains traducteurs de Bible pour faciliter notre compréhension du texte. Le mot « fantôme » n’existe pas en tant que tel dans les textes originaux en grec et en hébreu.

Dans le Nouveau Testament, le terme original grec est le mot « esprit » (pneuma). Certaines éditions de la Bible choisissent de traduire ce mot tantôt par « fantôme », tantôt par « esprit » en fonction du contexte.

Lorsque la Bible parle des esprits, rien à voir avec l’idée qu’on se fait des fantômes aujourd’hui (des personnes décédées qui viennent hanter les vivants). Il ne s’agit pas d’une superstition pour autant. Dans le Nouveau Testament, Jésus et ses disciples sont régulièrement confrontés à des « esprits » qualifiés de « mauvais » ou « impurs ».

Jésus a autorité sur les esprits mauvais. Par la foi et par la prière nous pouvons user de son autorité pour chasser ces esprits qui asservissent les humains. (Voir par exemple Marc 9.14-29)

Pourquoi les protestants ne promeuvent-ils pas nos héros/martyrs, comme André Trocme, Marie Durand, Blanche Gamond en tant que catholiques vendent leurs saints ? Peur que cela détourne les gens de Dieu ? [Guillaume]

Les saints dans le Nouveau Testament sont tous ceux qui ont été mis à part pour Dieu, et non pas une sorte de Top 50 de la vie supposée parfaite. La sainteté est un objectif pour chacun.

Quand on promeut un humain (hors de Christ) comme modèle, on est toujours déçu d’apprendre que finalement c’était quelqu’un avec des défauts majeurs. Voyez les polémiques autour de Mère Térésa. Bref, l’humain ne saurait être un modèle pour l’humain, là où le Créateur nous a donné son Fils pour que nous réfléchissions à ce que doit être une vie humaine.