L’Economie du Royaume

Mammon2first600

Prédication sur Luc 9, 23-27
donnée le 9 août 2015 au Temple du Marais à Paris.
Gilles Boucomont

 

Voilà une parole qui est l’inverse exact de ce que nous propose la société. Celle-ci nous propose d’administrer nos richesses. Tout est basé sur un principe : nous avons à épargner pour que le système financier ait quelques ressources, et en même temps, nous devons emprunter. Nous ne pouvons pas visionner quelque émission que ce soit à la télévision, sur les lions du Zimbabwe ou sur la Shoah, sans qu’il y ait des pauses avec une incitation à épargner ou dépenser. Notre vie doit s’articuler autour de ces deux verbes, inversant la philosophie française telle qu’elle s’est exprimée pendant des siècles. Nous avions « Je pense donc je suis » et désormais nous avons « Je DÉPENSE donc je suis »…

Exister parce qu’on a des moyens. Le niveau de vie, aujourd’hui, dans nos pays, est calculé restrictivement selon des paramètres financiers. Alors que quelqu’un qui est abîmé dans la préoccupation des richesses, de l’argent au quotidien, a un niveau de VIE très bas. Il vit très peu. Si on mesure l’intensité de sa vie, elle est très faible. Elle est morte, enfermée, dans quelques tombeaux, même pas dorés, plaqués or. Elle est enfermée dans la préoccupation matériel, la préoccupation de l’argent, cet argent, qui, de moyen qu’il était, est devenu une fin, pour beaucoup d’entre nous.

Alors Jésus fait résonner cette parole.
Vous savez qu’il était extrêmement préoccupé par cette primauté de l’argent, parce que le seul combat spirituel territorial qu’il ait mené a été de délivrer le Temple de Jérusalem de l’emprise de Mamon ! « Vous avez fait de cette maison de prière une maison de commerce ». Ce qui signifie que vous avez transféré la Seigneurie du Temple depuis Adonaï à Mamon. Vous vous êtes plus préoccupés des moyens que des fins, comme ce moyen de pouvoir sacrifier une colombe pour pouvoir recevoir le pardon… Vous avez même oubli l’intention première du Seigneur qui est de vous accorder le pardon. Bref, un détournement complet du projet initial. Alors Jésus vient faire résonner cette parole : « Celui qui voudra garder sa vie la perdra ». Celui qui sera obsédé par l’allongement de sa vie va perdre de la vie. J’ai un exemple très concret : si vous voulez améliorer votre santé et que vous décidez de faire très régulièrement du jogging, pendant ½ heure, vous allez gagner 2 ans de vie. C’est formidable. Sauf que si vous faites une demi-heure de jogging par jour pour le reste de votre vie, vous allez perdre TROIS années de vie à courir comme un fou dans les rues parisiennes.

Qu’est-ce qu’on y gagne, sincèrement ?
Celui qui veut gagner sa vie la perdra. Celui qui s’inquiète à chaque instant pour sa santé et choisit de manger ceci parce que cela n’est pas bon, etc. changeant au gré des modes et des sorties de bouquins de diététique, celui-ci découvre toujours après dix ans à s’être baffré d’Oméga 17 que ceux-ci sont extrêmement toxiques ! Les solutions d’hier sont les problèmes d’aujourd’hui. Alors si nous voulons garder, nous nous appuyons sur des sagesses, sur des réalités, sur des types de pensées qui ne sont pas les façons de penser du Seigneur. Quand nous voulons garder nous perdons. Celui qui veut protéger sa maison à grand renfort de caméras, d’alarmes et d’étiquettes, celui-ci attire les voleurs. Celui qui veut garder va perdre.

Mais celui qui accepte de perdre, au sens de lâcher, de lâcher prise, celui qui accepte d’être arrivé tout nu sur cette terre, et donc qu’il repartira aussi tout nu dans la tombe, sans la moindre richesse, lui, réalise que tout ce qu’il croit posséder, ou qui croit tout ce que la société lui dit qu’il possède, n’est en fait qu’emprunté pour un temps, cédé par le Seigneur, les parents, l’entreprise. Votre salaire n’est pas un dû c’est un cadeau.

Si nous voulons garder, maîtriser, construire par nous-mêmes, nous fonctionnons à l’inverse du Royaume de Dieu. Dans le Royaume, c’est ce qui est lâché, perdu, abandonné qui prend de la valeur.

Autre exemple que celui du footing : si vous aimez quelqu’un, que vous gardez cet amour, que vous avez chaque minute envie de lui dire que vous l’aimez ; si vous gardez ces paroles, pour ne pas déranger, ou parce que vous n’osez pas dire que vous aimez, vous allez garder. Ce que vous avez gardé va devenir un immense stress, une immense préoccupation pour votre vie alors qu’il aurait suffi de dire cette parole, de la lâcher, de la perdre, de l’offrir, de la donner, de la partager, afin qu’elle illumine la vie de celui ou celle qui la reçoit. Tant de bénédictions qui sont en nous, qui sont disponibles dans nos cœurs, tant de paroles d’encouragement, tant de possibilités d’envoyer un petit message avec son téléphone, envoyer un coup de fil, avoir une attention, donner quelque chose… Que sont 5€ même si tu es pauvre. Les 5€ que l’on donne sont beaucoup plus précieux que ceux que l’on garde. Les paroles que l’on donne sont beaucoup plus importantes, elles ont plus d’impact que celles que l’on garde. On le sait à cause de la puissance des paroles mauvaises. Celles-là, on n’a pas envie de les garder. Celles-là on les donne… les paroles de colère, les paroles de malédiction, de critique, de jugement, on n’oublie pas de les donner. Mais les paroles de bénédiction, qui sont des trésors. Est-ce que cela peut être un trésor si on le garde ? Non. Cela ne peut devenir véritablement un trésor que si on le donne ! En particulier pour cette chose extrêmement précieuse que le Seigneur est venu apporter à ce monde, à savoir : l’Amour. L’Amour est le carburant du Royaume. Plus vous en donnez, plus il augmente. Plus vous le donnez aux autres, plus il augment chez eux, mais aussi en vous. Une denrée incroyable. Il n’y a aucune denrée de cet ordre dans les sous-sols de nos nations. Les choses de cette création peuvent s’épuiser si on les administre mal, il faut être sage, pour le coup, se restreindre, épargner. Mais il est une denrée dans le monde, qui est remarquable, qui augmente quand on la dépense : l’Amour. Il en va de même avec la Vie. Plus on accepte de la donner, de la partager, de la donner, de la transmettre, y compris de la perdre, plus elle augmente dans le monde. Quel plus grand amour que de laisser sa vie pour ceux qu’on aime ? Si on accepte de ne pas se laisser tenter par la capitalisation de quelques années supplémentaires, ne pas dépenser toutes ses ressources dans des crèmes antirides, de ne pas être dans tous ces réflexes de capitalisation, à ce moment-là le monde s’enrichit extrêmement. Ceux qui sont autour de nous sont riches de nos paroles, ils sont riches de notre générosité. Le monde s’enrichit d’une économie du Royaume qui fait mentir la pseudo-providence de l’économie de Mamon. Le monde s’enrichit d’une économie du Royaume pour laquelle le partage devient la richesse de tous. Le monde s’enrichit d’une économie du Royaume où on ne retient pas, mais où on surabonde. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est le geste de Dieu fait sur nos vies. Il fait surabonder sa grâce sur nos péchés. Il aurait de multiples raisons de se mettre en colère, de laisser tout exploser, de laisser tout partir vers le n’importe quoi, cette réalité que nous administrons si bien. Et pourtant, il fait surabonder sa grâce. Il dépense, il lâche, il lâche sa parole, ses prophètes, son Fils. Il lâche sa bénédiction, il lâche son Esprit Saint. Il laisse aller tout ça. Il dépense. Il gaspille. Gaspiller, commencez à gaspiller, c’est urgent de gaspiller. Commencez à gaspiller ces ressources merveilleuses que le Seigneur a mis en vous. Dépensez, dépensez beaucoup plus que ce que vous avez. S’il-vous-plait, soyez complètement irresponsables. Devenez irresponsables comme on l’est dans le Royaume de Dieu. Soyez dispendieux, soyez prodigues. Envoyez les bénédictions, offrez-les, donnez-les, dépensez-les, massivement. Pour ce monde qui en a infiniment besoin parce qu’il veut garder, retenir, construire par lui-même, sans Dieu. Nous, nous voulons reconstruire ce monde avec Dieu, et donc avec des méthodes qui sont tout autres. Que tout ce qui est bon, édifiant, qui construit, fait vivre, puisse être l’objet d’un gaspillage infini et totalement irresponsable. Que tout ce qui permet aux autres de se relever soit donné. Que tout ce que vous pensez pouvoir garder soit rendu disponible. Vous verrez des miracles de vie, de restauration, de résurrection arriver. Parce que se savoir aimer, se savoir béni, se savoir sauvé, se savoir important, sont les choses les plus précieuses qui existent au monde. Pas un seul compte en banque aux Bahamas ne peut les acheter. Pas un seul Livret A plein à craquer ne peut même les louer. Ces choses-là il faut les donner pour qu’elles adviennent. Alors oui, découvrez cette économie du Royaume, entrez dedans, surabondez, perdez du point de vue du Royaume, mais investissez du point de vue de Dieu.

Amen

Author: Gilles Boucomont

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